L’Etat, l’assurance retraite et le rentier

Rien ne nous encourage à travailler, je l'ai toujours dit. C'est évident quand on a un job qui ne nous plaît pas et/ou qui déborde sur la vie privée, mais ça l'est même quand on apprécie son activité. Pourquoi ? Parce que l'activité lucrative dépendante est celle qui est la plus spoliée, non seulement par le patronat, mais aussi par l'Etat.

Quand vous travaillez, vous créez de la valeur. Certains se cachent dans la masse pour glander et d'autres brassent de l'air, mais la plupart d'entre nous produisons de la richesse. Grâce à cela, les entreprises font des bénéfices, payent leurs salariés, leurs actionnaires, leurs fournisseurs et l'Etat. Les travailleurs sont également taxés sur leur revenu, à la source pour les assurances sociales, le reste lors de déclaration fiscale annuelle. Ils paient aussi une taxe à la consommation, sous forme de TVA, qui est un impôt antisocial car les classes inférieures possèdent une part de dépenses par rapport au revenu bien plus importante que les classes favorisées.

La majorité de la valeur que vous créez ne va donc pas dans votre poche, mais dans celles de votre patron et de l'Etat. Paradoxalement, travailler coûte cher. En plus des dépenses professionnelles, les impôts et les assurances sociales bouffent une part non négligeable de votre revenu. Votre argent circule un peu partout autour de vous, mais très peu en reste au final dans votre tirelire.

Les assurances sociales qui concernent la prévoyance vieillesse sont non seulement les plus chères, mais aussi les plus obscures et donc les plus incomprises par le grand public. Prélevées à la source, elles ôtent toute maîtrise et contrôle à leurs bénéficiaires. La suite de cet article se penche en particulier sur le cas de la Suisse. Les nombreux lecteurs français, belges et québécois de ce blog pourront néanmoins s'en inspirer car la tendance à fortement taxer le travail n'est pas une spécificité helvétique. Bien au contraire.

LEGGERE  Nestlé (VTX:NESN)

La Suisse possède un système d'assurance retraite composé en trois piliers, l'un obligatoire et solidaire entre générations (AVS), l'autre un peu plus souple et plutôt individuel (LPP), le dernier librement consenti et totalement individuel. C'est une description très approximative du système, mais qui en donne une bonne idée générale. C'est suffisant pour ce qui nous concerne. Seuls les deux premiers piliers ont un caractère d'assurance sociale directement prélevée sur le revenu.

Cela fait de nombreuses années que les résultats de ces assurances sont médiocres, ce qui a un impact non négligeable sur leurs prestations de retraite. Ceci a tendance à rendre une partie de la population méfiante, à juste titre. Comment justifier en effet un taux d'intérêt minimal de seulement 1.5% sur le deuxième pilier ? N'importe quel investisseur particulier avec un peu de bon sens peut obtenir un meilleur rendement.

Un autre point qui est très mal connu du grand public, c'est que les assurances obligatoires de vieillesse (AVS), d'invalidité (AI) et de perte de gain pour service militaire et maternité (APG) sont très fortement taxés sur le revenu (5.15%), alors qu'elles le sont beaucoup moins pour les personnes qui n'exercent pas d'activité lucrative, tels que les rentiers. Pour ces derniers, la fortune et le revenu acquis sous forme de rente sont déterminants pour le calcul des cotisations. Dans la fortune, sont considérés notamment les carnets d’épargne, les papiers-valeurs et les immeubles. Par contre, et là ça devient intéressant pour nous, les revenus de la fortune ne font pas partie du revenu acquis sous forme de rente!

LEGGERE  Epargnez !

Non seulement c'est une bonne nouvelle pour un investisseur orienté dividendes, mais ça l'est encore plus pour celui recherche des dividendes croissants. En effet, avec cette dernière méthode, on parvient à obtenir des rendements par rapport au coût d'achat qui peuvent atteindre les 10% en une dizaine d'année, et même beaucoup plus avec le temps qui passe. Un revenu passif de cette trempe, non soumis aux assurances sociales, c'est quand même un sacré plus par rapport à un salaire durement gagné au travail, prélevé de 5.15% à la source pour financer la retraite (des autres) !

Ok, me direz-vous, c'est bien beau, mais la fortune est quand même soumise à prélèvement social dans ce cas. Le document officiel de l'AVS concernant les personnes sans activité lucrative nous donne les montants à payer en fonction de son patrimoine. Même si vous vivez sur une fortune imposante avec un rendement insignifiant, cela reste plus qu'abordable. Si vous suivez une stratégie de dividendes croissants, et que votre fortune augmente en même temps que vos revenus, vous vous en sortez à très bon compte. J'ai fait une petite estimation pour ma propre situation et en fonction de mes objectifs de revenus je ne devrais payer en tant que rentier que la moitié de ce qui est prélevé aujourd'hui sur mon salaire.

Comment est-ce que ça se fait ? D'où vient cette injustice par rapport aux pauvres travailleurs qui transpirent corps et âme pour gagner chaque franc supplémentaire ? Tout réside dans la capacité à épargner. C'est le même mécanisme antisocial que la TVA. Je m'explique. Pour devenir rentier, à moins de gagner le jackpot, il faut mettre de côté une partie importante de son revenu. Moins on dépense, plus on peut mettre de l'argent de côté, plus la richesse augmente et plus les revenus de cette fortune augmentent. C'est le 1er effet Kiss Cool.

LEGGERE  Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts

Là où ça devient intéressant, c'est que moins vous dépensez, moins vous avez besoin pour vivre non seulement aujourd'hui, mais aussi demain. Autrement dit, la part que vous épargnez aujourd'hui ne sera plus nécessaire lorsque vous serez rentier. Vous pourrez donc vivre avec un revenu qui est moindre, donc un capital pour générer ce flux d'argent qui l'est tout autant. Selon votre capacité d'épargne, vous toucherez donc un revenu en tant que rentier qui est de 10, 20, 30.... voire même 50% inférieur à celui que vous perceviez en tant qu'actif. L'Etat vous considérera donc comme moins intéressant, autant fiscalement que du côté des assurances sociales.

Voilà pourquoi un rentier est moins spolié. La plus-value qu'il génère n'est pas retenue par un employeur. Il ne dépense pas non plus son argent pour acquérir du revenu. Enfin, l'Etat ne le taxe pas autant qu'un travailleur. Mon E-Book vous donnera plus de détail non seulement sur l'optimisation de vos dépenses, telles que les impôts, les assurances sociales et les dépenses professionnelles, mais surtout sur l'importance de la capacité d'épargne.


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15 commento su “L’Etat, l’assurance retraite et le rentier”

  1. Je vois que même en Suisse, les futurs rentiers se posent la même question qu’en France : à l’époque de Sarkozy, on nous avait promis « travailler plus pour gagner plus ». Aujourd’hui, avec le racket fiscal auquel on doit faire face en France, et la masse incalculable de profiteurs du système, les hauts revenus préfèrent « travailler moins et gagner moins », parce-qu’au delà d’un certain niveau de rémunération, 75% rentrent dans la poche de l’Etat…

    Je me pose beaucoup de questions quant à une expatriation aux USA, où les taux d’imposition sont ridicules par rapport à la pression que je subis en France, et où l’investissement en dividend-growth est facilitée pour de multiples raisons que tu connais déjà 😉

  2. Bonsoir,

    En France, les mesures fiscales sous l’ère de notre cher président François Hollande, est de mettre à mal le rentier :
    – Alignement des plus-values boursiers au revenus du travail
    – Réduction des avantages fiscaux sur les dividendes
    – Encadrement des loyers immobiliers dans les zones tendues
    Le but final de ses mesures pour l’Etat est d’inciter les citoyens de financer leur train de vie via des souscriptions à leurs emprunts obligataires qui ne valent rien. En gros, il veut nous ruiner sans le dire.

    Sinceramente.

  3. Encore un article qui nous permet (à nous Français) de voir à quel point la fiscalité sur les revenus des dividendes et des plus-values est importante.
    Pourtant, les personnes qui investissent et qui ne dépenses pas tout leur argent sont de simples épargnants qui ont économisés mois après mois, années après années, en étant discipliné et en prenant une certaine dose de risque, et qui ont déjà payé des impôts.

    Il devient de plus en plus compliqué d’envisager d’être rentier, tout du moins cela prendra plus de temps (il faut rester motivé).
    Il ne faut pas s’étonner que de plus en plus de personnes souhaitent s’installer ailleurs.

  4. Buongiorno,
    En ce qui concerne l’immobilier, la vente en viager se présente comme une solution de financement pour les retraités. En effet grâce à l’argent du contrat viager, le propriétaire peut jouir d’une vie loin des charges immobilières.

  5. Je n’ai pas assez pour m’installer confortablement en Suisse, et en Belgique… il fait mauvais !

    Alors qu’en Californie… 😉

  6. Votre analyse financière des assurances est très intéressante :
    Je me permets d ajouter un site comparatif qui indique les points forts et les points faibles de chacune :

    Stratégies d’investissement des assurances suisses: développement durable peu présent : :

    http://www.actares.ch/fr/index.php/news/article/role-of-sustainability-in-swiss-insurers-investment-strategies :
    et Impôts sur la fortune Suisse : Cantonal donc très variable et pour moi inexplicable
    – Depuis 1997 mon appartement qui est situé dans un complexe thermal –
    – Imposition sur la fortune : le 1/4 de sa valeur –
    – Imposition théorique de sa valeur locative : également le 1/4 de sa valeur
    Impôt sur la fortune :
    Cahusac en son temps dans l opposition avait ironisé : Et si un non-résident paie un impôt sur la fortune supérieur à celui du calcul français est-ce qu on va lui rendre la différence ??
    Question très intelligente : Vu que dans le canton ou j habite l imposition sur la fortune ne bénéficie d une franchise que de CHF 50.000.- et que la Française est de 1.300.000 Euros , il faudrait être très très riche pour payer l ISF en France …
    Par contre toute médaille à son revers . au niveau de la déduction des frais médicaux .
    Forfait misérable , alors que rien que les primes avec assurance complémentaire pour mon couple sont d environ
    12.000 – CHF avec CHF 5000.- de franchise et 10 % sur les frais médicaux remboursables – Lesquelles Caisses maladies complémentaires qui sont privées les remboursent chichement ou excluent de tout remboursement pas mal de soins

  7. Certes les rentiers sont moins taxés que les travailleurs, mais n’est-ce pas un peu logique puisque cet argent a déjà payé l’impôt sur le revenu, tout au moins si on part du principe qu’il a été gagné honnêtement.
    Pour ma part, j’estime que payer environ 10000CHF (2500CHF d’AVS, 7500CHF d’ISF) sur une fortune de 1250000CHF (par exemple) est plus que suffisant, car une fois rentier vous ne pouvez pas partir du principe que vous placerez la totalité de la somme à 4% et récolterez ainsi 50000CHF annuels.
    Une fois rentier, une bonne partie de votre patrimoine devra rester liquide ou être investie dans des placements peu risqués et donc très peu rémunérateurs, comme les obligations Suisses.
    Cette poche de liquidités servira d’une part à subvenir à vos besoins et d’autre part à amortir les baisses de marchés et à réinvestir dans les phases de consolidation.
    Sur cette partie, votre rendement réel sera négatif, car proche de zéro au départ et donc forcément négatif après IR, ISF et assurances sociales.
    L’ISF était censé ne pas entamer la substance de la fortune. C’était le cas il y a dix ans. Depuis la chute des rendements obligataires, ce n’est plus le cas.

    1. Ce n’est pas moi qui vais dire le contraire bien sûr. Néanmoins, si l’on veut être vraiment être intellectuellement et éthiquement correct, il n’est pas vraiment normal que les revenus de l’épargne ne soient pas taxés du point de vue de l’AVS pour les rentiers (ça me fait mal de dire ça !). Ok, l’argent a été déjà honnêtement gagné et taxé, donc il n’y aurait pas de quoi taxer encore une fois la fortune, ce que l’Etat fait pourtant. Mais les revenus tirés de cette fortune pourraient être taxés puisque c’est un nouveau gain… Bref, l’Etat taxe ce qu’il ne devrait pas et ne taxe pas ce qu’il devrait… Au final c’est bien égal, je dirais même qu’on s’en fout puisqu’on est de loin pas perdants dans l’histoire…

  8. Bonsoir Dom67
    Dom67 a écrit : Certes les rentiers sont moins taxés que les travailleurs –

    J ai relu également les post précédents et je n ai pas lu d exemples de ce genre
    -Je ne crois pas me tromper il n y a pas de régime de faveur en matière d imposition sur le revenu et la fortune que vous soyez actifs ou retraités en Suisse .
    (du moins dans les cantons dont je peux appréhender la fiscalité )
    Par contre en France , il y a un abattement de 10 % dont plus personne ne voit la signification – Mais vouloir le supprimer est un risque politique ….
    Pour ce qui me concerne personnellement , je bénéficie d une ristourne importante sur mon appartement et son revenu théorique : il n a aucun rapport avec le fait que je sois retraité – N importe quel habitant de ce complexe quelque soit son âge profite du même avantage – De plus en plus d habitants actifs , y vivent à l année , parce qu il procure une qualité de vie agréable , que l on soit propriétaire ou locataire Je suppose que c est la Commune qui a fait une fleur aux promoteurs , pour mener à bien ce projet sur leur territoire – Il génère environ 200 emplois fixes , sans compter les retombées annexes .

  9. J’ai du mal à trouver des infos précises sur tous les impôts et autres retenues (cotisations AVS,…) à payer si l’on n’est plus salarié avant 65 ans.

    Saurais-tu estimer ces divers frais sur la base de l’exemple fictif suivant?

    Homme qui arrête de travailler à 50 ans, fortune de 1.25 mio placée exclusivement en actions avec un dividende moyen de 4%, soit une rente annuelle de 50’000 fr.

    Combien me reste-il pour vivre? Un grand merci! 🙂

    1. Difficile de répondre comme ça. Il faudrait tenir compte du lieu de résidence et de la situation de famille à ce moment-là.
      Mais disons de façon macro 12’000 de retenues réparties entre l’impôt (fortune et revenu) et l’AVS.
      Je préconise de conserver une petite activité à temps partiel, minimum 5’000.- par année, pour ne pas être considéré par l’AVS comme sans activité lucrative.
      Cela diminuerait d’un cinquième la facture finale, sans compter le petit gain en salaire, et surtout sans compter que ça fait du bien pour la tête de rester un peu actif quand même !

  10. Merci, c’est intéressant d’avoir un ordre de grandeur pour pouvoir estimer la part du gâteau qui reste après que l’état se soit servi.

    D’un point de vue purement financier ça semble en effet intéressant de garder une petite activité lucrative, mais en tout cas à l’heure actuelle je vois assez les choses en noir ou blanc: travailler comme un bœuf jusqu’à 50 ou 55 ans, économiser et investir autant que possible afin d’arrêter entièrement de travailler au moins 10 ans avant tout le monde.

    A ce moment j’imagine m’occuper de ma maison / de mon jardin, lire, faire des balades, pêcher, voyager, cuisiner, bricoler, passer du temps avec mon épouse et mes amis, m’occuper de mes petits-enfants,… et surtout consacrer plusieurs heures par jour à gérer mes investissements et en étudier de nouveaux (c’est pour moi autant une passion qu’un gagne-pain).

    J’ai l’impression qu’en gardant une activité lucrative, ne serait-ce que quelques heures par semaine, m’empêcherait de vraiment lâcher prise, de me sentir entièrement libre et de profiter pleinement de mon temps.

    1. J’ai un peu les mêmes réflexions que toi. Je publierai d’ailleurs bientôt un post à ce sujet.
      L’important c’est de faire l’expérience déjà aujourd’hui de ce qui va se passer demain.
      J’ai déjà commencé à travailler moins et c’est beaucoup mieux ainsi. Je pense encore travailler moins dans le futur. Alors je saurai s’il est nécessaire de tout arrêter ou de continuer un peu. C’est seulement en experimentant qu’on peut savoir ce qui nous convient le mieux. Et peut-être ce n’est pas de tout arrêter. Peut-être…

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