La prévoyance professionnelle (LPP) constitue un des trois piliers du système de retraite suisse. Dans cet article, nous allons examiner en détail comment fonctionne un portefeuille LPP typique en Suisse, sa composition et ses performances historiques.
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Les fondamentaux du portefeuille LPP en Suisse
La prévoyance professionnelle (LPP) est le deuxième pilier du système de retraite suisse, complétant l'AVS/AI (1er pilier) et l'épargne individuelle (3e pilier). Les caisses de pension gèrent les avoirs LPP des assurés et les investissent sur les marchés financiers pour générer des rendements.
Le but principal d'un portefeuille LPP est de préserver le capital des assurés tout en cherchant à obtenir des rendements positifs à long terme. Pour atteindre cet objectif, les caisses de pension diversifient leurs investissements dans différentes classes d'actifs, telles que les actions, les obligations, l'immobilier et les placements alternatifs.
Les décisions d'investissement des caisses de pension sont encadrées par la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (LPP) et son ordonnance (OPP2). Ces textes légaux définissent les principes de gestion, les limites d'investissement et les exigences en matière de transparence et de gouvernance.
La performance des portefeuilles LPP a un impact direct sur le niveau des rentes futures des assurés. C'est pourquoi il est important pour les caisses de pension d'adopter une stratégie d'investissement prudente et adaptée au profil de leurs assurés, tout en respectant les contraintes légales.
Composition et répartition des classes d’actifs LPP
Un portefeuille LPP typique est composé de plusieurs classes d'actifs, chacune ayant ses propres caractéristiques de risque et de rendement. Les principales classes d'actifs sont:
Les obligations: titres de créance émis par des États, des entreprises ou des organisations supranationales. Elles offrent généralement des rendements stables mais relativement faibles.
Les actions: titres de participation dans des entreprises cotées en bourse. Elles présentent un potentiel de rendement plus élevé mais aussi une volatilité plus importante.
L'immobilier: investissements directs ou indirects dans des biens immobiliers (résidentiels, commerciaux, etc.). Cette classe d'actifs offre des revenus locatifs réguliers et une certaine protection contre l'inflation.
Les placements alternatifs: investissements non traditionnels tels que le private equity, les hedge funds ou les matières premières. Ils visent à diversifier le portefeuille et à générer des rendements décorrélés des marchés boursiers.
La répartition des classes d'actifs au sein d'un portefeuille LPP dépend de plusieurs facteurs, notamment:
- La structure démographique des assurés (âge moyen, ratio actifs/rentiers)
- Les engagements de prévoyance (taux de couverture, taux d'intérêt technique)
- La tolérance au risque de la caisse de pension
- Les attentes de rendement à long terme
Limites d’investissement selon l’OPP2
L'ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (OPP2) fixe des limites d'investissement pour chaque classe d'actifs, afin de garantir une diversification adéquate et de limiter les risques. Voici les principales limites d'investissement selon l'OPP2:
- Actions: maximum 50%
- Immobilier: maximum 30% (dont 1/3 à l'étranger)
- Placements alternatifs (dont matières premières) : maximum 15%
- Placements en devises étrangères sans couverture du risque de change: maximum 30%
- Créances : maximum 10% par débiteur, sauf si Confédération
Ces limites s'appliquent à la fortune totale de la caisse de pension et non à chaque portefeuille individuel. Les caisses de pension peuvent donc adopter des stratégies d'investissement différentes selon les caractéristiques de leurs assurés (par exemple, une stratégie plus prudente pour les rentiers et une stratégie plus dynamique pour les actifs).
Performance historique réalisées par les caisses de pension
Les performances des portefeuilles LPP dépendent fortement de l'allocation des classes d'actifs et des conditions de marché.
Selon l'étude "Performance des institutions de prévoyance" publiée par Swisscanto en 2021, les rendements annualisés des caisses de pension suisses sur les 20 dernières années (2001-2020) se situent autour de 4%. L'Indice Credit Suisse des caisses de pension suisses, sur une période un peu plus longue, et avec des données plus récentes (2000-2024), fixe ce résultat plus bas encore, autour des 3%. Le taux minimal LPP, fixé par le Conseil fédéral, est encore moins élevé, actuellement à 1.25%.
Au regard des opportunités offertes par l'OPP2 en matière de choix d'investissements, il est surprenant de constater des résultats aussi modestes. Une performance annuelle moyenne de 3% à 4% ne permet pas en effet pas de garantir des retraites adéquates. Le taux minimal LPP, fixé à un niveau extrêmement bas, soulève lui aussi des interrogations.
J'avais déjà exprimé mes réserves à ce sujet en 2019, en soulignant que les résultats devraient logiquement se situer autour de 6.7 % par an, ce qui représente le double de la performance actuelle des caisses de pension. Mon analyse portait alors sur la période 2010-2019, une période particulièrement favorable aux actions et qui pouvait expliquer en partie l'écart observé. Nous allons donc mettre à jour cette analyse en utilisant des données plus récentes et qui couvrent un plus long horizon temporel.
Backtests des portefeuilles LPP
Pour les backtests des portefeuilles je vais avoir recours aux instruments autorisés au sein de l'OPP2, dans les limites imparties :
- Pour représenter la part en actions (max. 50%), j'utiliserai les ETFs EWL (MSCI Switerland) et SPY (S&P 500).
- Pour l'immobilier (max. 30%), j'aurai recours à une sélection de plusieurs fonds cotés immobiliers helvétiques. L'ETF SRFCHA aurait aussi pu faire l'affaire sur la totalité de cette position, mais malheureusement son historique est relativement court (2011).
- Pour les obligations (maximum 10% par débiteur, sauf si Confédération), j'emploierai les ETFs TLT (Obligations gouvernementales US de 20 ans et +) et CSBGC0 (obligations gouvernementales CH de 7 à 15 ans).
- Pour l'or (maximum 15%), je j'utiliserai l'ETF GLD.
À partir de ces instruments, je vais tester quatre portefeuilles en utilisant la limite de 50% en actions prévue par l'OPP2. À noter que j'aurais pu aller au-delà de cette limite car celle-ci s'applique en vérité à la fortune totale de la caisse de pension, comme mentionné plus haut.
Je testerai également un portefeuille représentatif des caisses de pension helvétiques, avec une part en actions moindre (autour des 30%). De cette manière on aura une vue complète du sujet.
Le backtest s'étend de 2004 à 2024, avec une performance indiquée en francs suisses. Il couvre donc une période deux fois plus importante que ma première analyse (en 2019). Surtout il comporte la crise des subprimes, celle du virus de Wuhan et la hausse des taux d'intérêts qui a suivi.
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Les meilleurs portefeuilles, composés de 50% d'actions, mélangées entre le marché suisse et américain, avec 30% d'immobilier helvétique, 10% d'obligations gouvernementales (US ou CH) et 10% d'or, réalisent une performance annuelle moyenne de plus de 7% par an.
Malgré les crises évoquées ci-dessus, ce résultat est encore supérieur à celui obtenu dans ma dernière analyse (6.7%). C'est très loin des 3% à 4% de rendements annualisés obtenus par les caisses de pension. Cela représente même près de six fois le taux minimal LPP.
Une des explications souvent avancées par les caisses de pension pour justifier cette contre-performance, c'est le vieillissement de la population. Comme le disait le directeur de la caisse de pension des CFF : "Nous sommes de la mauvaise génération. Ce n'est vraiment pas de chance. Nous devons être prudents, nous ne pouvons pas détenir 70% d'actions, car en cas de crash, là, nous aurions un problème pour verser les rentes. Le fait d'avoir beaucoup de rentiers nous pousse à une stratégie de placement plus défensive. De nombreuses caisses sont dans cette situation. C'est lié à la démographie et le nombre de retraités ne va pas en diminuant."
On ne leur demande pas 70% d'actions. D'ailleurs, au bilan de la fortune de leur caisse, ils n'y ont pas droit, selon l'OPP2. Dans les faits, les caisses de pension comportent en moyenne 30% d'actions, avec 1/3 de valeurs helvétiques et 2/3 de titres étrangers. Le dernier portefeuille que nous avons testé ci-dessus en est un exemple représentatif. Même dans ce cas, avec pourtant une allocation archi-défensive, la rentabilité annuelle moyenne se monte à 5.42% entre 2004 et 2024. Cela représente deux points de pourcentage de plus que le rendement moyen des caisses de pension et quatre points supplémentaires par rapport au taux minimal LPP.
Les placements sûrs ne sont pas suffisamment rentables pour payer l'intégralité des rentes. Les caisses de pension n'ont donc pas d'autre choix que de subventionner ces dernières en grapillant sur les rendements des placements, au détriment des rentes futures des actifs.
Impact sur les retraites
Les points de pourcentage possèdent un gros défaut : ils ont tendance à paraître abstraits et à faire passer les différences pour plus petites qu'elles ne le sont dans la réalité. Ce phénomène est encore plus marqué lorsqu'il se manifeste sur une très longue durée. C'est le fameux effet boule de neige.
Afin de rendre ceci plus concret, prenons le cas d'une personne qui commence à cotiser pour sa prévoyance vieillesse à l'âge de 25 ans. Son employeur et lui-même versent 10'000 francs par an au total sur un compte LPP. Pour faire simple, on va imaginer que cet apport reste inchangé jusqu'à l'âge de sa retraite, à 65 ans.
Reprenons à présent les différents portefeuilles LPP ci-dessus et voyons le capital obtenu à l'âge de la retraite ainsi que la rente annuelle (en fonction du taux de conversion de 6.8%) :
- Meilleur portefeuille LPP testé (rendement 7.07%/an) : capital final = CHF 2'159'445 / rente annuelle : CHF 146'842
- Portefeuille représentatif de ce qui devrait être obtenu avec les caisses de pension (rendement 5.42%/an) : capital final = CHF 1'385'397 / rente annuelle : CHF 94'207
- Résultats des caisses de pension selon Swisscanto et Crédit Suisse (rendement 3.5%/an) : capital final = CHF 856'678 / rente annuelle : CHF 58'254
- Taux minimal LPP (1.25%/an) : capital final = CHF 515'669 / rente annuelle : CHF 35'065
Impressionnant. On a versé exactement le même montant chaque année et on a conservé les mêmes limites fixées par l'OPP2. Pourtant, on trouve sur la première marche du podium un retraité qui peut vivre la grande vie. Surtout que s'y ajoutent encore l'AVS et un éventuel 3e pilier.
À l'autre opposé, on a l'exemple typique d'un retraité, comme il y en a beaucoup, qui va végéter bien en dessous de son niveau de vie précédent, même si l'on y ajoute le 1er pilier. Celui juste en-dessus, qui n'est pas au minimum LPP s'en sort un peu mieux, mais il aura intérêt à avoir assuré le coup en épargnant, investissant et/ou en constituant un 3e pilier, s'il veut maintenir son ancien niveau de vie. Pourtant, comme on le voit à la deuxième ligne, avec la même politique de placement, ce retraité devrait obtenir une très belle retraite, surtout lorsqu'on y a ajoute encore l'AVS.
Le taux minimal exigé par la Confédération est beaucoup trop bas. Les caisses de pension se donnent ainsi bonne conscience en annonçant des rendements annuels entre 3% et 4%. Pourtant, elles devraient rétribuer en moyenne, en fonction de leur politique de placement, près de 5.5% par an. Elles pourraient même aller jusqu'à 7% en misant plus sur les actions. L’article 5 de l’OPP2 précise : « L’institution de prévoyance doit tendre à un rendement correspondant aux revenus réalisables sur le marché de l’argent, des capitaux et des immeubles ». De toute évidence on est loin du compte.
Les frais de gestion peuvent expliquer quelques dizaines de points de pourcentage, mais pas plusieurs points. Un ratio de frais raisonnable pour un portefeuille géré activement est d’environ 0,5 % à 0,75 %, tandis qu’un ratio de frais supérieur à 1,5 % est généralement considéré comme élevé. Pour les fonds passifs, le ratio de frais moyen est d’environ 0,12 %. Or, les caisses de pension font souvent l’objet d’une gestion passive, pour des raisons de simplification et dans le but de limiter les coûts.
Assurance sociale
La LPP, à l'instar de la LAMal et de l'AVS, constitue une assurance sociale. Ce concept présente deux problèmes majeurs, directement issus de cette appellation :
- Assurance : en s'assurant on délègue la gestion du risque à quelqu'un d'autre. On paie, en plus de la provision liée à la couverture de l'évènement, des frais supplémentaires importants, généralement qualifiés d'administratifs. Qu'on ait besoin ou pas de l'assurance n'y change rien, ces frais sont taxés de toute façon. Autrement dit, on vous facture rien que pour le fait d'encaisser votre argent.
- Sociale : les risques sont dilués sur plusieurs individus, ce qui signifie que, d'une manière ou d'une autre, une majorité finance les besoins d'une minorité. La répartition des aléas sur un nombre important de personnes diminue la responsabilité individuelle via le phénomène de paresse sociale. Ceci est d'autant plus marqué que les assurances sociales sont obligatoires : "j'y ai cotisé, j'y ai droit".
Ceci entraîne un gros flux d'argent forcé de l'individu vers l'institution en charge de l'assurance sociale (AVS, LPP, LAMal, chômage, etc). À cause des coûts de fonctionnement monstrueux de l'organisation, de l'absence de concurrence, de la nature obligatoire des prélèvements, de la paresse sociale des assurés, des salaires élevés des cadres et gestionnaires, l'argent qui redescend vers les bénéficiaires est misérable.
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Le dispositif profite à une minorité : l'institution en charge de l'assurance sociale, l'Etat, les assureurs privés, quelques autres intermédiaires et certains assurés qui abusent du système. Le mécanisme ne crée pas de richesse, il ne fait que la détourner au profit d'escrocs, qui prélèvent directement votre salaire, sans aucun risque de se faire pincer. Ceux qui sont supposés justement être protégés par l'assurance sociale en question en font les frais : l'argent qu'ils reçoivent en retour est dérisoire.
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A contrario, si l'individu assurait lui-même ces risques, il bénéficierait d'un meilleur retour sur investissement. En provisionnant ces montants pour le futur, il éviterait que des rapaces viennent piquer dans sa caisse. Il profiterait sur le long terme de la magie des intérêts composés. De plus, alors que la paresse sociale encourage à dilapider l'argent des assurés, l'individu qui s'auto-assure a tout intérêt à agir de manière responsable vis-à-vis de son bas-de-laine.
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Conclusion
L'analyse des portefeuilles de prévoyance professionnelle révèle une réalité préoccupante. Les nombreuses opportunités offertes par le système de prévoyance obligatoire LPP, notamment à travers l'OPP2, ne bénéficient pas aux assurés des caisses de pension.
Les résultats des backtests indiquent clairement qu'il serait possible d'obtenir des rendements nettement supérieurs, sans forcément prendre plus de risque. Cette contre-performance impacte malheureusement directement la qualité de vie des retraités. Les caisses de pension devraient pourtant pouvoir garantir un niveau de vie décent, voire confortable, pour l’ensemble des rentiers.
Ceci soulève des questions relatives à la gestion des fonds et à la transparence des opérations réalisées au sein de ces institutions financières. On peut aussi s'interroger à propos des critères de sélection des investissements, des compétences des gestionnaires de fonds et de l'engagement envers les assurés qui leur confient leurs économies.
En fin de compte, qui bénéficie réellement des fonds investis au sein des caisses de pension ? Beaucoup d'intermédiaires assurément. Mais pas vraiment les assurés, qui devraient pourtant voir leurs économies travailler à leur profit. L'iniquité manifeste entre les rendements disponibles et ceux réalisés ne fait qu'accentuer les doutes sur l'intégrité et l'efficacité du système de prévoyance.
Il ne faut pas s'étonner dès lors que la votation sur la 13e rente AVS ait passé facilement le cap. Malheureusement, une fois de plus, celle-ci sera financée par les mêmes pigeons qui se font déjà plumer avec la LPP.
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Merci beaucoup pour cette analyse très parlante Jérôme et qui donne à réfléchir… 😉
Avec plaisir Pedro
**Ma réflexion lors de l’introduction de l’OEPL en 1995**
L’entrée en vigueur de l’Ordonnance sur l’encouragement à la propriété du logement (OEPL) en 1995 a marqué un tournant dans le système de prévoyance suisse. Cette réforme permettait aux assurés d’utiliser leur capital du 2ᵉ pilier pour financer l’achat de leur résidence principale. Dès son introduction, j’y ai vu un signal clair, une inflexion qui, à mon sens, préfigurait un affaiblissement du système de prévoyance professionnelle.
Derrière cette mesure, il était possible de percevoir un message sous-jacent : une incitation à retirer son capital de prévoyance avant qu’il ne soit soumis à des réformes moins favorables. L’érosion progressive des taux de conversion et la baisse des rendements des caisses de pension laissaient déjà entrevoir un avenir où la retraite par capitalisation deviendrait moins avantageuse. La possibilité d’investir dans l’immobilier apparaissait alors comme une alternative stratégique pour ceux qui avaient les moyens d’en profiter.
Au début des années 90, la Suisse subissait les conséquences de l’éclatement de sa bulle immobilière. Les banques, engluées dans des portefeuilles de crédits hypothécaires en difficulté, se trouvaient en quête de solutions. L’OEPL est alors apparue comme un levier permettant de redynamiser le marché en facilitant l’achat de biens immobiliers, contribuant ainsi (déjà…) à stabiliser le secteur bancaire.
Avec le recul, les conséquences de cette réforme sont aujourd’hui manifestes : un déplacement de capitaux vers l’immobilier, une explosion des prix d’achat et une pression sur les loyers. En facilitant l’accès à la propriété grâce au 2ᵉ pilier, la demande s’est accrue plus rapidement que l’offre, alimentant une inflation des prix.
Paradoxalement, alors que la réforme visait à favoriser l’accession à la propriété, elle a rendu le marché de plus en plus inabordable pour les nouvelles générations. Quant au 2ᵉ pilier, les fonds qui auraient été capitalisés pour financer les retraites ont été largement mobilisés pour financer des acquisitions immobilières.
Avec le recul de 30 ans, l’OEPL a contribué à transformer le système de prévoyance suisse en encourageant une privatisation indirecte des risques de la retraite. Plutôt que de garantir des rentes sur le long terme, elle a poussé les assurés qui en avaient les moyens à investir dans l’immobilier.
Aujourd’hui, alors que les débats sur la réforme du 2ᵉ pilier et la hausse des loyers sont au centre des discussions politiques, il est essentiel de réfléchir à l’impact de telles mesures sur la solidarité intergénérationnelle.
Merci pour cet éclairage intéressant. Je n’avais pas fait le rapprochement entre l’introduction de l’OEPL et la crise immobilière des années 90. Maintenant que tu le soulignes ceci paraît évident. Décidément ce petit arrangement entre amis « Confédération-Banques » est une marque de fabrique de la Suisse !
Ton commentaire soulève aussi le paradoxe de l’œuf et de la poule : est-ce l’OEPL qui a réduit les rendements de la LPP en déplaçant les fonds vers l’immobilier ou est-ce que les résultats médiocres des caisses ont incité les assurés à investir leurs avoirs LPP dans la pierre. C’est certainement un peu des deux : l’OEPL a ouvert la brèche et les rendements déclinants se sont accélérés avec les retraits.
Dans mon cas je n’ai pas hésité, j’ai liquidé tous mes avoirs LPP en ayant recours à l’OEPL. Cela a énormément contribué à mon indépendance financière.
« ce petit arrangement entre amis « Confédération-Banques » est une marque de fabrique de la Suisse ! » ça nous rappel quelque chose n’est-ce pas?
Les rendements réalisés par les caisses de pensions sur les 30 dernières années n’ont pas été aussi mauvais qu’elles le prétendent, par contre l’idée de partager les profits avec les assurés n’a jamais fait partie de leurs projets. N’oublions pas que ce système a été conçu par et pour les compagnies d’assurances.
Pour comprendre l’organisation de ce hold-up sur notre épargne (obligatoire) au profit des assureurs, j’invite les lecteurs de ce blog à lire le livre de Pietro Boschetti « L’affaire du siècle, le 2e pilier et les assureurs » aux éditions Livreo-Alphil. Ce livre offre une perspective critique sur les origines et le développement du système de prévoyance suisse, en mettant en lumière les intérêts privés qui ont influencé sa structure actuelle. L’ouvrage invite à une réflexion sur la nécessité de réformes pour assurer une prévoyance vieillesse plus transparente, en limitant l’influence des assureurs privés.
Je n’ai pas encore lu ce livre, mais j’ai vu le film qui en est tiré « le Protokoll« .
Voici aussi une interview intéressante de P. Boschetti.
Ce qui est hallucinant c’est que le scandale des 20 milliards est sorti en 2002 et que rien n’a changé depuis. Les excédents continuent à s’envoler en fumée. À combient de dizaines, ou de centaines de milliards se monte la facture ? Le rachat du Crédit Suisse par UBS, considéré comme le casse du siècle, c’est du pipi de minet à côté.
Une chose est sûre, nous ne faisons pas partie du groupe d’amis qui profitent de ces petits arrangements.
Ce qui est surprenant c’est le peu de visibilité médiatique et le manque d’intérêts pour ce sujet politiquement très incorrect.
Les 1’600 milliard de fonds LPP, ça fait saliver tous ces requins de la finance, les plus opportunistes pourraient aller jusqu’à s’imaginer une rente de situations à nos frais. Mais peut-être que j’ai un peu trop d’imagination…
En ce qui concerne la faillite du Credit Suisse et du rachat par UBS, je ne suis pas sûr que nos concitoyens ont conscience que leur caisse de pension avait pour la plupart, très certainement, directement ou indirectement, pas mal de Credit Suisse dans leur portefeuille.
En effet. La plupart des politiciens ne comprennent de toute façon rien à la finance. Les seuls qui savent de quoi il en retourne, sont ceux qui y ont des conflits d’intérêts. Il n’y a pourtant pas besoin d’être très malin pour comprendre la différence entre un chiffre d’affaires et un bénéfice ou encore entre les plus-values qu’on peut dégager sur les marchés et le rendement annoncé par les caisses de pension. Et pourtant il a fallu 20 ans pour que le premier scandale éclate.