Nous entamons notre exploration des portefeuilles avec l'allocation la plus élémentaire possible, reposant sur une seule classe d'actifs : les actions. Cette stratégie peut sembler téméraire pour certains. Cependant, nous verrons qu’elle n’est pas aussi irréfléchie qu’elle le paraît.
Un portefeuille d'investissement 100% actions peut offrir des opportunités de croissance intéressantes, mais comporte également des risques importants. Dans cet article, nous allons passer en revue les avantages et les inconvénients d'un portefeuille entièrement composé d'actions, ainsi que les stratégies pour gérer efficacement ce type d'investissement.
Avantages d’un portefeuille 100% actions
Les investisseurs qui choisissent un portefeuille 100% actions le font généralement dans l'espoir d'obtenir des rendements plus élevés que ceux offerts par d'autres types d'investissements. Historiquement, les actions affichent une rentabilité supérieure à long terme par rapport aux autres classes d'actifs. Ceci est étayé par bon nombre de recherches, notamment celles de J. Siegel dont nous avons déjà parlé dans nos articles précédents.
De plus, de nombreuses entreprises versent régulièrement une partie de leurs bénéfices sous forme de dividendes à leurs actionnaires. Ces dividendes peuvent fournir un flux de revenus réguliers pour les investisseurs, en plus des gains potentiels en capital.
Risques associés à un portefeuille 100% actions
Cependant, un portefeuille 100% actions comporte également des risques plus élevés. Les cours des actions peuvent être volatils et sujets à des fluctuations importantes à court et moyen terme. Cette volatilité peut entraîner des pertes importantes pour les investisseurs, en particulier s'ils ont besoin de retirer leur argent à un moment où le marché est en baisse. Les personnes qui ont atteint le stade de l'indépendance financière et qui ont commencé à retirer leur capital sont particulièrement exposées à ce risque.
Horizon d’investissement et portefeuille en actions
Ceci nous amène à la question de l'horizon d'investissement, soit la durée pendant laquelle un investisseur prévoit de conserver ses titres. Plus celle-ci est courte, plus il y a de risques de perdre de l'argent avec les actions. La durée la plus délicate se situe en-dessous de 10 ans. J'en ai moi-même fait l'amère expérience quand j'ai commencé à investir en 2000. J'en ai bavé jusqu'en 2010. Il est vrai qu'au niveau du timing il était difficile de faire pire.
En revanche, pour les investisseurs ayant un horizon d'investissement supérieur, un portefeuille 100% actions peut être approprié. Sur le long terme, en effet, la volatilité des actions s'amenuise. Elle devient même inférieure à celle des bons du Trésor à partir d'un horizon de placement de 20 ans. Ceci a aussi été démontré par J. Siegel.
Diversification dans un portefeuille 100% actions
En plus du temps, l'autre aspect à prendre en compte, c'est la diversification. Se limiter à une seule classe d'actifs n'empêche pas de diversifier à l'intérieur de celle-ci. Cela consiste à répartir ses investissements dans :
- différentes entreprises (évidemment)
- différentes tailles d'entreprises (grandes, moyennes et petites capitalisations)
- différents secteurs économiques
- différents pays.
Il y a plusieurs possibilités de le faire. La première, c'est d'acquérir un ETF large (comme VT) qui couvre toutes ces catégories. La deuxième, c'est d'investir dans plusieurs ETFs afin de mixer différentes sous-classes d'actifs. La dernière, c'est de panacher des ETFs et des actions, voire de ne miser que sur des actions.
On a déjà évoqué, dans notre article précédent, ces différentes approches. On a aussi vu les caractéristiques, les atouts et les inconvénients des ETFs qui s'appuient sur des sous-indices sectoriels, géographiques ou relatifs à la capitalisation boursière. Voyons à présent ce que ça donne quand on les assemble.
Je précise que tous les résultats des backtests ci-dessous sont donnés avec le CHF comme monnaie de référence. En dollars ou dans la plupart des autres devises, ils seraient donc encore meilleurs, vu la force historique du franc suisse. On reparle plus bas de l'aspect monétaire.
Capitalisations vs Marché US
Nous avons vu dans le dernier article de cette série que les ETFs avaient un biais important en faveur des grosses capitalisations. Nous avons aussi abordé le fait que les petites capitalisations ont tendance à afficher des rendements excédentaires par rapport au marché. Si l'on décide d'investir via un seul ETF large, même s'il comprend des petites entreprises, on se prive ainsi partiellement du potentiel associé aux capitalisations réduites. De plus, on concentre sa position sur un seul fonds, ce qui peut s'avérer risqué. À l'inverse, avoir recours à plusieurs ETFs de type "Cap" permet de diluer ce risque, tout en permettant théoriquement d'obtenir une rentabilité supérieure. Pour en avoir le cœur net, voyons ce que cela donne.
Prenons d'un côté l'ETF VTI qui représente la quasi-totalité du marché US, toutes tailles d'entreprises confondues. Comme il est pondéré par la capitalisation, les entreprises de grande envergure exercent une forte influence sur l'évolution du fonds. Pour plus d'infos relatives à cet ETF, se référer à notre dernier post.
De l'autre côté, utilisons quatre ETFs pour disséquer le marché en parts égales :
- Grosses capitalisations : SPY
- Moyennes capitalisations : IWR
- Petites capitalisations : IJR
- Micro capitalisations : IWC
Chaque ETF est réajusté une fois par an pour le faire correspondre à 1/4 de la valeur du portefeuille.
En accordant plus de représentativité aux entreprises plus petites, cette stratégie devrait comme on l'a dit afficher une meilleure performance que le marché dans sa totalité (ETF VTI). Pourtant le résultat est décevant :
En vérité, ce n'est guère étonnant. Dans notre dernier article, on avait déjà constaté que plus on descendait l'échelle de la capitalisation, moins les ETFs avaient tendance à refléter les rendements excédentaires qui sont susceptibles d'être atteints avec les entreprises de petite taille. IWC est particulièrement touché par ce phénomène, avec une rentabilité annuelle moyenne inférieure à 5% sur cette période, associée à une volatilité bien plus élevée que les autres ETFs. On avait contourné ce problème en sélectionnant directement des actions de Micro Caps, plutôt que transiger IWC. Pour ce faire, on va avoir recours au filtre qualitatif déjà utilisé dans notre dernier post.
Les résultats sont nettement plus convaincants :
Pourquoi ne pas dès lors se focaliser uniquement sur les Micro Caps de qualité? C'est une possibilité effectivement, puisqu'on obtient ainsi un joli CAGR de 13.4%. De plus, malgré une volatilité plus élevé, le ratio de Sharpe se situe à 0.62, donc encore plus haut que ci-dessus. Mais il y a encore mieux à faire.
Si l'on regarde les quatre sous-classes d'actifs utilisées pour décomposer le marché, on constate que les trois premières sont fortement corrélées. A contrario, les Micro Caps de Qualité et le S&P 500 sont celles qui le sont le moins.
Ceci signifie qu'on peut obtenir paradoxalement une meilleure diversification en utilisant moins d'instruments. En se focalisant sur SPY et les Micro Caps de Qualité on améliore encore le CAGR et le ratio de Sharpe par rapport à la version avec IWR et IJR.
Le CAGR est certes légèrement plus bas que celui des Micro Caps de Qualité seules (13.4%), mais le ratio de Sharpe est sensiblement meilleur. Autrement dit, à risque égal, la rentabilité de cette approche est la meilleure. Pour ce faire, les sous-indices doivent être alloués en parts égales, soit 50% pour SPY et 50% pour les Micro Caps de qualité.
Par rapport à VTI, il n'y pas photo. On obtient un rendement excédentaire supérieur à 3%, pour un ratio de Sharpe bien meilleur. Avec cette approche, on corrige le biais des ETFs en faveur des grosses capitalisations, ce qui permet d'améliorer les résultats tant du point de vue de la rentabilité, que de la gestion des risques.
Secteurs économiques vs Marché US
On a parlé dans notre dernier post que certains ETFs sectoriels :
- affichent une corrélation relativement faible avec le marché et surtout entre eux
- montrent des résultats probants en termes de rentabilité et de risque
C'est notamment le cas de QQQ (Nasdaq 100), VDC (Consumer Staples) et XLV (Health Care). Les secteurs concernés ne sortent pas de nulle part. Je les ai déjà backtestés dans le cadre du PP 2.0 (un upgrade du Permanent Portfolio). Leur mix fait sens et fonctionne car il associe des positions défensives à des titres de croissance. Contrairement au PP 2.0, qui utilise aussi des bons du Trésor et de l'or, on va se focaliser ici sur les actions, via les trois ETFs précités. On reviendra dans nos prochains articles sur le Permanent Portfolio et sur le PP 2.0.
Pour la référence du marché US on va prendre cette fois SPY plutôt que VTI. En effet QQQ et XLV sont basés sur de très grosses entreprises. VDC est un peu plus large mais demeure assez élevé en termes de capitalisation.
Les résultats sont assez bluffants :
Les trois ETFs sectoriels, répartis à parts égales et rééquilibrés une fois par an, nous permettent d'obtenir non seulement une rentabilité meilleure que le marché, mais en plus avec un ratio de Sharpe supérieur. La croissance apportée par QQQ et la défense apportée par VDC et XLV font des miracles lorsqu'elles sont associées.
Le CAGR est moins bon que celui de la stratégie SPY & Micro Caps de qualité que nous avons vue ci-dessus, mais le ratio de Sharpe est meilleur. Autrement dit, à risque égal, cette approche est plus performante. A contrario, le CAGR est meilleur que celui du PP 2.0, mais le ratio de Sharpe est moins bon. C'est normal, vu qu'on a ici qu'une seule classe d'actifs, avec les actions.
Avec seulement trois ETFs, cette approche obtient des résultats très probants par rapport au marché, tant du point de vue de la performance, que du risque. De plus, elle permet de diversifier son portefeuille sur trois positions, au lieu d'une seule (SPY).
Diversification internationale
La diversification géographique est un autre aspect à prendre en compte. En investissant dans des entreprises de différents pays et régions, on peut théoriquement bénéficier de la croissance économique mondiale et réduire la dépendance à l'égard d'une seule économie. Toutefois, comme nous l'avons déjà évoqué lors de notre précédent article sur les ETFs, la situation n'est pas aussi simple dans la réalité.
Les marchés émergents, ainsi que certains pays développés, affichent des résultats assez décevants sur le long terme. On ne peut pas parler seulement ici de facteurs conjoncturels. Il y a un réel problème structurel qui pèse depuis des années sur les économies concernées. Diverses causes peuvent être évoquées. Pour les marchés émergents, on a déjà parlé des attentes excessives des investisseurs. Siegel a montré qu'il existe paradoxalement une corrélation négative entre la croissance du PIB et les rendements boursiers. On peut aussi y ajouter aussi la corruption, les fraudes et les politiques anti-libérales, instables ou carrément hostiles de nombreux gouvernements. Pour les pays développés, c'est souvent lié à un interventionnisme excessif de l'Etat, comme en France. Sans surprise, les pays les plus libéraux sont aux aussi très souvent ceux dont les actions performent le plus, comme on va le voir plus loin.
Le risque de change
Un médecin prescrit un médicament seulement s'il est certain que ses bénéfices surpassent ses effets secondaires. C'est une démarche avisée qu'on peut aussi appliquer en matière d'investissement. Quand on cherche à gérer un risque, il faut être certain qu'on n'en crée pas un autre plus important. L'épargnant qui refuse d'investir en bourse à cause des risques à court terme est ainsi certain de perdre de l'argent à long terme à cause de l'inflation.
Les investisseurs en actions comprennent bien ceci. Pourtant, plusieurs d'entre eux gèrent le risque de change comme un épargnant lambda gère celui des actions : en l'évitant. Ce faisant ils créent un autre problème. Se focaliser sur les titres domestiques entraîne une lacune en matière de diversification, ce qui se traduit directement sur le risque et la performance.
Un pays peut subir des évènements conjoncturels qui l'affectent plus que d'autres. Le deuxième semestre 2024 en est un excellent exemple pour la Suisse, touchée de plein fouet par l'écroulement de la demande chinoise dans le secteur de l'horlogerie.
Il existe un danger encore plus insidieux pour ceux qui manifestent une préférence nationale : la défaillance structurelle, telle qu'évoquée précédemment. Un pays peut enregistrer des performances médiocres pendant plusieurs années, voire des décennies. De nombreux pays européens se trouvent dans cette situation. Ainsi, un investisseur français ou belge qui se limite à des actions domestiques a été considérablement désavantagé par rapport à ses compatriotes ayant adopté une stratégie d'investissement diversifiée à l'échelle mondiale. La même observation s'applique à un investisseur suisse présentant un biais national, bien que sa situation soit légèrement meilleure grâce à la forte exposition internationale du marché helvétique.
De mars 1996 à décembre 2024 les indices nationaux ont progressé comme suit (Total Return en CHF) :
- USA : 1032%
- Canada : 601%
- Suède 517%
- Australie : 488%
- Espagne : 400%
- Suisse : 397%
- France : 340%
- Pays-Bas : 338%
- Allemagne : 260%
- Belgique : 200%
- Autriche : 196%
- Italie : 194%
Imaginez un instant la frustration de l'investisseur italien, autrichien ou belge qui, par crainte des fluctuations monétaires, n'a pas osé placer ses fonds à l'étranger.
Sur le court terme, le risque de change est bien réel et peut peser sur la performance d'un portefeuille. À plus longue échéance en revanche, il est infime lorsqu'on investit dans des actifs comme les actions, l'immobilier et l'or. J. Siegel (encore lui) explique ce phénomène par le fait que les actifs possèdent une valeur intrinsèque qui compense sur le moyen à long terme les fluctuations des devises.
Comme on le voit ci-dessus, et comme on va aussi le constater plus loin, ceci est valable même pour les investisseurs helvétiques. Malgré la faiblesse des autres devises par rapport au franc suisse, le risque de change en investissant dans des titres étrangers est minime sur le long terme. Il est plus risqué même de ne pas le faire.
Investir de manière large dans le marché mondial
Une approche globale simpliste, via un ETF unique, (tel que VT de Vanguard), n'est pas optimale. Les résultats ne sont pas au rendez-vous, tant du point de vue de la rentabilité que du risque, comme je l'ai détaillé dans l'article consacré aux ETFs. On va donc explorer ci-dessous d'autres configurations possibles afin de déterminer celle qui nous offre le plus de chances de succès. On utilisera majoritairement le marché américain comme cadre de référence, vu que c'est celui qui a historiquement le mieux performé.
Marché domestique vs Marché US
Comparons à présent les résultats d'une stratégie strictement nationale (ici la Suisse, avec l'ETF EWL) contre le marché américain (SPY). Je précise une nouvelle fois que j'utilise le CHF comme monnaie de référence.
Au cumul, entre 1996 et 2024, comme on l'a vu plus haut, cela représente, sur 28 ans, près de 400% pour le marché helvétique, contre plus de 1'000% pour le marché américain. La différence est énorme. D'autant que le ratio de Sharpe est plus élevé pour le marché US, signifiant qu'à risque égal il a encore mieux performé que le marché suisse.
Marché domestique & international vs Marché US
Pour palier ce problème de nombeux investisseurs ont recours à un mélange d'actions nationales et internationales. Le 50/50 est un grand classique, mais on rencontre tous les panachages possibles, en fonction de la préférence nationale, de l'aversion au risque et du pays de résidence. Pour le backtest, on se limite à trois configurations, qui nous donnent un ordre de grandeur pour l'ensemble des possibilités :
- 75% actions domestiques / 25% actions internationales
- 50% actions domestiques / 50% actions internationales
- 25% actions domestiques / 75% actions internationales
Le portefefeuille est rééquilibré une fois par an afin de l'aligner avec les allocations prévues.
Pour les actions domestiques, j'ai utilisé EWL (MSCI Switzerland). Comme les titres suisses figurent dans le haut du panier des actions hors USA (cf. liste ci-dessus), un investisseur français ou belge aurait obtenu des résultats légèrement inférieurs. A contrario un investisseur canadien aurait été légèrement avantagé.
Pour les actions internationales, j'ai utilisé VT (Total World Stock). Ce n'est pas parfait car il y a un petit chevauchement avec les actions suisses (2% de l'ETF). Il n'existe malheureusement pas d'ETF d'actions internationales hors Suisse. L'impact sur les résultats demeure toutefois marginal. Comme l'historique de VT ne remonte que jusqu'à 2008, le backtest ne remonte pas plus loin, mais ça couvre déjà une jolie période.
Pour le benchmark, on conserve le marché américain, en utilisant cette fois VTI plutôt que SPY. En effet, la capitalisation des titres de EWL et VT est plus en rapport avec VTI qu'avec SPY.
Quelle que soit l'allocation choisie, les résultats sont toutefois assez décevants :
Evidemment, pour le CAGR, il fallait s'y attendre. Deux ETFs relativement peu performants ne deviennent pas meilleurs quand on les assemble. On a vu que l'indice helvétique était à la traîne par rapport au marché US. On a aussi évoqué le fait que VT était fortement pénalisé par les marchés émergents et certains pays développés. On aurait pu toutefois s'attendre à un meilleur effet sur la gestion des risque. Or, le ratio de Sharpe est nettement plus bas, quelle que soit l'allocation choisie, que celui du marché US.
Marché US & domestique vs Marché mondial
Si on ne parvient pas à obtenir de meilleurs résultats en combinant le marché domestique au marché mondial, pourquoi ne pas l'associer simplement au marché US ?
Sur la même période que ci-dessus, et toujours en rééquilibrant le portefeuille une fois par an, on obtient les résultats suivants :
Constats :
- Les résultats sont nettement meilleurs avec VTI (au lieu de de VT), tant du point de vue du CAGR que du ratio de Sharpe.
- L'ajout de EWL à VTI dans le portefeuille ne parvient pas à améliorer le CAGR, ce qui était attendu vu sa relative faible performance.
- L'ajout de EWL à VTI, même à petites doses, ne parvient pas non plus à améliorer le ratio de Sharpe, ce qui est un peu plus étonnant. On aurait pu imaginer en effet que le caractère défensif des titres helvétiques aurait pu influencer positivement ce ratio.
Faut-il dès lors se focaliser uniquement sur les USA ? Pas forcément. D'abord parce que comme on le dit toujours "Les performances passées ne sont pas garantes des performances futures" (même si elles ont souvent tendance à se répéter). Ensuite, comme on l'a vu plus haut, des évènements conjoncturels peuvent fragiliser n'importe quel pays, même les USA. La diversification, encore et toujours, est donc primordiale.
Le problème des indices nationaux hors USA, c'est qu'ils reposent sur un nombre très petit de sociétés. Le MSCI Switzerland par exemple (ETF EWL) compte une quarantaine de titres. Vu qu'ils sont pondérés par la capitalisation, les plus grosses positions ont influence énorme sur le cours de l'indice et donc de l'ETF. Dans le cas d'EWL par exemple, les dix premières positions représentent les 2/3 de l'indice. Rien que les deux premières (Nestlé et Novartis) pèsent pour 1/4 de l'indice. Evidemment, dans cette situation, on comprend que la diversification avec un tel ETF n'est pas optimale.
Il n'est dès lors guère étonnant qu'on ne parvienne pas à améliorer un portefeuille en incluant ces ETFs basés sur des indices nationaux hors USA. Ceci se produit même avec ceux qui ont le plus performé dans le passé, comme le Canada, la Suède, l'Espagne ou l'Australie. En fait, c'est avec la Suisse qu'on obtient le meilleur ratio de Sharpe, grâce à ses vertus défensives. Mais comme on l'a vu ci-dessus, VTI seul se comporte encore mieux.
On a connu une situation similaire avec les Micro Caps, dans le post précédent. Les ETFs relatifs à cette sous-classe d'actifs ne parvenaient pas à reproduire leurs rendements excédentaires. On avait coutourné le problème en sélectionnant directement des actions. Voyons ce que ça donne si on applique le même principe.
Pour la sélection de titres helvétiques j'ai appliqué des filtres qualitatifs (marge, rotation des actifs, couverture des intérêts, et score de Piotroski) aux entreprises qui constituent le MSCI Switzerland. J'ai retenu, à parts égales, les cinq qui se classaient le mieux en fonction de ces critères. Chaque position est fixée à 5% de la valeur du portefeuille, pour représenter un total de 25%, le reste étant dévolu à au marché amércain, via l'ETF VTI.
Les résultats de la diversification internationale sont cette fois bien plus convaincants :
Le CAGR passe nettement devant VTI seul, avec un bien meilleur ratio de Sharpe. Encore une fois, comme avec les Micro Caps, la sélection de titres en direct est payante.
Capitalisation, secteurs et pays
Résumons les enseignements jusqu'ici :
- Du point de vue de la capitalisation, le meilleur PF, sur le marché US, est constitué à 50% de SPY et à 50% de Micro Caps de qualité
- Du point de vue des secteurs, le meilleur PF, sur le marché US, est constitué, à parts égales de QQQ, VDC et XLV
- Du point de vue des pays, le meilleur PF est constitué à 75% de VTI et à 25% de Big & Mid Caps suisses de qualité
En compilant toutes ces données, on obtient le portefeuille suivant :
- 75% pour le marché US
- 37.5% de Big Caps
- 12.5% QQQ
- 12.5% VDC
- 12.5% XLV
- 37.5% de Micro Caps de qualité
- 37.5% de Big Caps
- 25% de Big & Mid Caps suisses de qualité
Comme cadre de référence je vais reprendre les trois ETFs que nous avons utilisés ci-dessus : VTI pour la capitalisation, SPY pour les secteurs et VT pour les pays. Le test rétroactif entre 2008 et 2023 nous donne de très jolis résultats :
Les trois benchmarks sont allègrement battus, tant du point de vue du CAGR que du ratio de Sharpe. Certes, ce portefeuille est plus compliqué à mettre en oeuvre à cause de la sélection d'actions en direct. Un investisseur qui ne veut pas se prendre la tête pourra donc se contenter de celui relatif aux secteurs (QQQ+VDC+XLV) qui donne également de très bons résultats pour une approche facile à suivre.
Conclusion
Un portefeuille composé uniquement d'actions peut malgré tout être diversifié et relativement peu risqué pour ce type d'actif. Pour cela, il faut jouer avec la capitalisation, le secteur d'activité et la zone géographique. Une stratégie sectorielle, basée sur quelques ETFs assez peu corrélés entre eux, offre de bons résultats, meilleurs que le marché, tout en demeurant facile d'accès. SI l'on est prêt à sélectionner en plus des actions en direct, on peut obtenir des chiffres très convaincants, tant du point de vue de la rentabilité, que du risque.
Les stratégies basées exclusivement sur des actions sont très rentables sur le long terme, mais elles peuvent ne pas convenir à tous les investisseurs. Les inexpérimentés ou ceux qui ne possèdent pas une grande tolérance au risque auront tout avantage à commencer par des portefeuilles plus conservateurs. On en verra un certain nombre dans nos prochains backtests.
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