Quel paradoxe ce mois de décembre. D'un côté, le S&P 500 gambade autour de ses records historiques, tandis que de l'autre le dollar s'écroule, en particulier par rapport au franc suisse. Ce dernier d'ailleurs bat lui aussi des records par rapport aux autres devises. La dernière fois que cela s'était produit, cela avait poussé la BNS à instaurer un taux plancher face à l'euro.
Aujourd'hui, on n'est évidemment plus dans le même mood, reste à savoir néanmoins si cela la poussera à assouplir quelque peu sa politique monétaire. Parce que là, on est vraiment très haut. En 2023, le CHF a ainsi pris la bagatelle de 5% face à l'euro, 10% face au dollar et même 16% face au yen.
Dans ces conditions, naturellement, un investisseur helvétique part avec un handicap majeur. Comme un forçat, il se traîne avec un boulet aux pieds. Cela a été le cas durant toute cette année, avec cette impression paradoxale déjà évoquée de gagner et de perdre en même temps.
Performance du mois en CHF
Le portefeuille, avec un gain de 1%, obtient un assez bon résultat d'ensemble. Il fait jeu égal avec le S&P 500 (en CHF), mais demeure toutefois inférieur au marché helvétique (2.6%). Là encore, on ressent cette sensation ambivalente, avec d'un côté le sentiment qu'on aurait pu faire mieux, mais de l'autre celui que, tenant compte des règles du jeu inéquitables, on a enfin de compte obtenu un score plus que correct. Avec un envol spectaculaire de 4% du franc face au dollar, rien que ce dernier mois, la performance aurait en effet tout aussi bien pu être négative. C'est plus du double de la fluctuation mensuelle moyenne entre le CHF et l'USD depuis 1999 !
Notons encore que le résultat inférieur au marché s'explique aussi par la part de cash qui a oscillé entre 20 et 36%. Heureusement, celle-ci était totalement libellée en CHF. Si les liquidités limitent quelque peu les réjouissances, elles permettent également de diminuer la volatilité d'ensemble, comme nous le verrons plus loin. De plus, elles nous accordent quelques cartouches supplémentaires à utiliser le cas échéant. Cela tombe bien, j'ai quelques titres sous le radar pour le début d'année prochaine.
La stratégie QVM a joué cette fois le rôle de locomotive, avec des titres grimpant fortement, jusqu'à même 10%. Cette approche montre enfin ce que l'on est en droit d'attendre d'elle. Il était temps, car, durant cette année, elle a plutôt été à la peine. Comme je l'avais mentionné le mois dernier, si cette stratégie traverse des moments difficiles, elle finit toujours par se rattraper sur le long terme. Espérons que cette fois la sauce prenne pour du bon et que ce soit de bon augure pour 2024. Je vais commencer en tout cas à la renforcer quelque peu dès le mois de janvier.
La stratégie Blue Chips, avec 1.7%, a réalisé une jolie performance sur ce mois de décembre. Sur l'ensemble de l'année, bien qu'elle ait introduite en cours de route, elle figure parmi les meilleures approches.
Après un mois de novembre incroyable, le Trading Auto Signal rentre dans le rang en décembre, avec un petit gain (0.4%). Une fois n'est pas coutume, il fait moins bien que toutes les autres approches, mais finit quand même en territoire positif. Il faut dire qu'il est demeuré cash une très grosse partie du mois, faute de signal. Les gains en dollars effectués lors des jours de trading étaient par ailleurs tirés vers le bas par la force du CHF/USD. Comme mentionné plus haut, la part de cash était heureusement investie en CHF le reste du temps. Cette allocation importante non investie durant certaines périodes contribue à maintenir la volatilité d'ensemble sous contrôle. Le TAS réalise une belle année 2023, avec des résultats positifs, réguliers et une faible volatilité.
Pour finir, la stratégie TAA réalise un résultat correct (0.7%), grâce à l'envol des cryptos (près de 10%), ce qui a permis de plus que contrebalancer la baisse de l'or. J'apprécie cette approche par l'absence de corrélation qu'elle affiche avec le marché boursier, ce qui permet là aussi de diminuer la volatilité d'ensemble. Comme la TAA vient d'être modifiée, il est difficile de tirer un bilan pour 2023.
Performance depuis le début de l’année en CHF
Cela nous donne une performance en CHF depuis le début de l'année de 5.4% pour le PF déterminant. C'est un résultat assez correct, mais insuffisant par rapport à la performance espérée pour ce PF et par rapport aux objectifs d'indépendance financière. Il faut dire que l'envol du franc par rapport au dollar (+8.6%) a très fortement pénalisé, tout au long de l'année, la performance d'ensemble.
Les transformations effectuées en cours année, avec l'introduction du Trading Auto Signal, de la stratégie Blue Chips, de la Tactical Asset Allocation, le tout en stratégies distinctes et autonomes, devraient permettre d'améliorer les résultats l'année prochaine. En tout cas, on a déjà vu des effets positifs depuis ces modifications. Ceci sera d'autant plus vrai, si le franc suisse cesse son envol, ou mieux (mais on n'ose même plus l'espérer), dégonfle.
On est également quelque peu en dessous du marché helvétique (+7.6%). Toutefois, aidé par sa volatilité moindre, le portefeuille conserve encore et toujours un bien meilleur ratio de Sharpe que le marché (qui mesure la rentabilité par rapport aux risques). Autrement dit, à risque égal, le PF a mieux performé que le marché.
Portefeuille déterminant et indice MSCI Switzerland depuis le début de l'année (performance en CHF)
Un petit mot sur la volatilité
Pour autant qu'un investisseur possède une très bonne tolérance au risque ET qu'il soit en phase d'accumulation du capital, la volatilité de ses placements n'est pas primordiale. Il peut s'accommoder ainsi d'une variation assez importante de ses investissements, puisque ce qui est important pour lui, ce sont les résultats sur le long terme. En revanche, un investisseur qui flippe à chaque soubresaut de ses actifs, risque de commettre des mauvais choix. Surtout, la volatilité des placements devient primordiale lorsque l'on est en phase de retrait du capital (donc lorsqu'on devient rentier). En effet, une variation trop importante de ce dernier, alors même que l'on est en train de le ponctionner, peut conduire à la faillite pure et simple.
De ce fait, une stratégie d'investissement doit tenir compte au moins en partie de la volatilité. Celle-ci n'est pas aussi importante que la rentabilité par rapport à l'indépendance financière, mais elle compte tout de même dans l'équation. J'ai chiffré ce phénomène dans les Déterminants de la richesse. Comme je le mentionne dans cet ouvrage :
il faudra une volatilité nettement plus basse si on veut compenser une
performance en légère baisse (une rentabilité annuelle de 6% au lieu de
7% devra par exemple être compensée avec une volatilité de 13% au lieu
de 17%).
Par hasard, cet exemple est assez proche du résultat du portefeuille, qui affiche un résultat de 5.4%, versus 7.6% pour le marché. Toutefois, sa volatilité est nettement plus basse que dans cet exemple, avec 9%, contre 16% pour l'indice MSCI Switzerland. De ce point de vue, on est donc plus que dans les clous, même si la rentabilité attendue du portefeuille devrait être plus élevée.
Pour l'année prochaine, à moins d'un krach boursier, je m'attends même à une volatilité un peu plus basse, grâce aux ajustements effectués ces derniers mois sur l'ensemble des stratégies.
Performance depuis 2010 en CHF
Depuis son lancement en 2010, le portefeuille maintient encore et toujours une légère avance sur le marché suisse (7.4% en moyenne annuelle contre 6.5%).
Portefeuille et indice MSCI Switzerland depuis 2010 (performance en CHF)
Mise à jour du portefeuille
Le portefeuille déterminant sera mis à jour le 2 janvier dans la partie membres. Quelques changements de positions sont déjà prévus.
Je profite de l'occasion pour vous souhaiter une belle et heureuse année 2024.
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Bonjour Jérôme et meilleurs voeux 2024 à toi et tes proches.
merci pour ton article et récap.
Si je comprends bien, ta position « Cash » dans le portefeuille déterminant est systématiquement converties en CHF ou cela dépend de la situation des devises?
De mon côté, je ne fais pas systématiquement des A/R de devises entre mes investissements p.ex. sur des actions libellées en USD… donc le cash reste alors soumis à l’évolution du taux de change p.ex. USD:CHF comme ces derniers mois, et ce qu’on gagne d’un côté on le perd progressivement de l’autre !
Merci pour ton éclairage,
Salutations
Sébastien
Salut Sébastien
merci et tous mes voeux également.
OUi j’avais indiqué le mois dernier que je précisais dorénavant sous liquidités la monnaie correspondante.
Jusque là, pour le trading auto signal, je restais en dollars, comme tu le fais.
Toutefois mes backtests m’ont indiqué que les résultats étaient légèrement meilleurs (pour le risque et la rentabilité) lorsque je tenais compte du momentum des devises pour déterminer leur positionnement. Voire, encore plus simple, lorsque je gardais la position cash systématiquement en CHF. Ceci même si je tiens compte des coûts de transaction.
Ceci est bien sûr valable uniquement pour la position cash. Pour les actifs (actions, bons du trésor, or…) , comme je l’ai toujours dit, les fluctuations des devises n’ont pas d’incidence à long terme.