Performance du 1er semestre 2020

Imaginez que depuis le début de cette année, vous êtes parti pour de très longues vacances dans un coin reculé de la planète, sans TV, journaux, Internet, bref coupé de tout. Vous vous reconnectez pour la première fois aujourd'hui pour regarder l'état de votre portefeuille. Là, vous vous dites sans doute qu'il ne s'est pas passé grand chose durant ce premier semestre. Le marché a tout juste très légèrement fondu, ce qui est tout à fait compréhensible vu les valorisations extrêmes qui sévissaient au début de cette année. Bref, apparemment rien de vraiment neuf sous le soleil.

Ce qui vous a échappé néanmoins, c'est que la bourse s'est écroulée de près d'un quart de sa valeur en l'espace d'un mois, avant de rattraper pratiquement toutes ses pertes les trois mois suivants. Vous avez aussi zappé que la moitié de la planète a été confinée durant plusieurs semaines, que les taux de chômage de toutes les nations ont explosé comme ils ne l'ont jamais fait, que les entreprises ont dû être placées en soins intensifs, sous respirateurs artificiels alimentés par les banques centrales et les deniers publics. Sans parler des 500'000 morts au passage. Tout est parti en cacahuètes, sauf le marché qui a repris de sa superbe, au plus grand bonheur de Donald à la chevelure d'or et de son pantin Powell.

Durant ces six mois tristement historiques, mon wallet était bien parti pour nettement battre le marché puisqu'il s'en tirait au plein milieu de la crise avec une baisse tout juste supérieure à 10%, aidé par une faible exposition en actions et la bonne tenue de l'or et des bons du trésor. Par contre il a à peine redécollé par la suite, alors que le marché explosait. Je me retrouve donc au final avec une performance de -7%, alors que le Swiss Performance Index n'a baissé que de 3%.

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Evidemment, je ne peux être satisfait de cette contre-performance. Ceci étant dit, dans un marché en situation de bulle comme c'est le cas actuellement, le seul moyen de le battre, c'est de jouer à encore plus fou que lui, c'est à dire spéculer, en jouant avec l'effet de levier ou en achetant des titres risqués et/ou encore plus survalorisés. Le fait que le marché ait perdu un quart de sa valeur en quatre semaines nous rappelle que ses fondations n'étaient pas solides avant la crise. Elles le sont d'autant moins à présent.

L'autre aspect à prendre en compte, c'est la volatilité. Celle-ci est à tort négligée par beaucoup d'investisseurs, voire pire, carrément valorisée. Il fut un temps où l'on estimait que volatilité et performance étaient corrélées. Pourtant c'est exactement le contraire qui se passe dans la réalité. Certains arguent qu'elle est intéressante parce qu'elle offre des bons points d'entrée. C'est vrai, mais on ne sait jamais là où cela peut s'arrêter. Plus le titre est volatil, plus il est difficile de choisir le bon moment et donc plus il y a de chances de se tromper. Ça devient de la loterie et donc de la spéculation. Plus le titre est volatil, plus les pertes sont susceptibles d'être importantes et plus l'investisseur risque de flipper et prendre de mauvaises décisions. Au-delà de ça, un portefeuille trop volatil est surtout préjudiciable en termes de délai pour acquérir l'indépendance financière. Comme je l'explique dans mon e-book, plus votre capital fluctue, plus vous avez besoin de fortune pour devenir financièrement indépendant et donc plus il vous faudra de temps pour devenir rentier. L'idéal est donc de maximiser la performance, tout en minimisant le risque. De ce point de vue, mon wallet s'en sort bien par rapport au marché (ci-dessous comparé au S&P 500).

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Performance du 1er semestre 2020

Enfin, notons encore que la valorisation actuelle du marché est très élevée et qu'elle offre donc de faibles perspectives futures en termes de performance. Ceci est d'autant plus vrai que les conséquences négatives à moyen et long terme du virus chinois sur l'économie ne sont pas encore entièrement connues.

En résumé, si vous vous deviez repartir sur votre île déserte pour les six prochains mois, il n'est pas certain que vous ayez autant de chance que durant ce premier semestre.


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9 thoughts on “Performance du 1er semestre 2020”

  1. Je partage ton point de vue. Qui aurait pu prédire que cette baisse soudaine soit (quasi) compensée en seulement 3 mois ?
    Alors que tous les indicateurs sont au rouge, wall street se la régale. Est ce que cela tiendra jusqu’aux élections américaines de Novembre ? Je ne sais pas, mais si cela tient ce sera une belle performance de Trump et de la Fed.
    En attendant je reste principalement défensif… et spectateur

    1. Cela risque effectivement de tenir jusqu’aux élections car je ne peux m’empêcher de penser que c’est pensé dans ce sens par l’équipe dirigeante actuelle. Ce n’est pas propre à cette administration, les bonnes performances boursières lors des années qui précèdent et suivent les élections US sont un phénomène connu. C’est juste qu’avec Trump ça prend des dimensions EXTRAORDINAIRES, comme il aime à le dire pour tout et n’importe quoi.

      Dès lors, je vois principalement plus ou moins deux scénarios possibles :
      – Trump est élu, le marché continue de plus belle sa fuite en avant durant quelques mois. Puis toutes les conneries accumulées par cette administration commencent à faire leur effet et on est parti pour une correction violente et/ou durable sur les marchés. Cyniquement parlant ce serait un scénario idéal qui obligerait cet énergumène à assumer ses bêtises.
      – Trump n’est pas réélu. Le marché, se pète la gueule par crainte de la fin de l’argent facile. Les démocrates vont devoir ramasser à la pelle toutes les conneries de Trump et auront donc le mauvais rôle. Autant Donald eu une voie royale durant 4 ans grâce à la politique accommodante de la FED depuis 2008, autant les démocrates devront porter la mauvaise casquette à cause des incohérences de leur prédécesseur. Ce serait presque du pain béni pour les républicains en vue des élections suivantes.

      Bon, on sait que ça se passe jamais comme on le pense, alors il peut y avoir encore d’autres possibilités plus loufoques, comme un marché qui continuerait à grimper jusqu’au firmament, avec des PER de plus de 100, des taux d’intérêts à -2% et la FED qui brise son dernier tabou : racheter des actions. Bon pour cela il faudrait changer les lois, mais avec Trump rien n’est impossible… !

  2. En parlant de performance: Une de mes connaissances a investi TOUS ses sous dans Nestlé il y a environ 25 ans et n’a jamais revendu une seule action. Son capital a plus ou moins été multiplié par 10 et son dividende a également explosé!

    Les morales de cette anecdote:
    – La finance n’a pas forcément besoin d’être compliquée
    – La bouffe ou la flotte valent mieux qu’une société informatique
    – Il ne faut pas placer tous ses œufs dans le même panier, sauf si ce panier s’appelle Nestlé;-)

    Ça ne veut pas dire que je suis en accord avec cette façon d’investir, mais cette histoire me fait souvent réfléchir…

    Cela fait d’ailleurs plus de 10 ans que je recommande à cette personne de vendre une part de ses actions Nestlé et de réinvestir ces fonds dans plusieurs actions différentes à des fins de diversification. Ce conseil part d’une bonne intention, mais heureusement que cette personne a continué de n’en faire qu’à sa tête!

    1. Nestlé est un seul panier en l’occurrence oui… mais c’est un panier garni de différents items ! ;-))

    2. C’est un Buffett à l’extrême!
      Effectivement c’est un bon moyen de battre le marché mais il faut quand même avoir un peu de chance. Certes l’agro-alimentaire est un des secteurs les moins imprévisibles mais on ne sait jamais.
      Je dis quand même chapeau. Il faut des fouilles et de l’abnégation.

  3. « Le fait que le marché ait perdu un quart de sa valeur en quatre semaines nous rappelle que ses fondations n’étaient pas solides avant la crise. Elles le sont d’autant moins à présent. » :
    très précisément vrai, merci pour cette réflexion qui paraît évidente après coup…

    « L’autre aspect à prendre en compte, c’est la volatilité. Celle-ci est à tort négligée par beaucoup d’investisseurs, voire pire, carrément valorisée. Il fut un temps où l’on estimait que volatilité et performance étaient corrélées. Pourtant c’est exactement le contraire qui se passe dans la réalité. » :
    Je la vis aussi à présent comme une entrave : si la volatilité et les fluctuations font partie intégrante du jeu, pour ma part, dans le portefeuille que j’ai, la volatilité est devenue tellement importante et récurrente (algorithmes et robots à outrance, day traders CT, courts termistes en tous genres, pros qui manipulent les cours avec de gros moyens pour prendre des 10/15% sur gros volumes des dizines et des dizaines de fois sur le même titre, …. etc, etc…) qu’elle retarde à outrance la valorisation de titres en croissance déjà sous-valorisés sur leurs fondamentaux. Des anomalies de marché voient le jour sans se résorber de façon fort durable. J’ai la perception qu’actuellement la part belle se fait à tous les acteurs court termistes avec gros moyens qui déclenchent les fluctuations et en profitent au détriment des investisseurs sur les fondamentaux assis sur leur positions et durement ballottés. La citation de Buffet sur les vases communicants, la richesse allant des impatients aux patients, me semble moins adaptée à cette ère qui se dessine depuis quelques années. Ce ne sont que des réflexions et des perceptions partagées avec en aucune façon la sensation de détenir des vérités.

    1. Oui mais il faut savoir patienter. La roue va finir par tourner. Ce ne sont pas les robots de trading ni même la Fed qui créent la richesse. Ce sont les entreprises.

  4. Philip of Habsburg

    Qui sait!? Avec le taux de contamination qui ne cesse d’augmenter de façon assez spectaculaire au USA (d’ailleurs, dans leur cas ils ne connaîtront jamais la deuxième vague que toute l’Europe redoute), peut-être qu’ils n’auront pas le choix de reprendre des mesures de confinement drastique, comme le fait la Californie pour 3 semaines dès maintenant. En plus, lorsque le repoussement des remboursements hypothécaires viendront à échéances et que plusieurs millions de personnes n’auront pas une cenne (faute d’emploi) pour rembourser leur dette, qui sait quelle tangente le marché va prendre. Les américains se bombent le torse en disant que le marché de l’emploi est en hausse chez eux. D’accord, mais pour combien de temps? Avec 50K cas de contamination par jour, c’est impossible que ça dure!

    Dans tous les cas, c’est le moment idéal pour revoir son portefeuille et d’être à l’aise avec les positions que l’on possède en cas de forte remontée ou de forte chute.

    Et tant qu’à moi, au moins le mec sur son île déserte a la chance de vivre une vie pas mal moins stressante avec ses noix de coco à marcher sur des plages désertes, loin de toute cette histoire de pandémie. Même si le marché crash, s’il est à l’aise avec son portefeuille, ça ne changera rien lors de son retour à la civilisation dans 6 mois. Et s’il revient dans 20 ans, alors il sera assurément beaucoup plus riche.

    En passant, que pensez-vous de l’action de Tesla qui atteint maintenant 1200$? Moi ça me fait beaucoup rire…. beaucoup, et qui sait, serait-ce peut-être le prochain Nortel?

    1. J’avais fait une contre analyse de cette anomalie il y a quelques temps… La comparaison à Nortel est excellente….

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