Bonne affaire à saisir ou value trap? Les avis vont certainement diverger, car Romande Energie est un animal étrange plutôt difficile à cerner.
Cette société est née de la fusion en 1997 de deux entreprises centenaires, la Société Romande d’Electricité (SRE) et la Compagnie Vaudoise d’Electricité (CVE).
Romande Energie est une entreprise de production, de distribution et de commercialisation d'énergie, également active dans les services énergétiques. Son siège social est situé à Morges, dans le canton de Vaud.
En termes de taille, Romande Energie est le 5ème distributeur d'électricité en Suisse et le premier en Suisse romande. Le groupe est actif dans les cantons de Vaud, du Valais, de Fribourg et de Genève et compte 300’000 clients.
Les autres compagnies électriques cotées à la bourse suisse sont BKW (Forces motrices bernoises), Alpiq et Energiedienst.
Romande Energie produit aujourd’hui environ 15% de l’électricité qu’elle distribue, ce qui est très peu en comparaison de ses principaux concurrents. Le reste de l’approvisionnement des clients est assuré par des contrats de fourniture à long terme avec de grands producteurs ainsi que par des achats d’énergie sur le marché de l’électricité.
Pour se diversifier et limiter l’influence des prix sur le marché de l’électricité, Romande Energie acquiert depuis quelques temps des sociétés actives dans les techniques du bâtiment. Les dernières acquisitions sont l’entreprise Neuhaus (active dans la climatisation et la ventilation) ainsi que Thermoréseau (chauffages à distance).
Romande Energie détient 9% du capital-actions d’Alpiq au travers d’un mécanisme complexe: Elle a une participation de 29.7% dans EOS Holding (Énergie Ouest Suisse), qui possède elle-même 31.4% du capital d’Alpiq. Cette participation indirecte dans Alpiq s’est avérée une véritable plaie ces dernières années, étant donné qu’Alpiq aligne régulièrement les exercices déficitaires.
Romande Energie a vu son bénéfice net croître de 6,1% en 2017 à 120.5 millions de francs. Le chiffre d'affaires du groupe énergétique vaudois a lui reculé de 4.5% pour s'inscrire à 575.3 millions. Les chiffres 2018 seront publiés le 11 avril 2019.
Avec 83% de fonds propres (à fin 2017), l’entreprise dispose d’un bilan à toute épreuve. La marge bénéficiaire nette (20.8%) est excellente et le rendement sur fonds propres (6.2%) correct, en tout cas les années où Alpiq ne vient pas pourrir les résultats...
Au cours actuel de 1140 fr, le rendement du dividende est de 3.2%. En outre, le dividende croît régulièrement (+44% de 2011 à 2017) et le payout ratio de 32% est également très raisonnable.
Malgré une capitalisation boursière assez importante de 1.3 milliards, la liquidité des titres est plutôt faible et le spread tourne souvent autour de 1%. Cela s’explique par le fait que la majorité des actions se trouvent dans les mains de collectivités publiques du canton de Vaud et que le free float n’est que de 20%.
Les incertitudes politiques (notamment l’ouverture complète du marché de l'électricité), la participation dans le cheval boiteux Alpiq ainsi que le free float limité sont bien entendu des éléments négatifs. Et pourtant, c’est justement grâce à ces points négatifs que les actions de Romande Energie sont disponibles à un prix cassé: le PER 2019 est estimé à 10 et le PBR n’est que de 0.67!
Une valorisation aussi anémique pourrait bien représenter une excellente opportunité d’investissement d’un point de vue « value ». C’est en tout cas le point de vue de votre serviteur et c’est pourquoi je viens de mettre le grappin sur quelques titres.
Avec Romande Energie, l’ambiance est électrique. Quelle puissance, quelle intensité, quelle tension, j’ampère mes mots! Bon, je vous laisse, mais je vous tiens au courant... 🙂
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Mais, frérot, que se passe-t-il ? Tu commences à investir dans des titres bons marchés ? Tu deviendrais radin comme moi ? Cela doit être l’âge 🙂
Tu as bien raison quand tu dis que c’est un titre difficile à cerner car j’en suis moi-même à hésiter entre le chaud et le froid.
C’est vrai que le PER courant est très bon marché, mais le PER moyen se monte par contre à 45.41 et le bénéfice par action n’est pas très stable d’année en année.
Incontestablement par contre le prix par rapport à la valeur comptable est vraiment très intéressant et ça assure une bonne base, tant que les fondamentaux ne se détériorent pas. Le F-Score (Piotroski), avec 7, nous confirme que c’est loin d’être le cas (mais on est encore sur les chiffres 2017, faudrait voir comment pour 2018).
Le free cash flow était négatif en 2017. L’entreprise a tendance a être très gourmande en dépenses en capital, ce qui explique cela. Voilà qui est déjà nettement moins bien. Le prix par rapport au FCF est en moyenne de 30.26, donc assez cher.
Par contre, si on regarde l’EBITDA / EV, on est à 13.9%,donc c’est une opportunité! Le chaud, le froid…. un peu normal pour une entreprise active dans l’énergie 🙂
C’est vrai que le rendement en dividendes est intéressant et bien couvert par rapport aux bénéfices courants, mais il ne l’est pas par rapport aux bénéfices moyens et encore moins par rapport au FCF.
Il y a un autre truc qui me chicane chez Romande énergie, c’est la réserve de cash qui est monstrueuse. Le current ratio s’établit à presque 5. C’est du gaspillage et c’est très souvent mauvais signe.
Par contre il faut effectivement noter plusieurs autres points intéressants, comme une superbe marge brute, un endettement quasi inexistant, des frais généraux sous contrôle et un goodwill en hausse. Y a comme des petits relents de franchise, ce qui est étonnant vu la valorisation du titre.
Notons encore que le beta, avec 0.17 place le titre dans la catégorie des défensives, mais ça on s’en doutait un peu. C’est toujours bon à prendre par les temps qui courent, mais ça n’empêche pas l’action d’être quand même assez volatile, avec 16.63%.
Donc voilà, je suis très partagé! Tu m’as un peu titillé avec cette histoire je dois dire, mais quand je ne suis pas convaincu à 100% je n’y vais en principe pas 🙂
Hé hé, je savais que ce titre allait te titiller, ses contradictions le rendent pas facile du tout à appréhender. Mais avec une telle valorisation j’estime le risque vers le bas plutôt limité et le potentiel vers le haut pourrait réserver de bonnes surprises.
L’historique du titre est aussi assez schizophrène: une hausse de plus de 8000% (!!!) de 1993 à 2007, suivie d’une chute de plus de 50%. Depuis quelques années, l’encéphalogramme est aussi plat que mes blagues, ce qui me laisse aussi penser qu’on a peut-être atteint le plancher.
Effectivement. Je pense que le valorisation par rapport aux actifs n’est pas étrangère à ce phénomène.
La chute du titre après l’importante hausse 1993-2007 était-elle due à la crise des subprime? Et/ou à un autre facteur spécifique à l’entreprise?
Une chose est sûre, c’est qu’après les tourments boursiers généralisés de 2008, le titre EOS n’a pas évolué comme les autres: elle a plutôt stagné alors que la tendance générale des indices post krach des subprime a été positive.
La chute du cours après 2007 n’est pas un phénomène spécifique à Romande Energie. Je ne suis pas spécialiste du marché de l’électricité, mais je dirais que les producteurs suisses se sont surtout retrouvés en difficulté à cause des prix bas du courant sur le marché européen, d’une part en raison de la libéralisation du marché européen, d’autre part suite à la crise financière des subprimes, suivie de la récession économique dans l’UE (2007-2008) qui a fortement freiné la demande d’électricité.