Ce mois d'avril a été marqué par une forte envolée du marché suisse, avec un gain de 3.5%. A contrario, la bourse américaine a légèrement fondu (-0.5% en CHF). DER portefeuille déterminant a fait jeu égal avec cette dernière. Même s'il a tenu la comparaison avec le S&P, ce résultat est un peu décevant par rapport au SMI. Je dirais même qu'il a quelque chose de frustrant. Je m'explique.
L’impact des devises
En effet, dans leurs devises respectives, les actifs du PF ont fait aussi bien, si ce n'est mieux que le marché helvétique.
Le CHF a néanmoins explosé ce mois d'avril face aux autres devises. Il a pris durant cette période près de 3 % face au dollar et même près de 6% face au Yen. Difficile, pour ne pas dire impossible, dans des conditions pareilles de réaliser des plus-values sur ses investissements étrangers. Ces deux monnaies sont fortement présentes parmi les actifs du PF. Par effet de balancier, la performance a ainsi été tirée d'autant vers le bas. En un sens, c'est même un exploit dans de telles conditions d'avoir pu maintenir une performance proche de zéro.
Prenons un peu de recul
Il est assez courant que les taux de change varient sensiblement sur le court/moyen terme, à la hausse comme à la baisse. Ce n'est pas la première fois que la force extrême du franc suisse pénalise les helvètes qui investissent à l'étranger. On a déjà vécu ceci en 2011, avant l'instauration du taux plancher, puis en 2015, lors de sa suppression. Aujourd'hui encore, le CHF bat des records historiques face à l'Euro et au Yen. Il n'est pas encore au plus haut face au dollar, mais il vient déjà de prendre 12% en seulement 5 mois. Dans le passé, cette poussée extrême sur le franc a toujours fini par tomber assez rapidement, avec l'aide ou pas de la BNS. Aujourd'hui, cette dernière s'en accommode, à cause de l'inflation, mais pour combien de temps encore ?
Une solution ?
Les variations de change s'équilibrent sur le plus long terme, au profit de la valeur intrinsèque des actifs, comme j'en parle dans mon ouvrage. L'excellent livre de J. Siegel fait aussi mention de ce phénomène.
Pour éviter complètement ces fluctuations à court terme, il faudrait emprunter dans la monnaie de l'actif, mais ce faisant des intérêts sont facturés. L'opération peut finalement coûter plus qu'elle ne rapporte. C'est d'autant plus vrai que les évolutions récentes de change constituent des mauvais prédicteurs des mouvements futurs, qui peuvent aller justement dans l'autre sens. Voir l'article très clair de Quant Investing à ce sujet.
Tant qu'on continue à investir sur la durée, on finit par récupérer ses billes. Il faut juste en être conscient et tenir le cap lors des variations à plus court terme.
Une autre possibilité, c'est d'augmenter la part d'actifs en devises locales. J'ai commencé à le faire un peu avec ma stratégie Blue Chips. Attention toutefois de ne pas aller dans l'autre extrême. Un marché local est par définition petit. Il y a donc moins d'opportunités à y dénicher. À trop vouloir le favoriser, on risque d'investir dans un actif "du coin" de moins bonne qualité, qui en fin de compte fera moins bien qu'un titre étranger de haut vol, malgré les fluctuations de change. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de pépites en Suisse, juste qu'il y en a moins.
Notons également que lorsque le franc s'apprécie, en principe, les valeurs suisses ont tendance à baisser également. L'effet de balancier existe en effet aussi dans ce cas, ce qui s'explique aisément du fait que l'économie est principalement exportatrice et subit la force du franc. Néanmoins, actuellement, c'est paradoxalement plutôt l'inverse qui se passe, avec le CHF et le marché suisse qui progressent simultanément, à cause du renchérissement. La force du franc bénéficie en effet aux entreprises par rapport à l'achat de matières premières. Mais, encore une fois, pour combien de temps ?
Bref, des solutions existent, mais ne sont pas forcément nécessaires. À plus long terme, elles peuvent même s'avérer contre-productives.
Performance des Monats in CHF
En détail, voici la performance du PF et de chacune de ses stratégies :
Le portefeuille, comme souligné en introduction, a fait jeu égal avec le S&P 500 (-0.5%). La stratégie QVM, prédominante au sein du PF, a sensiblement tiré vers le bas le résultat d'ensemble. Ce n'est pas étonnant vu qu'elle est constituée de beaucoup de titres japonais. Pour les raisons évoquées ci-dessus, ceci ne remet pas en question cette approche, mais démontre en revanche la pertinence de l'introduction récente du Trading Auto Signal et de la stratégie "Blue Chips" qui se sont nettement mieux comportés.
Plus de diversité dans les méthodes, c'est leur permettre de se compléter, compenser la faiblesse temporaire d'une par les autres, donc diminuer les risques et tendre à générer des performances aussi stables et positives que possible. Ces nouvelles approches sont amenées à prendre encore un peu plus d'importance en termes d'allocation ces prochains mois.
Performance seit Jahresbeginn in CHF
Cela nous donne une performance en CHF depuis le début de l'année de 4.6% pour le PF déterminant, avec une volatilité de seulement 10% (en annualisé). Le S&P 500 (en CHF) se situe très légèrement dessous, à 4.3%, mais avec une volatilité deux fois supérieure. Notons qu'actuellement, le marché domestique helvétique vit une petite bulle, à cause de la force du franc décrite ci-dessus. Depuis le début de l'année, on frise ainsi un gain de 10%. À voir combien de temps encore ça va tenir ainsi.
Portefeuille déterminant (01.01.2023-30.04.2023)
Portefeuille (2010-2022)
Stratégie "Blue Chips"
Depuis le 13 avril dernier, la stratégie Big Caps US a été élargie à d’autres pays développés, notamment à la Suisse. Elle se focalise sur des titres de premier ordre, de haute qualité, bénéficiant d’une situation dominante à l’échelle nationale ou internationale. En principe, il s’agit de grosses capitalisations, mais cela peut aussi concerner des mid-caps qui possèdent un avantage concurrentiel à plus petite échelle.
Cette stratégie demeure encore et toujours gérée selon les principes de l’achat-conservation (buy & hold). En d’autres termes, les fluctuations des cours ne déclenchent pas de signal de vente, malgré leur impact sur la valorisation et le momentum. En revanche, une détérioration importante de la qualité des fondamentaux de l’entreprise peut amener à clôturer la position. Un titre peut aussi être remplacé par un autre si ce dernier est susceptible de mieux contribuer à la performance de la stratégie.
Le nom de cette stratégie passe de « Big Caps US » à « Blue Chips ».
Modifications au sein du PF
À partir du mois de mai, les indices en actions des pays développés (Suisse, Europe, UK, USA, Canada, Japon et Australie) seront regroupés sous une seule ligne (Stratégie QVM). Seul le momentum absolu (en combinaison avec le chômage) déterminera dorénavant si la position est investie ou non. De ce fait, l'indicateur du momentum relatif pour cette classe d'actifs passe à zéro, avec une couleur grise : .
Les investisseurs qui suivaient une approche uniquement centrée sur les ETFs, sans passer par les actions en direct, peuvent conserver leurs ETFs en actions des pays développés, tant que le signal de la stratégie QVM reste investi. Par la suite, c'est l'ETF CSPX qui fera l'affaire.
Ce changement résulte de plusieurs backtests que j'ai réalisés récemment et qui ont montré que le portefeuille réagissait mieux lorsque la partie supérieure du portefeuille (qui comprenait les actions des pays développés) étaient gérées de manière indépendante de la partie inférieure du portefeuille (les ETFs).
De ce fait, on a désormais 4 stratégies bien distinctes qui se côtoient : QVM, Blue Chips, Trading Auto Signal et les autres ETFs. La lecture du tableau en est facilitée.
Dernier corolaire de ce changement, les matières premières (ou "Commodities") et les Utilities US tirent leur révérence. En effet, avec cette nouvelle approche, ils ont tendance à tirer vers le bas la performance d'ensemble dans tous mes backtests.
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Bonjour Jérome,
J’ai encore un peu de mal à comprendre la nouvelle stratégie de miser sur CSPX plutôt que certains ETF des pays développés. En effet, CSPX est en fait identique à SPY. Alors pourquoi le dissocier de l’Auto-signal?
L’avantage de miser sur les ETF de certains pays développés est justement de profiter d’un momentum qui peut être bénéfique par rapport à une autre région du monde, non? Dans mon cas, ça veut aussi dire que je n’investis plus dans les actifs japonais (jusqu’ici je mise que sur l’ETF et pas les actions individuelles) et que je remplace par les actifs Américains uniquement.
Peux-tu m’éclairer? Merci
Salut Nico,
Je pourrais presque écrire un article entier sur le sujet ! Je vais essayer d’être aussi clair et bref que possible :
– Le portefeuille a été conçu initialement sous la forme d’une allocation tactique globale d’actifs (avec allocation adaptative). De ce fait, comme d’autres portefeuilles de ce type (comme le GTAA 13 AGG6 de Meb Faber), il était nécessaire d’attribuer plusieurs lignes différentes d’ETFs en actions pour que ceux-ci ne soient pas sous-pondérés par rapport aux autres actifs.
– L’introduction récente du Trading Auto Signal et de la stratégie Blue Chips m’a amené à réaliser un certain nombre de tests supplémentaires pour voir comment le portefeuille dans son ensemble réagissait. Mon idée première était de conserver l’allocation globale adaptative sur tous les actifs. Toutefois, je me suis rendu compte, que, contrairement à ma première intuition, celui-ci se comportait mieux lorsque les stratégies étaient clairement scindées les unes par rapports aux autres. Ceci était même valable pour les actions (le haut du tableau) par rapport aux autres actifs (le bas du tableau, comprenant l’or, les obligations, l’immobilier, etc.).
– Partant de là, vu que les ETFs en actions se comportaient mieux de manière autonome, sans être soumis à l’allocation tactique adaptative, faisait-il toujours sens de splitter cette approche en plusieurs ETFs ? Cette exigence venait comme nous l’avons vu au point 1, du besoin de pondérer suffisamment les actions dans le PF. N’était-il pas plus simple de directement à attribuer une allocation stratégique à un groupe plus restreint d’ETFs, voire un seul ? Mes backtests m’ont montré que le S&P 500 (via CSPX ou SPY) était l’approche qui amenait les meilleurs résultats, que ce soit en b&h ou avec moyenne mobile/taux de chômage. C’est somme toute assez cohérent avec d’autres recherches qui ont montré la supériorité sur le très long terme de l’indice phare américain par rapport aux autres pays.
– Il faut relever par ailleurs la très forte corrélation qu’il existe entre le S&P 500 et les autres indices nationaux (on navigue autour de 0.8, sauf pour le Japon qui est à 0.7, à cause d’une performance historique médiocre). Là aussi c’est logique. Les valeurs américaines tirent le restent du troupeau. Les 15 plus grosses capitalisations au monde sont américaines. De ce fait, lorsque le S&P 500 décline, les autres ont tendance à faire pareil, et vice-versa. Conserver une allocation tactique adaptative sur tous les ETFs en actions, aurait signifié engendrer plusieurs transactions plus ou moins inutiles sur le court-terme, donc du travail et des frais inutiles, sans compter que les résultats auraient finalement été légèrement moins bons. On remarque d’ailleurs que depuis ce changement de paradigme, les ETF du portefeuille sont plus stables d’un mois à l’autre.
– Précisons, toutefois que nous parlons ici, en termes de performance, de différences marginales. S’aligner sur CSPX seul ou conserver les ETFs des autres pays développés, ne va pas booster à la hausse les résultats ou au contraire les faire s’effondrer. Mais la nouvelle approche est plus simple, plus compréhensive, plus facile à mettre en oeuvre, réclame moins de travail et engendre donc moins de frais de transaction. Pour ceux qui veulent absolument conserver un ETF d’un pays développé, rien ne s’y oppose. Ils peuvent suivre CSPX pour les transactions (liées à la moyenne mobile et au taux de chômage), vu la corrélation élevée.
– Enfin, soulignons la différence avec le Trading Auto Signal et CSPX (avec MM + chômage). Le TAS fonctionne sur une base journalière. Même si les positions ne changent qu’une vingtaine de fois par an en moyenne, elles peuvent permuter plusieurs fois en l’espace d’un seul mois. CSPX (avec MM+chômage) est géré lors du bouclement mensuel, comme l’allocation d’actifs. On travaille donc sur des horizons temporels différents : TAS sur le court terme, CSPX sur le long terme. TAS peut être long, cash ou short. CSPX peut être long ou cash. On peut donc se trouver avec six configurations différentes : long/long, long/cash, cash/long, cash/cash, short/long, short/cash. Donc, dans certains cas, TAS renforce la position de CSPX, dans d’autres il est neutre, dans d’autres il couvre CSPX et dans la dernière il est purement baissier. En fait le TAS est nettement moins corrélé à CSPX que les autres ETFs des pays développés ! Voilà pourquoi on le dissocie.
Voilà, j’espère avoir pu apporter un peu plus de clarté 😉
Oui c’est bien plus clair! Ça m’arrange même étant donné que j’ai un petit portefeuille, ça diminue les frais 🙂
Merci Jérôme