Bull, Bear : qui a raison, qui a tort ?

Temps de lecture : 4 minutes

Comme disait Stephen King :

"Même une pendule arrêtée donne l'heure exacte deux fois par jour."

En bourse, c'est encore plus facile, car on peut avoir raison et tort en même temps! Tout dépend de la perspective...

Prenons l'exemple suivant :

En A, au sommet de marché, on peut être Bull et avoir raison malgré le krach qui suit juste après. Il suffit de rester investi sur le long terme. A contrario, si on est Bear, bien qu'on soit excellent au niveau du timing sur le court terme, on a eu tort rétrospectivement, déjà quelques mois plus tard. Même si le marché baissier avait duré plus longtemps, comme en 2000-2003 par exemple, la bourse aurait fini par remonter.

La position Bear n'est tenable qu'à court terme, d'où la différence entre les positions "longues" (acheteuses) et "courtes" (vendeuses). Précisons toutefois que dans le cas d'une action isolée, un Bull peut avoir tort sur le long terme (et le Bear a contrario raison, puisqu'une entreprise peut faire faillite ou du moins finir dans un purgatoire pouvant durer plusieurs décennies, comme UBS).

En B, au creux de marché, le Bull a raison sur tous les tableaux, à court comme à long terme. Notons quand même qu'il faut un sacré coup de chance pour tomber pile au bon moment. Cela parait facile quand on voit la suite du graphique, mais ça l'est nettement moins dans la vie réelle. Le Bear, quant à lui, est en revanche très mal emmanché!

En C, en phase de trading range, le Bear et le Bull ont raison et tort à la fois sur le court terme. Ça monte, ça descend... Globalement, leur position n'est ni gagnante, ni perdante, donc on ne peut pas vraiment dire qui des deux est dans le vrai. Parfois, c'est l'un, parfois, c'est l'autre. Comme on ne peut pas nommer de vainqueur sur le court terme, on va dire qu'ils se sont trompés tous les deux. Sur le long terme par contre, le Bull l'emporte à nouveau.

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En D, en phase haussière, comme dans le creux du marché, le Bull est juste sur toute la ligne, tant à court qu'à long terme, au contraire du Bear qui la passe très mauvaise.

En E, en phase baissière, comme dans le sommet du marché, le Bull passe un mauvais quart d'heure. Toutefois, en conservant sa position, il parviendra à être dans le juste sur le long terme (même si on ne le voit pas sur le graphique... la bourse finit en effet toujours par remonter). A contrario, le Bear a raison sur le court terme, mais est à nouveau faux sur le long terme.

Tout dépend de quoi on parle

On constate que selon l'échelle temporelle considérée, on peut avoir à la fois raison et tort. Néanmoins, si les positions haussières ont à court terme à peu près autant de chances d'être justes que les baissières, sur le long terme, elles sont toujours gagnantes.

Quand on dit qu'on est Bear, sans préciser de durée, on a toujours tort. Le Bear ne peut avoir raison que s'il précise que c'est à court terme et qu'il le fait au sommet du marché (bonne chance pour le déceler) ou durant une phase baissière. Quand on s'affirme Bull, sans préciser de durée, on a raison uniquement durant les creux du marché et durant les phases haussières. Le Bull peut aussi avoir raison dans tous les cas s'il précise que c'est sur le long terme ou, à court terme, dans un creux du marché (bonne chance également) ou durant une phase haussière.

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En bref, on a le plus de chances d'avoir raison :

  • Si on est Bull sur le long terme;
  • Si on est Bull dans une phase haussière ou Bear dans une phase baissière;
  • Si on est Bull dans un creux du marché ou Bear au sommet du marché, tout en étant cocu et en faisant ses prières.

Le Bear ne peut avoir raison que sur le court terme, en tout cas lorsqu'on parle d'un indice. Pour les actions individuelles, comme déjà mentionné, il peut aussi gagner sur la longueur.

Le Bull a l'avantage de pouvoir se tromper sur le court terme. Avec un peu de patience, et surtout beaucoup de courage et de ténacité, il finira par avoir raison (en tout cas sur les indices).

Et puis, c'est sans doute le plus intelligent, on peut jouer sur les deux tableaux : en alternant les avis haussiers et baissiers sur le court terme, en fonction des tendances, tout en demeurant long sur la durée.

Somme toute, l'important n'est pas d'avoir raison ou tort, mais d'être à l'aise avec la stratégie suivie. J'ai commencé cet article par une citation de Stephen King, je vais laisser l'inspecteur Harry conclure :

 

 


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2 réflexions sur “Bull, Bear : qui a raison, qui a tort ?”

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    « la bourse finit en effet toujours par remonter »
    Et pourtant, « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ».
    À ma connaissance, il n’y a aucune loi économique (universelle) qui garantisse que la tendance sera toujours à la hausse sur une échelle de temps d’une espérance de vie (ou plus).
    C’est ce qu’on a observé depuis que la Bourse existe, certes. Mais la naissance de celle-ci coïncide aussi plus ou moins avec le développement économique fulgurant dû à l’augmentation de la productivité et démographique (exploitation d’énergies bon marché et progrès de la médecine/hygiène).
    Si ces énergies se tarissent sans alternatives autant propices au développement économique et que l’on a dépassé les limites des ressources des écosystèmes terrestres, ce qui induit une diminution de leur capacité tôt ou tard, alors il me semble vraisemblable que la Bourse puisse avoir une tendance globale baissière sur du long terme (c’est-à-dire à l’échelle d’une espérance de vie ou du moins d’une génération).

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      Un point pour toi ! C’est vrai. L’énergie est toutefois omniprésente sur notre terre, et même dans notre univers (l’hydrogène constitue 75% de sa masse). Ce n’est donc pas qu’on manque d’énergie (au sens propre du terme :-)), juste qu’on ne sait pas (encore) l’exploiter de manière efficiente et durable. Il est possible en effet que ceci passe par une crise énergétique, le temps nécessaire à développer (ou parfaire) de « nouvelles » technologies, aidées en cela par la hausse des prix. Après ceci, la bourse remontera, comme elle est remontée par exemple près les deux pics pétroliers des années ’70.

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