Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fortsParadoxalement, me faire exploiter par des employeurs cupides a été l'une des expériences les plus bénéfiques de mon existence. Grâce à eux, j'ai débuté mon chemin vers l'indépendance financière, et également ce blog.

Mais avant de prendre conscience que j'étais dans une impasse et qu'il fallait trouver une voie différente, j'ai dû passer par une succession de situations dont voici une une liste non exhaustive  :

  • Travailler plus de 50 heures par semaine
  • Se lever à 5h tous les matins
  • Être confronté en permanence à des critiques et revendications de toutes parts
  • Devoir assumer les responsabilités sans en avoir les moyens et la reconnaissance
  • Jouer à un jeu qui n'est pas le mien, tout en faisant croire que j'y adhère
  • Tout faire tout de suite
  • Recevoir des ordres et contre-ordres
  • Travailler toujours plus pour toujours moins, tandis que les patrons et actionnaires reçoivent toujours plus
  • Subir des conséquences sur mon équilibre physique, psychique et social
  • Participer à des séances de blablas inutiles
  • Être bombardé de 50 à 100 mails par jour, stériles pour la plupart
  • Travailler comme un malade, obtenir de très bons résultats sans aucune manifestation de reconnaissance, puis recevoir des reproches pour un détail sans importance
  • Avoir fait de hautes études pour se voir refourguer des tâches ingrates
  • Ne jamais pouvoir décrocher du travail une fois parti du bureau

Il paraît que si vous mettez une grenouille dans de l'eau bouillante, elle saute immédiatement hors de l'eau. Par contre, si vous la mettez dans de l'eau froide et que vous réchauffez gentiment, elle ne s'apercevra pas du danger et cuira jusqu'à la mort. Cela illustre parfaitement l'incapacité ou la réticence des gens à réagir aux menaces qui se produisent insidieusement.

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Demandez à un ingénieur de 25 ans s'il aime son job. Il y a de fortes chances que ce soit le cas. L'eau est tempérée et les chaînes ne sont pas lourdes. Rien à priori ne ne l'incite à sauter hors de la marmite. Une quête d'indépendance financière n'a pour lui pas de sens.

Mais demandez au même ingénieur à l'âge de 50 ans si c'est toujours pareil. La réponse risque fort d'être sensiblement différente. 25 années à ressasser les mêmes problèmes, avec le poids de responsabilités supplémentaires, ça use à la longue. Sans parler du fait qu'il est devenu prisonnier de son salaire, au fur et à mesure que celui-ci a augmenté avec  le temps. Les chaînes sont devenues trop lourdes. La grenouille est en train de bouillir vivante.

Mes derniers jobs s'apparentaient "par chance" à de l'eau bouillante. A chaque fois j'ai sauté hors de la marmite. Par fois très vite, parfois il m'a fallu un peu plus de temps pour me rendre compte que l'eau était trop chaude. Mais  j'en suis sorti chaque fois vivant.

A la longue, cette succession de sauts m'a mis en quête d'indépendance financière. Elle m'a amené à chercher la lumière. Elle m'a motivé à sortir de ce qui pesait insidieusement sur ma vie. Dégoûté par ce que je faisais que j'ai été obligé de regarder mon existence d'une façon nouvelle.

Ma chance, c'est d'avoir pu expérimenter très tôt dans ma vie ce qu'était la Rat Race. Je sais ce qu'une grenouille ressent dans l'eau bouillante. Et je sais que ce n'est pas cool... pas cool du tout. Cela fait bizarre de le dire, mais j'ai une dette énorme vis-à-vis de mes derniers employeurs. S'ils n'avaient pas réglé le thermostat aussi fort, je n'aurais sans doute jamais décidé de voir les choses différemment. Et je serais cuit. Raide mort.

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Quand j'ai commencé ce blog en 2010, je venais de changer pour la première fois de travail parce que je me sentais débordé, surchargé, fatigué et peu épanoui. Cela faisait un moment que mon job ne me plaisait plus et  j'avais déjà commencé à poser de nombreux jalons sur le chemin qui me mène à l'indépendance financière.

C'était mon premier saut.

Paradoxalement, au lieu de lâcher prise, j'ai augmenté la cadence. Je travaillais plus dur que jamais. Beaucoup de personnes auraient sans doute abandonné. Mais je tenais dur car j'avais un objectif : me faire beaucoup d'argent. Et ça a fonctionné. Mes revenus ont augmenté, alors même que mes dépenses stagnaient, voire même diminuaient. J'étais sur l'autoroute de l'indépendance financière... mais à quel prix...

Je commençais à cuire de nouveau. A quoi bon gagner de l'argent et économiser si c'est pour crever dans la marmite ? Alors j'ai encore changé de job.

C'était mon deuxième saut.

Cela s'est bien passé durant un certain temps. J'avais l'impression d'être tombé dans une mare assez paisible et bien tempérée. Mais les choses, insidieusement, ont changé à nouveau. Et aujourd'hui j'ai l'impression que le thermostat s'approche à nouveau du rouge. Je vais devoir bientôt sauter une nouvelle fois.

Mais cette fois sera mon dernier saut. Et surtout ce sera totalement différent. Ce sera le changement qui me permettra de me réveiller à l'heure que je veux. Celui où je déciderai librement du planning de ma journée.

Bien sûr, je pourrais chercher encore une fois un autre travail, plus tranquille. Mais je sais déjà que je ne ferai que reproduire le même schéma une fois de plus. Au début tout est rose, puis à la longue on se fait bouffer. Disons-le franchement: la plupart des gens n'aiment pas ce qu'ils font... même si certains ne vous le diront jamais, par fierté, ou pire, par déni ou manque de clairvoyance.

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Au lieu de chercher une marre plus paisible, je vais utiliser mon job comme un tremplin. Je vais emmagasiner l'énergie de l'eau qui commence à bouillir, je vais continuer à épargner et investir, jusqu'à ce que j'aie les moyens et la motivation nécessaire à effectuer mon dernier saut.

Donc, si vous détestez votre job, utilisez-le à votre avantage. Chargez-vous de son énergie. Ne vous laissez pas abattre. Soyez heureux qu'il vous apporte la motivation nécessaire pour chercher la lumière. Mais ne restez pas trop longtemps dans l'eau bouillante. Vous avez le pouvoir d'être libre, et peut-être même plus vite que vous ne le pensez.

Article inspiré de :

Why I’m Glad To Have Had A Job I Hated


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7 thoughts on “Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts”

  1. Hello Jerome,

    pour ma part il me faudra encore changer une ou deux fois maxi de mare avant de pouvoir faire le grand saut.

    Il est toujours agréable de lire vos articles, vos analyses sur l’indépendance financière et la vie de salarié.

    Caroline

  2. Good morning,

    Merci pour cet article qui donne une vue hélas si commune de ce que l’on peut rencontrer lors d’une carrière. Je me reconnaît parfaitement dans vos propos et votre description…

    Malgré mes tout juste 3 ans d’expériences comme ingénieur dans un grand groupe j’ai rapidement senti monter la T°C et vue bouillir des collègues avant que vienne mon tour! Résultat, je change d’étang tout comme vous.

    La vision à très court terme, un management sans notion humaine et devoir donner toujours plus en rabotant sur la vie perso (directement ou indirectement) a provoqué chez moi une prise de conscience et une volonté de sortir de la cocotte minute.

    En parallèle, j’ai très tôt senti la tendance de fond dans le milieu où j’exerçais, j’ai aussitôt pris la décision de mettre en place une stratégie d’investissement passive basée sur les « Dividend Aristocrat » avec un portefeuille diversifié de 25 lignes renforcé mensuellement.

    Expérimenter le rôle de la grenouille qui bout n’est pas agréable bien sur, surtout après seulement quelques années mais les leçons retirées sont riches d’enseignements lorsqu’on les analyses après coup.

    Bon courage pour le reste de votre parcours sur la route de l’indépendance financière.

    Clément

    1. Bonjour Clément. Merci pour votre commentaire. Nous sommes de plus en plus de grenouilles. Nous sommes surtout de plus en plus nombreux à nous rendre compte de la situation. Pour l’instant c’est une révolution silencieuse qui se trame, mais à la longue on verra fleurir de plus en plus par ci par là des grenouilles qui décident de faire leur dernier grand saut en quittant la rat race. Si pour l’instant c’est encore un phénomène marginal, je me demande ce qui se passera lorsque de plus en plus de grenouilles décideront de quitter la vie active et la société de consommation. Les multinationales n’auront plus d’autre choix que de revoir les conditions qu’elles offrent à leurs esclaves salariés… bref mettre le thermostat moins fort.

      1. Tout à fait d’accord avec vos commentaires. Mais je souhaitais ajouter qu’en plus des multinationales qui pressent comme des citrons, il y a tout aussi moche voire pire, les PME. Et plus particulièrement les PME familiales, qui en plus de demander toujours plus également pour le même prix (avec des volumes demandés en terme de travail pas encore les mêmes que les multinationales (mais chuut elles en ont pas encore tout à fait conscience) sont en plus d’une mesquinerie économiquement parlant et dans le relationnel humain… Elles pensent tenir les salariés. Ben oui, elles pensent nourrir le monde…N’attirant pas les mêmes candidats du fait d’une notoriété plus faible (un constat, pas une critique), elles embauchent des candidats plus dépendants et moins « volatils » donc plus dociles, malléables. C’est déplorable…On assiste certes à un début de mutation économique, professionnelle …et des changements des rapports employeurs /employés, des personnes plus indépendantes. Mais il faudra du temps encore pour rééquilibrer les rapports employeurs / employés; le temps de se créer des sources diversifiées de revenu et de réellement rééquilibrer les choses car il y a de la résistance de la part des employeurs devant lâcher un fonctionnement de supériorité économique confortable et encore de la peur chez les salariés qui n’ont connu que ce modèle.

        A bientôt au plaisir de vous lire.

        Caroline.

      2. Pour les PME ça dépend, il y a de tout. J’ai expérimenté les deux, multinationales et entreprises familiales. Et ma préférence va clairement vers ce deuxième choix. Mais c’est vrai qu’on peut mal tomber, et je pense aussi que la région ou le pays a son influence. Caroline je pense que vous êtes française ? En Suisse la distance sociale entre patronat et les salariés n’est pas trop prononcée, donc dans les PME on n’a pas trop l’impression d’être un pion. Mais bon, de toute façon, aussi bon soit il, un patron reste un patron. Il doit faire des bénéfices et les salariés font partie des charges…

        Vous parlez de personnes plus indépendantes…. Certaines recherches estiment que notre modèle patronat/salarié à vécu et que désormais le monde du travail s’oriente justement vers une montée en puissance des indépendants. Certains sites comme elance ont d’ailleurs depuis longtemps compris le phénomène. Les gens s’y inscrivent, et mettent leurs talents à disposition à travers le globe contre rémunération. Plus de flexibilité et avantages fiscaux pour tout le monde, moins de risques pour le patronat. Cela permet même d’en faire une activité annexe à un travail normal. Peut-être qu’un jour on sera tous des auto-entrepreneurs.

        Au final la quête de l’indépendance financière c’est une approche très particulière de cette tendance.

  3. Good morning,

    Il y a sans aucuns doutes une différence entre les PME / sociétés familiale et grands groupes.

    La machine infernale du toujours plus avec moins est selon moi naturellement plus présente dans les grandes groupes cotés. La pérennité des dividendes et (souvent) la volonté de l’accroître provoquent généralement une cascade de pression du haut du groupe vers le bas.

    L’avidité des dirigeants d’une PME peut également être démesurée et amener un climat de travail délétère, cependant la structure même de la PME lui évite déjà « l’avidité du marché et de la finance ».

    Reste évidemment le management, la chance de tomber sur des personnes justes et correctes qui améliore considérablement nos rapports avec le travail.

    Tout le challenge consiste à naviguer ensuite vers le genre de structure/ambiance/management qui apporte le meilleur ou  » le moins mauvais équilibre ».

    C’est ici que l’indépendance financière, même très partielle, apporte son aide selon moi. Elle apporte une certaine aisance lors des transitions, masquant les soucis financiers qui sont pour bon nombres les premières chaînes contre le changement.

    Cléement

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