Performance du 1er semestre 2021

Ça commence à devenir une habitude depuis quelques temps. Semestre après semestre le marché bat mon portefeuille presque systématiquement, grimpant toujours plus haut, jusqu'au firmament. La mise en place du portefeuille déterminant en janvier 2020 n'a pas réussi à corriger ceci, même s'il s'est très bien comporté l'année dernière. Il faut dire que lorsque le marché est archi bullish comme il l'est actuellement, il est difficile, pour ne pas dire impossible de le battre en ayant recours à de l'allocation d'actifs.

Un marché qui s’emballe

Durant ces six premiers mois, le Swiss Performance Index a ainsi explosé de 14.7%. C'est énorme en si peu de temps, alors même qu'il partait déjà de très haut en début d'année. Durant le même temps, mon portefeuille s'est contenté d'un peu plus de la moitié, soit 8%. Si j'étais gestionnaire de fonds, il est probable qu'en ce moment je serais déjà en train de pointer au chômage.

Toutefois, comme dit l'adage, comparaison n'est pas raison. La performance relative inférieure du portefeuille déterminant par rapport au marché ne veut pas dire que la stratégie utilisée est inappropriée. En tout cas pas sur une période aussi courte. Au contraire, à regarder de plus près, cette stratégie répond parfaitement aux attentes. Elle donne également bien plus de gages de sécurité que le marché par rapport aux défis qui nous attendent. Il y a quatre éléments qui le démontrent : le mode de fonctionnement du portefeuille, la valorisation des actions et l'inflation.

Mode de fonctionnement du portefeuille

Le portefeuille déterminant se compose de divers actifs (pas uniquement d'actions). Je les réalloue une fois par mois en fonction de leur valorisation, de leur momentum, de leur volatilité et d'un critère macroéconomique. On est donc très loin d'un portefeuille de type buy & hold à 100% investi en actions (comme le marché). Mon livre vous donnera plus de détail sur la stratégie suivie et sur les fondements scientifiques qui la soutiennent.

L'un des buts d'allouer plusieurs actifs au sein d'un portefeuille, c'est de diminuer sa volatilité globale. Ceci permet, comme décrit dans mon ouvrage, de raccourcir le temps nécessaire à devenir financièrement indépendant. L'autre point positif, qui va de pair avec une diminution de la volatilité, c'est de lisser la performance et d'éviter des périodes négatives trop fréquentes et de trop grosse ampleur.

Dans le même genre d'idée la préférence pour des titres de valeur au détriment de titres de croissance permet également de diminuer la volatilité d'un portefeuille, tout en assurant une meilleure performance, sur le long terme.

La contrepartie de l'allocation d'actifs et de la préférence donnée aux titres de valeur, c'est qu'il faut accepter de se laisser battre par le marché, lorsqu'il est en nette surchauffe. On ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Si l'on regarde la performance de ce premier semestre, en annualisé, cela nous donne 16%. C'est déjà très bien. C'est d'ailleurs ce qu'on peut attendre de sa part sur le long terme selon les backtests (cf. mon ouvrage). On est donc parfaitement dans le tir.

Une grosse proportion de cash

Notons encore que la sélection de titres de valeur devient de plus en plus difficile à cause du niveau du marché. Ainsi, durant ce premier semestre, le portefeuille a compté en moyenne environ 30% de cash, faute de mieux. Le modèle donnait certes une allocation cible quasi nulle en liquidités, mais je n'ai pas réussi à trouver suffisamment de titres dignes d'intérêt pour y arriver. Réaliser une performance de 16% en annualisé avec un tiers du portefeuille positionné en cash, constitue un très bon résultat. Cela permet surtout de mieux se préparer pour une future correction du marché.

La valorisation des actions

Un positionnement à 100% en actions, représentait assurément la bonne stratégie à suivre durant ces derniers mois. On est évidemment toujours plus intelligent après. La question qu'il faut se poser, c'est de savoir si on est prêt actuellement à investir la totalité de ses économies dans des actions. Les valorisations qui sévissent actuellement sur le marché font peur. Les attentes des investisseurs sont totalement déraisonnables par rapport aux entreprises, malgré le soutien jusqu'ici inconditionnel des banques centrales.

Le Schiller PE Ratio a nettement dépassé celui qui sévissait avant le Black Tuesday. Il n'est même plus très loin de celui qui était en vigueur durant les années 2000, initiant une décennie perdue pour la bourse, avec deux gros marchés baissiers.

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Pire, le "Buffett Ratio", comparant la valorisation du marché US au PIB, n'a jamais été aussi élevé :

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L’inflation

Si les marchés sont tant montés depuis une bonne dizaine d'années, c'est grâce aux injections massives de liquidités de la part des banques centrales, la Fed en tête. Les gouvernements les ont accompagnées dans ce processus, en particulier depuis 2020, pour contrer les effets du coronavirus. Ces politiques accommodantes ont pu persister aussi longtemps parce que l'inflation est restée durablement très faible.

Toutefois, l'aide massive des banques centrales et des gouvernements de l'année dernière a semble-t-il été la goutte qui a fait déborder le vase. J'en parlais déjà en avril dernier : l'inflation est de retour, même si les marchés semblent pour l'instant totalement l'ignorer. On la voit clairement décoller aux USA depuis le début de cette année dans le graphique ci-dessous :

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Taux d'inflation annuel US

L'arrêt brusque de la machine de la production mondiale durant l'année dernière, suivie d'un retour de la demande très rapide a révélé la fragilité du modèle d'approvisionnement "just in time" et notre dépendance à la Chine. Actuellement il y a énormément de produits qui demandent des mois d'attente avant de pouvoir être livrés, dans tous les domaines d'activité. La fermeture accidentelle temporaire du canal de Suez n'a pas aidé. Tout ceci met une pression supplémentaire sur les prix.

De plus, non seulement l'inflation est montée très rapidement, mais en plus elle n'avait plus été aussi élevée depuis les années 2000 et 2008, juste avant les deux marchés baissiers majeurs.

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L’impact sur les taux d’intérêts et les actifs

Le problème d'un taux d'inflation élevé, c'est qu'il met la pression sur les grands argentiers pour élever les taux d'intérêts. La Fed a d'ailleurs récemment annoncé qu'elle prévoyait deux hausses de taux dès 2023. Il est probable toutefois que ces hausses interviennent bien plus tôt à cause de la hausse rapide de l'inflation.

Des taux d'intérêts en hausse sont mauvais pour les actions de croissance et les obligations. Les entreprises qui se sont fortement endettées ces dernières années et qui survivent uniquement parce que les taux d'intérêts sont faibles sont particulièrement exposées. Les attentes déraisonnables des investisseurs vis-à-vis de certaines chimères comme Tesla risquent alors d'engendrer des réveils difficiles.  A contrario, l'attrait pour les titres de valeur augmente notablement lors des phases de hausse des taux d'intérêts. C'est le cas justement parce que ces sociétés sont faiblement endettées, bien gérées et bon marché. C'est un juste retour à la normalité des principes économiques et financiers.

Conclusion

L'attente est longue, mais la patience finira par payer. Plus les jours passent, plus on se rapproche du jour de la grande correction. Les indicateurs sont au rouge vif. Le marché est très élevé et les conditions macroéconomiques défavorables pour les titres de croissance. Il serait déraisonnable de jouer au plus fou, en achetant des titres chers en espérant les revendre encore plus cher. Dans l'intervalle, mieux vaut conserver un portefeuille diversifié sur plusieurs types d'actifs et privilégier les titres de valeur aux titres de croissance. Même si cela signifie accepter encore de se faire battre par le marché, en tout cas pour quelque temps.

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5 réflexions sur “Performance du 1er semestre 2021”

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    C’est déjà une belle performance qui sera d’autant plus appréciée lors de la chute du marché avec un portefeuille qui certainement résistera bien.
    Et une fois n’est pas coutume, encore une petite citation de Buffet qui abonde dans l’évaluation à long terme: « A court terme, le marché est une machine à voter. A long terme, c’est une machine à peser.” Garde le cap, j’ai construit le mien grâce à tous les riches échanges de ce site et aussi des infos de ton livre. Je ferai le point dans quelques années, pour l’instant, au moins, je dors paisiblement avec mon portefeuille.

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    Effectivement, dormir sur ses deux oreilles et viser une performance honorable à long terme, avec une volatilité moindre, est préférable à essayer de surperformer à court terme un marché post-Covid qui s’emballe.

    Je me demandais une chose: plutôt que de tracker la performance de ton portefeuille, ne ferait-il pas plus de sens de mesurer l’évolution de tes revenus passifs / dividendes?

    Après tout, lorsqu’on envisage d’arrêter bientôt de travailler, la seule chose qui compte vraiment est de savoir si tes revenus passifs sont supérieurs à tes dépenses. La fortune totale est à ce niveau un facteur presque accessoire.

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      Salut frérot,
      Je mesure l’évolution de mes dividendes depuis 2010. Je ne le fais toutefois pas lors du bien semestriel, mais uniquement en fin d’année.
      Concernant l’évolution de la fortune totale je la trouve également importante car je compte en prélever une petite partie en complément aux revenus passifs.

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    Le président de la Banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell a estimé mercredi que l’inflation pourrait être « plus élevée et plus persistante » que prévu.
    Si l’on prend l’inflation dite sous-jacente (hors prix volatils de l’énergie et de l’alimentation), c’est même l’accélération la plus rapide depuis avril 1982.
    ça promet …

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