Voici un article intéressant de Plan B Economists sur Seeking Alpha que j'ai traduit pour vous. On peut trouver un peu partout sur le Net des investisseurs estimant que les titres payeurs de dividendes sont en situation de bulle. En se référant à d'autres bulles du passé, leur idée est que ces titres vont s'effondrer lorsque les investisseurs commenceront à vendre à cause d'une hausse des taux d'intérêt. Prenons un peu de temps pour se pencher sur cette question, voyons les choses avec recul, et surtout basons nous sur des faits. Qu'en est-il réellement aujourd'hui des titres qui paient des dividendes ?
1. Les valorisations
Séparons d'un côté les non-payeurs et de l'autre les payeurs de dividendes au sein du S & P 500 Index. Calculons ensuite la moyenne du P/E ratio, du forward P/E et du P/S ratio. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous. Comme vous pouvez le voir, le ratio P/E moyen pour les non-payeurs de dividendes est presque le double de celui des payeurs de dividendes. Nous voyons un résultat similaire pour le forward P/E et le P/S ratio.
Dans la catégorie des payeurs de dividende, il y a 188 titres avec des forward P/E de 10 ou moins. Ces 188 actions ont un rendement moyen de 2,78%. Dans ce groupe, il y a plusieurs excellents exemples de payeurs de dividendes avec une évaluation bon marché :
- Caterpillar ( CAT ): Rendement 2,44% / Forward P/E de 9,81
- Wells Fargo ( WFC ): Yield 2,67% / Forward P/E de 9,09
- Chevron ( CVX ): Yield 3,41% / Forward P/E de 8,65
- Microsoft ( MSFT ): Yield 3,46% / Forward P/E de 8,22
Rien à voir avec les évaluations des titres au cours de certaines bulles historiques, comme la bulle technologique de la fin des années 1990 qui ont vu des ratios P/E atteindre les 100 et plus.
2. Taux de distribution
Les taux de distribution sont faibles à modérés par rapport à des ratios historiques. Dans la catégorie des payeurs de dividende le ratio moyen est de 62,69%. Il s'agit d'un taux de distribution raisonnable. En d'autres termes, les entreprises qui versent des dividendes ne le font pas au détriment de leurs propres activités.
Les données ci-dessous montre le ratio de distribution pour le S & P 500 depuis 1871. Alors qu'il est très volatil au cours du temps (parce que les bénéfices ont tendance à être cycliques), une nette tendance à la baisse est illustrée par la ligne de tendance noire. Ceci suggère qu'en plus d'être à des niveaux raisonnables aujourd'hui, les taux de distribution sont historiquement bas et qu'ils ont de la place pour croître. Si les niveaux actuels sont raisonnables, et donc que les taux de distribution peuvent croître, alors les rendements sont pas tendus et les titres de dividendes ne sont pas en situation de bulle.
3. Taux d'intérêt
Les taux d'intérêt sont historiquement bas et ne vont probablement pas descendre plus bas. Certains croient dès lors qu'ils vont bientôt augmenter, d'où une diminution de certains flux de trésorerie fixes tels que les dividendes pour les actions et les coupons pour les obligations. Cependant, aujourd'hui, l'économie ne pourrait pas supporter des taux d'intérêt beaucoup plus élevés. Les banques centrales pressent d'ailleurs sur tous les boutons monétaires pour les maintenir le plus bas possible.
Certains prétendent que nous sommes dans une période de «répression financière» comme celle qui a prévalu durant les années allant de 1940 à la fin des années 1950. Durant cette période, les taux d'intérêt ont été maintenus artificiellement bas pendant une période prolongée afin d'aider le gouvernement américain à éteindre la valeur réelle de la dette publique accumulée au cours de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale. L'histoire montre que les taux d'intérêt peuvent rester ainsi faible pendant un temps très long. Aujourd'hui, avec le niveau d'endettement des pays européens et américains, nous sommes donc encore très loin d'une hausse des taux d'intérêt.
Conclusion
Parler de dividendes en situation de bulle a quelque chose de paradoxal. En effet, l'une des caractéristiques d'une bulle, c'est que les cours des actions montent à des niveaux astronomiques. Comme les cours des actions montent, les rendements en dividendes diminuent. Par conséquent, si les titres de dividendes étaient vraiment dans une bulle, les rendements diminueraient à un point tel que personne ne voudrait les acheter.
Source : http://seekingalpha.com/article/1052841-are-dividend-stocks-in-a-bubble?source=feedDiscover more from dividendes
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Les ratios P/E et le taux de redistribution sont effectivement bons pour les investisseurs et je pense comme vous que l’on peut rester à des taux bas sur une longue période. Le souci est ailleurs, il est dans la dépense publique hors norme, un gouvernement américain qui vit au dessus de ses moyens, 1000 md$/an. Si le gouvernement devait baisser ses dépenses annuelles de 500 ou 800 md$, quel serait l’impact sur les résultats des sociétés ?
Il y aurait un impact bien entendu. Mais n’oublions pas que la plupart des sociétés offrant des dividendes croissants ont une exposition fortement internationale, notamment dans les pays émergents qui ont moins de problème de dette. D’autre part, et comme le dit l’article, un des moyens de résorber cette dette c’est d’affaiblir le dollar. Un billet vert faible est favorable aux entreprises qui sont fortement orientées vers l’extérieur, comme celles qui nous intéressent.
C’est une démonstration claire de l’absence de bulle actuellement. Peut-on pour autant affirmer que les actions à dividendes vont bien performer dans les années à venir, je ne le pense pas. Car les big caps à gros dividendes sont très sensibles aux remontées des taux, et comme ils ne peuvent que remonter, même si cela se passe dans 10 ans, c’est sur que l’inflation pèsera sur leurs résultats.
Personne n’est devin, mais cette peur de l’inflation me renforce encore dans l’idée d’investir plutôt dans des daubasses que dans des big caps.
Mais tout est question de vision : tu cherches à augmenter tes dividendes, quelle que soit la valorisation. Alors qu’en investissant dans des daubasses, on cherche la plus value et l’augmentation du capital.
Sinon pour revenir sur le graphique, n’as tu pas peur que les taux de distribution des dividendes continuent à baisser ? Cette lente tendance à la baisse est bizarre.
Merci pour ton commentaire Tom. Je le nuancerais juste en disant que dans les big caps il y a certes celles à haut rendement, mais il y a aussi, et ce sont celles que je préfère, celles qui offrent un dividendes moyen et croissant. La politique de distribution raisonnable de ces sociétés leur permet de continuer à payer sur le long terme leur dividende, même en cas d’évènement micro ou marco-économique, tel que hausse des taux d’intérêt. Ceci répond aussi à ta dernière question. Certes elles paient moins, mais le font de manière durable, et plus le taux de distribution est faible, plus il y a de la place pour une croissance future du dividende, ce qui est tout bénéfice pour l’investisseur. C’est vrai que cette tendance à la baisse est un peu étonnante mais il ne faut pas oublier qu’en termes historiques nous sortons d’une longue ère où les dividendes étaient très mal vus, ère ponctuée par la bulle Internet. Il ne faut pas oublier qu’historiquement, en moyenne, près de 50% de la rentabilité totale provient des dividendes. Durant les années ’90 ce taux était descendu à 20% seulement, et avant 1950 cela pouvait aller de 50 à 100% ! Je pense que cette tendance baissière devrait se corriger à l’avenir, car les investisseurs sont devenus méfiants des gains uniquement basés sur la plus-value.