Voilà trois ans déjà que j'ai délaissé pour toujours mon emploi salarié. Après tout ce temps, j'ai encore de la peine à qualifier cette situation. Je n'aime pas employer le terme de retraite, même précoce, car je suis loin d'être un rentier qui passerait des journées oisives devant la télé, au golf ou en excursions diverses. Ce n'est pas non plus l'indépendance financière. C'est plus que cela. L'indépendance financière est juste un prérequis et je l'ai obtenue bien avant de quitter définitivement le salariat.
Je réalise qu'il est paradoxalement plus facile de dépeindre cette période par l'absence de travail salarié que par un terme qui regrouperait tous les éléments de cette nouvelle vie. Pourtant, ce vécu est tout sauf l'absence de quelque chose. Au contraire, c'est la plénitude même. Pourquoi alors avoir tant de peine à le définir ? Peut-être parce que notre vocabulaire est trop riche en matière de travail et excessivement pauvre en ce qui concerne le reste.
Socialement, je me présente comme un travailleur indépendant, pour faire bonne figure. Les gens ignorent toutefois que je ne consacre qu'une petite dizaine d'heures hebdomadaires à mon activité accessoire. Cette vie me rappelle parfois celle d'étudiant, durant laquelle j'avais énormément de temps libre, à la différence qu'aujourd'hui, je dois subvenir aux besoins de ma famille. C'est d'ailleurs un des aspects importants de cette nouvelle vie. J'ai plus de temps pour ceux que j'aime. Cela rime aussi avec quelques contraintes supplémentaires, mais ces dernières n'ont évidemment rien à voir avec celles rencontrées dans le monde professionnel.
Avant, je stressais au travail, puis je courais partout durant mes loisirs, afin d'exploiter au maximum le peu de temps libre que j'avais à disposition. Aujourd'hui, mon agenda s'articule autour de ma famille et de mes passions. Cela suffit à bien le remplir. J'ai presque honte de le dire, mais je me surprends parfois à manquer de temps. Bien sûr, j'en rigole aussitôt et je me demande comment j'ai pu faire par le passé, lorsque je travaillais.
Au niveau financier, je vis essentiellement de mes appartements en location et de ma petite activité accessoire. Sur ces trois dernières années, je n'ai eu à ponctionner mes dividendes qu'à quelques reprises et je n'ai jamais touché à mon capital. J'avais pourtant prévu de prélever un peu des deux, chaque année. Ceci m'étonne encore aujourd'hui, car je ne me prive de rien, bien au contraire. Je dépasse même le train de vie que je menais en tant que salarié.
Même si j'ai beaucoup de respect pour les adeptes du mouvement FIRE, j'ai toujours été sceptique vis-à-vis du frugalisme extrême qui y est parfois prôné. Durant ma phase d'accumulation du capital, quand j'étais salarié, j'épargnais environ 20% de mon salaire net. Cela peut paraître beaucoup pour le quidam des mortels, mais ce nombre est dérisoire en regard aux 50 à 75% visés par les frugalistes. Mon taux d'économies était toutefois amplement suffisant pour atteindre rapidement l'indépendance financière. Surtout, il m'a permis de vivre comme je l'entendais, sans trop calculer.
C'est important, car aujourd'hui, je suis parvenu à un stade où savoir dépenser est plus important que savoir épargner. Si on a passé sa vie à se serrer la ceinture, il devient difficile de faire autrement une fois son objectif atteint, d'autant que la sécurité financière offerte par un travail salarié a disparu.
Avec le recul, je me dis que j'aurais pu anticiper ma démarche d'approximativement cinq ans. Alors que j'étais déjà financièrement indépendant, je continuais malgré tout à travailler à temps partiel, en diminuant progressivement mon taux d'activité, jusqu'à zéro.
J'avais besoin de cette période pour me rassurer. Si j'avais su que c'était aussi facile, j'aurais fait le grand saut plus tôt. Ceci étant dit, j'imagine que cette étape était nécessaire pour que je me sente prêt.
Que ce post serve d'encouragement à tous ceux qui subissent encore la dictature du salariat. La sortie du tunnel n'est peut-être pas aussi loin que vous l'imaginez. En attendant, arrêtez de calculer à outrance et profitez de la vie.
Descubra mais sobre dividendes
Assine para receber as últimas postagens no seu e-mail.
Tout dépend de l’âge. On ne peut pas passer sa vie, assez jeune (50 ans), à des activités ludiques sinon on se coupe de la société en ne côtoyant que des gens comme soi.
Et dans ces activités, on trouve assez rapidement son plafond de verre. De toute façon, vous n’allez ni devenir musicien ou golfeur professionnel. Quant à faire du sport toute la journée, vous allez vous casser. Il y a une grande différence entre être mal au travail, extrêmement stressé, ne profiter de rien, et vaquer à ne rien faire.
Il faut quelques défis et surtout, conserver des relations professionnelles où on se sent utile, en relation avec autrui, dans le tempo du travail.
Quant aux plages de sable chaud, si on a eu une vie trépidante, on finit rapidement par s’y embêter.
C’est notamment pour cela que j’ai conservé une petite activité accessoire. Dans mes anciens jobs, où j’ai occupé des postes de cadre dans de très grosses entreprises, j’avais énormément d’interactions sociales, mais elles étaient des piètre qualité. Elles avaient tendance à me lessiver. Aujourd’hui, je privilégie la qualité et je me sens nettement plus utile justement car je suis là pour aider les gens, pas pour les presser comme des citrons.
Quant aux loisirs, le but n’est évidemment pas de devenir professionnel, mais de progresser pour soi. J’ai pratiqué ces hobbies toute ma vie et j’arrive toujours à trouver un moyen de progresser encore et encore. Il n’y a pas de plafond de verre.
Il ne s’agit en aucun cas de vaquer à ne rien faire, bien au contraire. Mes activités sont aujourd’hui bien plus diversifiées que lorsque j’étais salarié.
J’en parle en connaissance de cause … car j’ai eu le même cheminement en quittant la lessiveuse à 55 ans, en prenant un tout petit poste, en pratiquant énormément de musique, de sport, en étudiant beaucoup et en retapant à côté des appartements pour les louer avec l’épargne constituée.
Chacun rapporte peu mais cumulé, c’est pas mal, surtout si on répare tout sans quasiment d’aide d’artisans.
Je n’ai plus cette obligation sociale d’afficher, de rechercher des choses « à mon niveau » qui coûtent beaucoup et ne rendent pas plus heureux.
Il faut avoir beaucoup de courage, de culot et à un moment, un électro-choc pour décider de cette grande démission.
Contrairement à vous, je me suis recentré sur moi, car depuis tout petit, entre les études, les entreprises, le travail de forcené, les enfants, les devoirs, je m’étais totalement oublié.
Désormais le roi, c’est moi.
Bravo François. Comme on dit, pour être bien avec les autres, il faut déjà être bien avec soi-même. En prenant le temps de cultiver son jardin intérieur, on amène bien plus à la société que si on ne fait que recracher encore et encore des choses qu’elle nous a inculqué.
Mon électro-choc, ça a été des tachycardies de plus en plus violentes. Et puis un jour je me suis dit : tu as tout, tout réussi, tu as épargné sagement, obtenu ce que tu voulais, tu as fait plaisir à tes parents, ta femme, tes enfants, tes patrons, au système. Et toi là dedans ?
Ca a pris 3 / 4 ans. Et puis un jour, j’ai décidé de penser à moi car on a qu’une vie.
Mais ça exige beaucoup de courage car il plus facile de poursuivre dans la routine que de prendre des décisions et s’y tenir. Car tout explose ensuite.
Sauf les vraies relations.
Malheureusement effectivement il faut parfois aller jusqu’à avoir des pépins physiques pour prendre conscience que quelque chose doit changer.
Olá Jerônimo,
> J’avais besoin de cette période pour me rassurer. Si j’avais su que c’était aussi facile, j’aurais fait le grand saut plus tôt. Ceci étant dit, j’imagine que cette étape était nécessaire pour que je me sente prêt.
Comme dire… tu parles de moi là? 😀
Merci beaucoup pour ton partage, qui nourrit mon propre cheminement.
Quand tu écris « Si j’avais su que c’était aussi facile », tu parles de tirer la prise, ou bien de vivre en mode indépendant avec des revenus non-lissés?
Bon week-end!
Salut Marc,
Les deux vont ensemble, mais c’est la toute dernière étape, tirer la prise, c’est-à-dire quitter le salariat, qui me paraissait le plus dur.
On a beau avoir fait toutes les projections et scénarios possibles dans sa tête, il n’est jamais évident de se priver intentionnellement de ce qui a été la source principale de revenus une bonne partie de sa vie. Et puis, en dehors de l’aspect financier, il y a aussi le côté social évoqué par François dans les commentaires précédents. Ce qui m’a beaucoup aidé pour me rassurer sur ces deux points, c’est la baisse progressive de mon taux d’activité et la mise en place de ma petite activité accessoire indépendante.
Je suis le même chemin de réduction progressive.
Tu as fait quelle dégressivité sur quelle période en gros toi? 100 => 80 => 60 => stop? Sur genre 5 ans?
Si je fais abstraction des années précédentes qui m’ont ramenené d’un horaire de 60h par semaine à un 100% normal (40h), ça a duré effectivement cinq ans. J’ai baissé de 100 à 50% les quatre premières années, en plusieurs fois, puis une dernière étape à 20% la cinquième année.
Le top, c’est 20 heures. Et on peut ainsi durer très longtemps, à mon avis, au-delà des 70 ans.
Oui je suis assez d’accord. Mon objectif initial était de retrouver mon horaire de cours d’étudiant où je naviguais autour de 15-20 heures par semaine. Aujourd’hui, avec mon activité accessoire, j’essaie même de me maintenir un peu plus bas, soit une dizaine d’heures. Mais 20 heures c’était déjà très bien en effet :-).
Bravo d’avoir atteint tous tes objectifs, t’es la preuve que c’est faisable!
De mon côté c’est terminé le congé parental longue durée (15 mois) sans solde.
Terminé aussi l’Allemagne, la Suisse et tous les beaux pays d’Europe. La belle-famille par contre, je la regrette pas! Scheisse!
Finalement on a repris un vol transatlantique vers l’ouest, c’était le plus logique pour toute la famille, pour le moment.
J’ai repris le travail il y a un mois et franchement ça me va comme ça, pour l’instant. La mer est encore belle et plate. Même si c’est une énorme entreprise côté à la bourse (dont l’action montent sans cesse : tant mieux, j’y investis 3% de mon salaire), je m’y plais bien. Heureusement je n’ai pas un poste de gestionnaire, jamais je voudrais le poste à la patronne de ma division, elle semble tellement stressé! Comble de chance, elle est à 300km de chez moi, donc diminution des risques de transmissions des vibrations négatives. Mais faut rester à l’affût dans ce monde de fou où tout va trop vite.
Avec mon salaire actuel (j’investis environ 30% de mon salaire brut), je suis pas à plaindre, mais j’ai également envie de me prouver à moi-même que je suis bon dans ce que je fais. J’acquière tous les jours énormément de connaissances qui me donneront peut-être, j’espère, l’occasion de fonder ma propre entreprise. Et j’ai envie de travailler pour des gens ailleurs dans le monde qui permettent de voyager à l’occasion. J’aime mes enfants, mais je dirais pas non à un petit voyage professionnel une fois par année. Ma femme le fait également, donc on s’entend là-dessus.
Tu nous diras la sensation du sable chaud sous tes pieds lors de ton prochain voyage! Ou sinon une plage quelconque du lac Leman haha! En mai dernier on était au Grau-du-Roi en France, avec une petite cabane directement sur la plage, c’était tooooop !
« Comble de chance, elle est à 300km de chez moi, donc diminution des risques de transmissions des vibrations négatives. Mais faut rester à l’affût dans ce monde de fou où tout va trop vite. » mdr, oui c’est tout à fait ça 🙂
« Tu nous diras la sensation du sable chaud sous tes pieds lors de ton prochain voyage! » oui, dans deux semaines déjà 🙂
c’est toujours un plaisir de te lire Philippe
Finalement c’est ma patronne qui a fléchi le genou en premier. Elle est en arrêt de travail pour un mois. Quel monde cruel.
Mdr 🙂
Mon couple n’y a pas survécu. Mais les enfants étaient déjà grands. Et ça ne m’a pas posé de difficultés financières car mon ex, libérale, gagne bien sa vie.
Une seconde vie pour moi où finalement, grâce à mon épargne et des placements, je me suis retrouvé … avec bien plus d’argent pour moi que lorsque marié.
De plus, en ayant beaucoup plus de temps à soi, on délaisse ce monde de la dépense frénétique où les achats sont des exutoires au mal-être existentiel.
Quitter le monde de l’esclavage professionnel, c’est aussi accepter les dommages collatéraux. Mais quel prix vaut sa santé et son espérance de vie ?
« De plus, en ayant beaucoup plus de temps à soi, on délaisse ce monde de la dépense frénétique où les achats sont des exutoires au mal-être existentiel. »
c’est exactement ça… je suis toujours halluciné de voir certaines personnes se jeter comme des animaux sur des biens totalement inutiles et superficiels, comme si leur vie en dépendait
Lorsque vous réfléchissez bien, dépenser est un palliatif au travail de forcené. Le mal-être trouve son exutoire dans les dépenses, les crédits, le cadre de vie à respecter pour l’image qu’on souhaite donner aux autres, et le tour est joué.
Vous forgez ainsi des esclaves du travail. Il faut énormément de lucidité et de courage pour sortir de ce cycle car depuis tout petit, entre l’école, les examens, les concours, les sélections, la course à la performance et aux résultats, les promotions, vous êtes canalisé pour rester toute votre vie, un fer de lance.
On ne vous a jamais appris autre chose.
C’est exactement ça. C’est du conditionnement à l’état pur !