Journal d’un futur rentier (67)

Cette publication est la partie 66 de 86 dans la série Diario di un futuro pensionato.

Quel paradoxe. En temps normal, j’aurais été enchanté de ne pas avoir à me rendre sur ma place de travail tous les jours de la semaine. D’un certain point de vue, je pensais que le télétravail devait s’apparenter plus ou moins à la vie de rentier. Tu t’organises et tu t’habilles comme tu veux, tu n’as pas à jouer la comédie vis-à-vis de tes collègues et de ton chef, si tu veux faire la gueule tu peux y aller sans retenue… Bref, sur le papier, c’est le pied. Oui mais voilà, le monde du travail arrive toujours à sortir gagnant de l’histoire. Car, oui, le télétravail c’est la flexibilité… pour l’employeur surtout. La quantité de courriels explose, la limite entre vie professionnelle et vie privée disparaît, les horaires de travail s’allongent, les pauses raccourcissent, le téléphone sonne encore et encore, les visio-conférences s’alignent, se chevauchent, s’entrechoquent, le calendrier est plein de rdv virtuels. Bienvenue dans le monde du travail 2.0, bienvenue dans l’univers des informaticiens et des start-ups. Et grâce au virus chinois, t’as en plus les moutards dans les pattes et c’est le concours de celui qui crie plus fort dans la maison.

D’ordinaire on me considère comme étant plutôt ouvert d’esprit, mais là je dois dire que le télétravail à la mode Covid aurait plutôt tendance à me faire rejoindre le club des vieux cons réacs. Alors que j’avais réussi à substantiellement augmenter ma qualité de vie ces dix dernières années grâce à mes investissements et une diminution notable du temps consacré à mon activité lucrative, j’ai l’impression d’avoir fait un brusque retour en arrière ces dernières semaines. Certes, c’est supposé être provisoire, mais je crains fort que le mouvement est lancé et ça m’étonnerait beaucoup qu’on revienne exactement au point où on était encore au début de cette année. Bien évidemment, on va retourner travailler physiquement au bureau dès que le virus chinois se sera un peu calmé. Ce n’est pas ça le problème. Le souci, c’est qu’on a tous pris un peu de ce bureau à la maison et que c’est bien parti pour durer, même quand la crise sera passée. Là je dois dire bravo. Je m’incline. Grâce au Covid, le monde du travail a réussi à universaliser une pratique qui n’était partagée jusqu’ici que par une petite minorité. Je ne parle pas du télétravail, mais de cette absence de coupure entre vie privée et vie professionnelle. Avant, ce sont surtout les cadres et les informaticiens qui étaient concernés. Aujourd’hui ce sont la majeure partie des collaborateurs. Conséquence : une augmentation significative des flux (courriels et téléphones) en dehors des heures habituelles, par exemple tôt le matin, à midi, le soir et le week-end.

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Voilà qui me donne encore une autre bonne raison (mais était-ce nécessaire ?) de quitter au plus vite cette gigantesque farce planétaire qu’est le travail. Vive l’indépendance, vivent les dividendes !

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8 commento su “Journal d’un futur rentier (67)”

  1. Filippo d'Asburgo

    Je ne sais pas dans quel domaine exactement tu travailles, mais pour moi c’est le bonheur total!
    Je suis présentement dans un chalet avec une vue magnifique lorsque je travaille, on a fui la grande ville pour plusieurs jours.
    Je me réveille peinard avec ma copine, on prend le temps de déjeuner et en deux secondes je suis devant mon ordinateur à 8h30 (bon d’accord, j’ai un horaire fixe).
    Je prends le temps de m’accorder quelques pauses ici et là, je déjeune de midi à 13h exactement (toujours avec ma copine) et je termine vers 17h dépendamment des jours.
    En deux secondes je suis revenu à ma vie personnelle et je peux vaquer à mes activités jusqu’au lendemain matin. Pas de putain de traffic!!
    Pas de travail la fin de semaine. Bon d’accord, je n’ai pas de gosses qui courent partout non plus, pour l’instant. Alors franchement, personnellement, pourvu que ça dure!! 😀

    1. « Bon d’accord, je n’ai pas de gosses qui courent partout non plus »
      Et c est là toute la différence 🙂 perso ce serait le bonheur total aussi si je n’avais pas mes 2 gamins qui me foutent le bordel toute la journée… ^^

      1. Ça c’est clair. Comme tu le dis ça fait toute la différence. C’est pire que les vacances car
        1) tu dois travailler
        2) ils ne peuvent pas sortir

        Bref, l’enfer.

      2. C’est quoi la morale de tout ça? Que cela ne sert à rien de devenir rentier trop jeune, histoire d’attendre que les enfants soient partis du nid! 😉

      3. Ou alors avoir des enfants très tôt ou pas d’enfants. 🙂

        Bon, sans déconner, quand l’école n’est pas en quarantaine c’est quand même tolérable. Donc, oui, on peut devenir entier jeune 🙂

  2. Oh, quel magnifique lapsus: devenir rentier revient donc à devenir ENTIER! Ça me plaît beaucoup comme idée 🙂

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