Analyse de Swisscom (SCMN:VTX)

Pas vraiment besoin de présenter Swisscom. C'est de loin la plus grosse entreprise suisse de télécommunications, privatisée de l'ancienne régie fédérale des PTT. La confédération helvétique est encore l'actionnaire majoritaire. Swisscom fournit de services de télécoms non seulement en Suisse, mais aussi en Italie, via son entreprise Fastweb. Elle compte 20'000 collaborateurs.

Disons-le crûment et tout de suite : l'action Swisscom est actuellement très chère par rapport à ce qu'on peut en espérer. Ceux qui ont suivi mes dernières analyses sur certains titres japonais vont tout de suite se rendre compte du gouffre gigantesque qu'il y a entre les deux.

SCMN se négocie à 16.9 fois les bénéfices récurrents. Jusqu'ici ça va encore. Sur le marché américain et européen on trouve en effet actuellement nettement pire. Par contre, elle s'échange à 117 fois la valeur comptable corporelle, 2.32 fois les ventes et 18.7 fois le free cash flow. Là on est très loin des chiffres qu'on avait sur les titres nippons...

Si on regarde du côté du dividende, de prime abord, ça pourrait paraître nettement plus intéressant, avec un rendement de 4.2%. Cependant, une telle "générosité" s'explique par un ratio de distribution de 71.3%, ce qui ne laisse guère de place à une augmentation future du dividende et prétérite aussi des volontés d'investissement de l'entreprise dans le développement de ses affaires. Pire, une baisse du bénéfice pourrait menacer en tout cas partiellement le dividende. Si l'on regarde un peu dans le passé, on constate d'ailleurs que celui-ci ne progresse plus, tandis que les bénéfices par action s'érodent. Même choses pour les réserves de cash et la valeur des actifs... elles baissent sur le long terme. Bref, ça ne sent pas très bon.

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Les réserves de liquidités sont faibles, avec un ratio de liquidité générale de seulement 0.89 (en baisse) et un ratio de liquidité réduite de seulement 0.85. Heureusement que c'est "Swisscom" car avec de tels chiffres on craindrait le défaut de paiement chez des sociétés moins connues et qui n'ont pas le gouvernement en background. Du côté de la marge brute c'est beaucoup mieux, puisqu'elle est très importante et en hausse, à 83%. En même temps si une entreprise de ce type, avec encore une situation plus ou moins monopolistique n'a pas une grosse marge (marge nette 14%), ça me ferait du souci. Le rendement des actifs est lui aussi attractif, avec 7.5% (en hausse), pour une rentabilité des capitaux propres de 14.4%. Là aussi ce sont de très bons chiffres et qui s'expliquent par l'activité et la situation particulière de l'entreprise suisse.

Du côté de la dette par contre ça se gâte, avec un taux d'endettement à long terme par rapport aux actifs de 32.9%. Même si la dette a tendance a baisser légèrement sur le long terme, elle reste élevée. Il faudrait presque six ans à Swisscom pour éponger tout sa dette en utilisant l'intégralité de son free cashflow...

Relevons encore que Swisscom n'a pas cherché à se financer en augmentant son capital, le nombre d'actions en circulation n'ayant pas bougé depuis plusieurs années, ce qui est positif.

Swisscom est certes une véritable institution en Suisse, jouissant encore d'un pseudo monopole, avec le gouvernement toujours en background. Cependant, même si cette situation particulière l'aide au niveau de la marge et de la rentabilité, d'autres fondamentaux de l'entreprise ne sont pas optimaux. Ceci est d'autant plus vrai si on les regarde par rapport au prix qu'il faut payer pour acquérir l'action.

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Je viens donc de me séparer de Swisscom.

 

 


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13 comentarios en “Analyse de Swisscom (SCMN:VTX)”

  1. J’ai aussi vendu mes actions Swisscom il y a quelques semaines, comme tu l’as dit: trop cher, trop de dettes, pas de croissance du bénéfice et donc du dividende.

  2. Encore une analyse fort intéressante. Je trouve qu’entre dividinde et toi, Jérôme, il y a beaucoup de nouveau contenus excellents.

    Concernant Swisscom, je pense que ton analyse m’aidera à m’en séparer. Je l’avais acheté quand l’action avait baissé l’année passée. Le gain sur cours est de 13%. Pas énorme, mais toujours bon de prendre des bénéfices. En effet, mis à part un gros dividende que j’estime assez sûr, il ne semble pas que le futur soit prometteur. Je demande de la croissance, pas forcément à la Alibaba, mais un minimum de croissance. La question se pose de savoir par quel autre titre suisse remplacer Swisscom. Je serais intéressé par Emmi, Jungfraubahn, Lindt, Roche, Bell, BVZ. Les deux premiers sont trop chers à mon goût, le troisième c’est pire. BVZ semble le meilleur en termes de valorisation.

    Qu’en pensez-vous?

    1. Merci JL pour tes compliments, ça fait toujours plaisir.
      Il est vrai que l’arrivée de dividinde a fait du bien. Il a une approche plus helvétique et plus Buffet que moi. Donc on se complète bien 😉
      En ce qui me concerne je pense malheureusement qu’aucun des titres que tu cites peut être recommandé à l’achat en ce moment.
      La question qui reste à répondre est : si on en a, faut-il vendre ?
      Je l’ai fait pour JFN, et je me déterminerai après les résultats annuels pour Bell, Emmi et BVZ. Je dois dire que j’adore ces trois titres qui sont tous des baggers dans mon portefeuille. Je ferai une analyse ce printemps pour ces trois.

  3. Merci JL et Jérôme. J’apprécie également beaucoup les analyses de Jérôme car il s’intéresse à d’autres titres que moi et confronter les avis différents est toujours enrichissant pour ouvrir son esprit (et parfois aussi enrichissant pour le portemonnaie).

    Cela devient presque mission impossible de trouver actuellement des titres suisses qui ne sont pas hors de prix, sans non plus acheter n’importe quoi (à la Rieter ou Aryzta). Dans ta liste il n’y a que Roche que je trouve abordable actuellement, même si sa valorisation dépend beaucoup d’importantes décisions de la FDA ces prochains mois. Je vais justement m’offrir un bloc de pierre… heu, de Roche la semaine prochaine.

    Sinon j’ai acheté Schweiter et LLB la semaine passée et je guette patiemment BFW pour trouver un niveau d’entrée légèrement plus bas.

  4. Merci de vos réponses. Pas d’urgence à acheter bien entendu. Roche est classé comme sous-évalué par Morningstar et maintenant dividinde. Je vais voir cela de plus près car c’est l’un de mes titres favoris.

    1. Le cours de Roche vaut plus de 80 fois sa valeur comptable corporelle et 22 fois ses bénéfices.
      On peut expliquer certes ceci en partie du fait que
      1) une grosse partie de la valeur de l’entreprise vient de son savoir-faire, mais si on tient compte des intangibles on est quand même à 10 fois la valeur comptable…
      2) la marge et la rentabilité de l’entreprise sont très bonnes
      Donc c’est bien trop cher pour un investisseur orienté Graham et éventuellement accessible pour un investisseur plutôt orienté Buffet…

      Au niveau du dividende, attention au rendement généreux de 3%, car il se fait au prix d’un payout de 70% et d’une croissance de seulement 3% par an en moyenne.
      Normal que le dividende a de la peine à progresser, le bénéfice par action est flat depuis plusieurs années…

      Vous aurez compris, je suis pas fan 🙂

  5. Ah non, je dirais pas sous-évalué, simplement pas surévalué, ce qui est déjà pas si mal dans un bull market pareil. Et le dividende est correct, sûr et au moins légèrement croissant.

  6. Attention avec Roche, la plupart des sites financiers (même celui de SIX!) donnent des chiffres tronqués car ils passent à côté de sa structure de capital particulière! C’est vraiment un sale piège qui m’a fait passé à côté de Roche au début. En effet, le capital est constitué de bons de jouissance (env. 80%) et d’actions au porteur.

    Heureusement qu’il y a par exemple Finanz und Wirtschaft qui donne les bons ratios. En réalité, le PER 2017 est de 16 et le PER 2018 estimé à 15. Le ratio cours-valeur comptable est d’environ 9-10 et le payout ratio est de 56.4%.

  7. Super merci pour ton analyse que je partage aussi.

    J’ai vu aussi que tu réduis progressivement ton exposition US. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous ne pouvons plus accéder à la page US Dividends 5+ ?

    1. Non. J’ai un autre problème avec un autre fournisseur. Je vais essayer de régler ça, mais pas sûr d’y arriver… Décidément les données gratuites en finance cela devient de plus en plus rare…

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