Nous voilà déjà à la fin du mois de janvier. Le plus dur de l'hiver est passé, les jours ont déjà sensiblement rallongé, la neige tombe encore un peu, mais avec parcimonie. Le froid est encore bien présent mais on sent qu'il est en train d'épuiser ses dernières forces dans le combat. D'ici quelques semaines on sentira les températures remonter et les prémices du printemps se manifester. Cette fin proche de l'hiver coïncide avec la fin d'un cycle pénible pour ma petite personne.
Depuis une année j'expérimente en effet malgré moi l'impact direct de la mondialisation sur notre condition de salariés. Possédant une pensée plutôt libérale, je dois dire que cette sinistre expérience me laisse très perplexe sur le monde financier, économique et politique actuel. J'ai l'impression que l'asservissement des travailleurs à une poignée de capitalistes n'a non seulement jamais cessé depuis la révolution industrielle, mais surtout qu'il est en train de prendre une nouvelle tournure.
Comme les marchés émergents tels que la Chine et l'Inde ne fournissent plus seulement de la main d'oeuvre à bon marché, mais aussi de la matière grise, ce ne sont plus uniquement les classes ouvrières de notre continent qui souffrent. Les cols blancs doivent aligner les heures supplémentaires sans contrepartie financière et les jeunes fraîchement diplômés ne trouvent pas de travail. Les petits patrons souffrent également de la concurrence déloyale de ces pays. Bref, les grands capitalistes mis-à-part, ce fléau touche toutes les couches de notre société.
Charles Dickens dépeignait en 1854 dans "Les Temps Difficiles" une classe ouvrière asservie, misérable et moutonnière, abrutie par le travail répétitif, dominée par une bourgeoisie avide de profits et de pouvoir, forte de la bonne conscience qu'elle puise dans les lois de l'économie de marché. En 1936, Charlie Chaplin dénonçait dans "Les Temps Modernes" le travail à la chaîne et les conditions de vie d'une grande partie de la population occidentale lors de la Grande dépression. Travailleur victime d'un burn-out, puis chômeur, Charlot est envoyé en prison par erreur. Libéré contre sa volonté, il découvre combien la vie est rude, et rêve de retrouver sa confortable geôle.
Ces deux histoires paraissent si loin dans le temps et pourtant si proches de nos conditions de travailleurs que ça en fait froid dans le dos. Quand on aligne des horaires de fous, puis qu'on répond encore à des e-mails et des téléphones professionnels sur son smartphone durant les soirées et le week-end, on peut se demander effectivement s'il ne vaudrait pas mieux être tranquille dans une prison comme Charlot. Au moins là, on ne vous donne pas l'illusion de la liberté.
Désireux de m'échapper au plus vite de ce sort funeste, je bataille dur depuis pas mal de temps pour acquérir non seulement de l'indépendance financière, mais aussi pour améliorer ma condition de travailleur (car la route vers la première option est encore longue). Si je n'ai pu atteindre aucun résultat tangible dans ces deux domaines en 2012, cette année s'annonce par contre sous les meilleurs hospices. Plusieurs nouvelles opportunités professionnelles s'offrent en effet à moi, tandis que les revenus de mes dividendes continuent à progresser et que j'ai de nouveau un peu de cash en réserve pour saisir des bonnes occasions quand le marché corrigera à la baisse.
Bref, la fin de l'hiver est proche.
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