Il y a quelques années en arrière, lorsque je voulais aller acheter une paire de chaussures, je me rendais dans un magasin spécialisé du centre ville. Comme une majorité d'hommes, je déteste ce moment. Je me vois encore essayer de chercher au hasard parmi toutes ces godasses quelque chose qui m'intéresse. Pas trop dandy, genre mocassins à glands, mais pas trop pommé non plus, du style baskets à scratches ou sandales. Après plusieurs tours dans les rayons, sous les yeux amusés des vendeuses, c'était toujours le même scénario: il restait à tout casser quelques modèles potables à essayer.
Je m'asseye alors pour tester les quelques dernières chaussures acceptables. Petit moment de solitude lorsqu'il faut enlever sa paire portée toute la journée, libérant des pieds odorants devant les vendeuses toujours plus amusées. Puis, vient le moment fatidique où j'essaie de mettre un pied dans le modèle à essayer. C'est fou comme on a les pieds qui gonflent quand on a chaud. "Vous désirez un chausse-pieds Monsieur ?". A ce moment-là j'ai déjà des gouttes qui commencent à ruisseler sur le front. Un mélange de honte et d'agacement.
Je me lève, je fais quelques pas. Ça a l'air pas mal. "Vous avez le talon qui est bien calé à l'arrière ? Pas trop de jeu devant ?". Mais qu'est-ce que ça peut lui foutre... Trop content d'avoir trouvé une paire qui me va plus ou moins je file à la caisse, je paie et je me tire.
Heureusement, tout ça c'est fini. Grâce à Internet, je choisis mes chaussures depuis mon canapé. J'applique quelques filtres, couleur, style, prix, etc. et je me retrouve avec une quantité importante de résultats qui correspondent à mes goûts. Encore un ou deux clics, et hop, les godasses me sont envoyées directement à la maison. Trop facile. Pas de coup de chaleur, pas de vendeuse qui me demande si mon talon est bien calé et surtout un gain de temps monstrueux.
Sauf que je travaille encore malheureusement tous les jours. Quand le facteur me livre le colis, je ne suis pas là. Je dois donc aller le chercher à la poste. Encore une fois, vu que je travaille, je dois y aller le soir, durant les heures de pointe. Grosse file d'attente assurée. A ce sujet, vous avez déjà remarqué le nombre de petits vieux qui viennent effectuer les paiements à la poste le soir, alors qu'ils ont toute la journée pour le faire ? Ça me rend dingue. Ils sont obligés de payer leurs facture au guichet postal parce qu'ils n'ont pas Internet. Tandis que moi je suis contraint d'y venir parce que j'ai fait mes courses online. Y a comme qui dirait un petit malaise.
Après 10 minutes d'attente j'ai enfin mon paquet. Trop content je file à la maison essayer ma nouvelle acquisition. Le problème d'acheter sur Internet c'est qu'évidemment on ne peut pas essayer. T'as beau commander ta pointure habituelle, il y a toujours un moment où ça merde. Retour à la poste pour renvoyer le paquet, nouvelle file de 10 min, nouvelle commande avec une plus grande pointure sur le site, puis retour à la poste avec sa file d'attente pour chercher la nouvelle paire commandée. Bilan de l'opération : plusieurs jours d'attente et quelques heures de perdues. J'en regretterais presque la vendeuse qui se soucie de mon talon bien calé. Sauf que le magasin où elle travaillait n'existe plus, victime de la concurrence du Net.
Là, je me dis que c'est bon. Que je suis tiré d'affaires. Mais non, c'est précisément à ce moment que commencent les emmerdes. Quand vous avez acheté vos chaussures dans une boutique, à moins que vous n'y retourniez, vous n'avez guère de chance de revoir les vendeuses qui vous ont regardé avec amusement. Sur Internet par contre, c'est une autre histoire. Une petite newsletter par ci, un gentil mail "Ces articles sont susceptibles de vous intéresser" par là...
Heureusement l'Union européenne dans sa bonté extraordinaire a pondu la RGPD qui est supposée nous protéger de ce genre d'abus. Dorénavant on nous avertit en bonne et due forme avant de nous traquer. Alors ça pour être avertis, on a bien été avertis ces dernières semaines... En plus d'être harcelés par de la pub, on croule sous des conditions générales. Génial. En tout cas ça fera du job pour les avocats, à défaut de défendre les citoyens lambda. Franchement, vous avez le temps et l'argent pour attaquer les GAFA vous ? Tout au mieux vous pourriez le faire contre des petits blogueurs comme moi. Encore une loi qui ne sert à rien et qui ne protège que les gros poissons...
Comme ma femme commande aussi sur Internet et que nous utilisons le même PC, j'ai maintenant la surprise d'avoir des modèles féminins en sous-vêtements qui trémoussent leurs nibards sur les banners de mon site. Non pas que ça me dérange, mais par contre c'est vraiment difficile d'écrire les articles avec la main gauche seulement.
Je vous l'avais dit : j'adore l'ère digitale.
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Merci pour cet article sweet & sour dont le ton ironique m’a bien fait rigoler. La fin m’a rappelé Herbert Léonard quand il chantait « Ils font sauter tous nos fusibles, ces magazines qu’on lit d’une main »! C’était en effet la « belle » époque où il fallait passer au kiosque pour acheter ce genre de magazines… de grands moments de solitude aussi…
Le net a véritablement chamboulé nos habitudes en apportant du bon comme du mauvais. Heureusement, à faire le bilan, il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients, à commencer par le trading: Je me revois téléphoner à l’UBS pour acheter des actions (après avoir répondu aux questions de sécurité du genre « quel est le nom de votre animal domestique? ») et payer 100 balles au passage!
Avec plaisir 🙂
Il est bien clair que tout n’était pas rose non plus avant. Par contre tu as commencé à investir quand? Je n’ai jamais eu besoin d’utiliser mon téléphone.
C’était des actions Bobst en 1997!
3 ans d’avance sur moi, voilà pourquoi
J’ai acheté mes premières actions (quelques bluechips suisses, avec mes maigres économies de l’époque) en août 2002 (donc après l’éclatement de la bulle des « .com » et la forte baisse due à ce krach), après avoir étudié les mécanismes boursiers par moi-même, entre autres à l’aide de l’ouvrage de Pierre Novello « Bourse – Le Guide de l’investisseur » (je recommande cette lecture, notamment pour les débutants). Par rapport à ce que je sais aujourd’hui, j’étais encore bien ignorant, mais toutefois pas totalement dénué de bon sens.
Le marché est ensuite descendu jusqu’en mars 2003 (début de la 2ème Guerre du Golfe), avant de remonter plus ou moins sans discontinuer jusqu’en 2008… (« Subprime », ça vous dit quelque chose?). Et là, j’ai pris une claque, sans avoir rien vu venir. Mais je n’ai pas bougé, et les marchés sont finalement repartis pour un nouveau cycle de hausse lors duquel je me suis refait. J’ai aussi tiré des leçons et affiné ma stratégie. J’ai eu la confirmation que c’est Warren Buffet qui a raison dans son approche (selon moi).
Depuis le printemps 2017, je suis me suis mis essentiellement liquide (certains peuvent penser que c’est une hérésie), car je ne suis pas à l’aise avec la valorisation des marchés et que je perçois un côté artificiel (notamment un gonflement par l’argent bon marché injecté par les banques centrales). Depuis, j’ai manqué de belles performances et n’ai pas encaissé de dividendes, mais je dors tranquille. Je ne crois pas que l’on puisse souhaiter un krach, avec ses conséquences diverses et importantes, y compris sur la vie des gens et les emplois, et les finances de l’Etat, mais s’il arrive, et il arrivera bien un jour, je serai au moins content d’être liquide pour acquérir de beaux titres à prix réduit. Je suis prêt à être -très- patient (le pire pour moi serait sans doute de ne pas l’être et d’entrer à nouveau maintenant dans les marchés).
Anecdote: lors de l’achat de mes premières actions en 2002, un très bon ami, intelligent et cultivé, mais prudent de nature, me disait que la bourse, c’était mort et qu’on était parti pour une longue baisse ou stagnation. Je ne l’ai pas écouté, et j’ai bien fait.
Finalement, pour rebondir au sujet de l’article ci-dessus, internet couplé à l’informatique puissante et à la mobilité a en un certain sens permis l’émergence du Big Brother de George Orwell: nous sommes transparents pour l’Etat mais également pour les commerçants (notamment internet), qui connaissent notre profil avec une précision remarquable.
De toute évidence dividinde, toi et moi faisons partie plus ou moins de la même cohorte boursière. Autrement dit nous sommes à quelques années près des « classards » de l’investissement dans les actions. Nous avons vécu les mêmes joies et désillusions. Cela forge nos convictions en matière de stratégie et de propension au risque. Pas étonnant dès lors que nous suivons une approche basée sur la valeur, notamment les dividendes.
Dividinde a commencé en 1997, il a donc pu se rassurer quelques années avant de ramasser son premier gros marché baissier.
Moi j’ai commencé à un des pires moments de l’histoire (2000). J’ai néanmoins poursuivi, réinvesti lourdement lors de la deuxième guerre du Golfe que tu mentionnes et finalement cette déconvenue m’a énormément servi par la suite, notamment en 2008.
Toi tu as commencé à investir presque à un creux du marché et tu as eu le temps de profiter d’une belle embellie avant de ramasser sur la tronche.
Nous avons tous connu un ou deux gros marchés baissiers.
Actuellement, je ne suis pas autant liquide que toi, mais j’ai quand même énormément plus de cash que d’habitude.
Il y a trop de choses qui puent en effet :
– les valorisations trop élevées
– les tendances qui commencent à décliner méchamment
– le contexte politico-économique mondial, dû notamment au clown Trump
– la hausse des taux
hahaaa j’ai tellement aimé la fin de ton article!!! En plus de pouvoir profiter des publicités à connotation féminine tu peux profiter des achats de ta femme! Doublement gagnant que tu es!
Pouvoir commander sur Internet sans me soucier du trafic pour aller au magasin, de la file à la caisse, des gens qui puent et du service souvent minable, c’est le bonheur! Et j’adore pouvoir regarder les commentaires des gens ou des articles de pro avant d’acheter n’importe quoi.
Doublement gagnant c’est juste ! 😉
Bonjour Jérôme et Dividinde. Tout d’abord bravo pour cette mine d’informations partagées avec la communauté. J’apprécie de lire vos articles et surtout vos discussions qui m’en apprennent beaucoup sur l’investissement!
A ce sujet, je suis curieux de connaître votre avis et position concernant Mobilezone… moment intéressant pour un positionnement?
Hello
dividinde a analysé Mobilezone en fin d’année passée ici :
https://www.dividendes.ch/2017/10/analyse-de-mobilezone/
De mon côté je continue à penser ce que j’avais déjà dit dans mon commentaire de l’année dernière :
J’attendrais que les fondamentaux s’améliorent (rentabilité, marges et réserves de liquidités) et que le cours cesse sa tendance baissière (entamée il y a trois ans).