Le temps

Que ce soit ici ou sur d'autres sites parlant de bourse et d'indépendance financière, on parle évidemment beaucoup d'argent. Certainement trop même. C'est vrai que le fric, c'est c'est ce qui fait tourner la planète, que ça nous plaise ou non. Ainsi, on surveille les variations de cours des principaux marchés, on regarde la performance de ses propres titres, on compte ses dividendes... bref, on est un peu comme Picsou, à chercher à savoir, jour après jour, si on est plus riche, ou pas.

Tout ça pourquoi ? Dans quel but veut-on à ce point s'enrichir ? Question de prestige, de pouvoir, de fierté personnelle ? Besoin d'avoir toujours plus ? Ou, plus basiquement, besoin de sécurité ? Pour certains, peut-être même pour la plupart d'entre nous, l'argent est un but en soi, voire même une obsession. Pourtant c'est oublier que l'oseille n'est qu'un moyen d'échange.

Au-delà de la satisfaction de voir un de nos titres progresser de quelques points de pourcentage, l'argent nous rend-il pour le moins heureux ? Se sent-on plus comblé au milieu de la quarantaine, avec un portefeuille bien rempli, que fauché durant sa jeunesse estudiantine ? C'est loin d'être certain, tant le poids des responsabilités et la crainte de perdre ce qui a été durement acquis peut peser à ce moment-là. La curva della felicità nous atteste que ce n'est effectivement pas le cas. Les hommes quarantenaires sont même une population particulièrement à risque en matière de suicide.

En prenant de l'âge, on se soucie paradoxalement de plus en plus d'argent, et de moins en moins du temps. Cela devrait pourtant être exactement le contraire, puisque nos heures sont comptées. Durant notre jeunesse, nous avons non seulement beaucoup de temps devant nous, mais nous avons surtout beaucoup de temps tout court. Nos priorités sont fortement orientées vers le plaisir, le divertissement, les bons moments. Plus tard ceux-ci sont certes toujours présents, mais passent malheureusement bien souvent après nos "devoirs" d'adultes, à savoir essentiellement le travail et la parentalité. Les deux réunis occupent de fait une part prépondérante de notre vie. Du coup, le temps que nous pouvons consacrer à l'hédonisme se limite au meilleur cas à quelques heures par semaine.

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C'est seulement quand on arrive à sortir de cette boucle des devoirs, en fait quand on a du temps, qu'on arrive à retrouver un peu de clairvoyance. On se reconnecte à nos propres valeurs, on retrouve son âme d'enfant. Cela arrive lors d'un congé sabbatique ou même lors de certaines grandes vacances. Cela peut aussi être le cas si on travaille à temps partiel, à condition que les tâches ménagères en laissent le temps. Ce n'est pas pour rien que les meilleurs décisions sont prises durant ces moments-là. Nous voyons les choses autrement, avec du recul, de la sagesse et de la perspicacité. Parce que nous avons du temps pour nous.

On dit que le temps c'est de l'argent, dans l'idée surtout que chaque heure de notre vie consacrée à travailler est susceptible de générer des profits. Mais la comparaison s'arrête là car nous ne pouvons enfermer le temps dans un coffre-fort et encore moins l'investir pour le faire décupler. Quoique que nous fassions, notre patrimoine temporel s'amenuise, jour après jour, heure après heure, minute après minute... De ce fait, le temps vaut infiniment plus que l'argent. La seule chose que nous pouvons éviter de faire, c'est de le gaspiller pour de mauvaises raisons, c'est-à-dire surtout le consacrer à faire des choses pour autrui dont nous n'avons pas envie. Rien que ça, ce n'est déjà pas une mince affaire...

La recherche de l'indépendance financière est paradoxalement d'abord une recherche de temps. On cherche à s'affranchir de son travail salarié pour se réapproprier le temps qui nous appartient. On veut récupérer les cinq journées par semaine qui nous sont volées pas notre patron. Pour cela, on a besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Le temps est la finalité, l'argent le moyen...

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8 commento su “Le temps”

  1. Encore une excellente analyse très psychologique mais réel. La difficulté de trouver le juste équilibre pour en dépenser la bonne somme pour se faire plaisir et ceux qu’on aime et en avoir assez pour l’avenir

  2. Merci pour ce superbe texte qui nous rappelle à quel point l’argent n’est rien à côté de choses bien plus importantes telles que le temps, la santé, l’amour, la famille, l’amitié ou la joie de vivre.

    Comme toi, je ne considère pas l’argent comme un but en soi, mais juste comme un moyen de récupérer un peu de ce temps tellement précieux que l’on gaspille pourtant en l’échangeant contre un salaire.

    Nous nous prostituons pendant la moitié de notre vie en vendant notre bien le plus précieux à une entreprise qui ne s’intéresse pas du tout à nous, mais seulement à ce qu’on peut lui rapporter.

  3. Je n’avais jamais vu cela sous l’angle de la prostitution, mais maintenant que tu le dis c’est vrai qu’on passe notre temps au travail à se faire b… pour ne pas dire enc… 🙂

  4. Exactement! Et je ne suis pas certain qu’echanger son temps, son âme et ses idéaux contre une rémunération soit vraiment moins « sale » que vendre son corps…

  5. Filippo d'Asburgo

    Dans le cas où quelqu’un n’aime pas son travail, je suis d’accord avec toi, théoriquement parlant. Et heureusement ce n’est pas le cas pour tout le monde.
    Mais entre se faire passer dessus 10 fois par jour par des clients hideux/violents physiquement et se faire chier au travail pour un boss ingrat/violent psychologiquement, il y a quand même une marge!

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