En tombant récemment sur CNBC, un flashback m'a soudainement ramené durant l'année 2000. Je me revois, tout juste sec derrière les oreilles, dans la vie active depuis à peine trois ans. Le Nasdaq était alors au firmament. Sa valeur avait été multipliée par six en cinq ans seulement. C'était la grosse fiesta. Tout le monde se ruait sur les titres technos.
Je visualise encore parfaitement la scène, comme si c'était hier. CNBC faisait défiler les listes des valeurs technos en ligne de fond. Tout était vert. JDS Uniphase, titre phare de l'époque, gagnait entre cinq et dix pourcents, et c'était comme ça tous les jours. J'étais à côté de mon ex, une brave fille qui n'est malheureusement plus de ce monde. Mon cerveau était en pleine ébullition.
Je possĂ©dais près de CHF 50'000 d'Ă©conomies, ce qui Ă©tait dĂ©jĂ une jolie prouesse vu le peu de temps depuis lequel je travaillais. D'autant que le salaire que je touchais Ă l'Ă©poque Ă©tait franchement scandaleux : 4'000 balles par mois, malgrĂ© une licence universitaire en poche. En mĂªme temps, je n'avais que ma petite personne Ă entretenir, donc c'Ă©tait aussi nettement plus facile de mettre de cĂ´tĂ© et sans se priver aucunement.
Comme je le disais, mon cerveau surchauffait. Si je plaçais toute mon Ă©pargne sur quelques titres du Nasdaq comme JDSU, je pouvais gagner dans les 3'000 balles par jour sans rien faire. Je me voyais dĂ©jĂ rentier. J'Ă©tais rĂªveur et bien naĂ¯f Ă ce moment-lĂ .
Alors je me suis jeté sur mon vieux PC 486. Mon modem 56K se mit à crépiter durant plusieurs secondes. Il y avait quelque chose de magique à se connecter sur la toile à l'époque. Après quelques recherches sur AltaVista, je tombais sur la solution de Credit Suisse : Direct Net, qui allait devenir mon tout premier broker. La suite on la connaît : éclatement de la bulle dotcom quelques semaines plus tard, puis effondrement des deux tours WTC l'année suivante, faillite de Swissair, bref le bordel complet.
21 ans ont passé depuis ce fameux jour devant CNBC. Désormais, les 3'000 balles par jour que j'escomptais à l'époque sont monnaie courante. Parfois c'est moins, parfois je perds, mais parfois c'est plus. Bien plus.
Le rĂªve est finalement devenu rĂ©alitĂ©, malgrĂ© de nombreux et laborieux dĂ©boires avant d'y parvenir.
Je rĂªve toujours d'ailleurs. En revanche, la naĂ¯vetĂ© a fait place Ă une bonne dose de sens critique. Ce dernier semble plus que jamais nĂ©cessaire par les temps qui courent. Je sais que je vais de nouveau perdre, mais je sais aussi que je serai capable de me relever pour devenir plus fort, encore et encore.
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Incroyable Ă quel point le graphique de 2000 ressemble sensiblement Ă celui de 2021 !!
D’ailleurs on dirait que le marchĂ© a perdu son Ă©lan du dĂ©but d’annĂ©e. Pour le futur, tout dĂ©pend de covid et des rĂ©sultats des vaccins tant qu’Ă moi.
Mon encaisse est toujours prĂªte, elle n’a que gonflĂ© depuis la dernière annĂ©e đŸ™‚ et mes actions sont ridiculement Ă©levĂ©es haha!
AltaVista… tu me rappels le mastodonte que mon père avait achetĂ©, c’Ă©tait le bonheur haha!
L’histoire est un Ă©ternel recommencement…
Je ne me souvenais pas que c’Ă©tait cotĂ© en bourse !
Je parlais de l’ordinateur que mon père avait achetĂ©. Je consultais AltaVista dessus. La bourse Ă©tait loin d’Ăªtre une source d’intĂ©rĂªt Ă ce moment! Je prĂ©fĂ©rais passer des heures Ă converser avec des inconnuEs sur ICQ ou autres hahaha
ICQ ! Avec son mythique ‘oh oh’ Ă chaque message reçu. Je l’avais presque zappĂ© celui-ci.
3 000 balles par jour ?? Un truc de fou !!!
Oui, mais je sais aussi que je peux en perdre autant, voire plus. C’est pour ça que je dis que je ne suis plus naĂ¯f.
Whaouhh !! C’est Ă©norme ! Tu as un capital très important ou un rendement de malade ? Ou les deux ? En tous les cas bravo !!!
Merci. Tout est relatif, ça dĂ©pend par rapport Ă quoi on se compare. J’ai un rendement que je trouve correct associĂ© Ă un capital qui tient la route.
L’important en dĂ©finitive ce n’est pas ce qu’on est capable de gagner par jour, mais plutĂ´t sur une annĂ©e, voire sur plusieurs annĂ©es. C’est bien beau de gagner plusieurs milliers de francs par jour pendant plusieurs mois sur Tesla ou sur le Bitcoin, si tu perds tout ou presque en l’espace de quelques semaines. C’est pour ça que c’est important de diversifier et de suivre une allocation intelligente de ses actifs. Donc rendement et capital ne sont qu’une partie de l’Ă©quation. La volatilitĂ© en est une autre comme je l’explique dans mon livre « Les dĂ©terminants de la richesse« .
Effectivement, quand je vois la volatilitĂ© du Nasdaq ces derniers jours ça me donne le mal de mer… Tesla & co ne sont dĂ©finitivement pas des investissements. Je dirais mĂªme que ce n’est plus non plus de la spĂ©culation: c’est juste du grand n’importe quoi, pire encore qu’un billet de loterie!
Je ne sais plus oĂ¹ je l’ai lu, c’Ă©tait peut-Ăªtre mĂªme un de vous, mais quelqu’un disait que lorsque la pandĂ©mie serait passĂ©e les gens finiraient enfin de penser au corona. Ils pourraient alors ouvrir les yeux sur le dĂ©calage Ă©norme qui existe entre l’euphorie boursière et les perspectives Ă©conomiques peu reluisantes. Le rĂ©veil risque d’Ăªtre chahutĂ©…
Hoho, Tesla se prend 10% dans les dents. En deux mois le titre est passĂ© de 900 Ă 550 USD, je me marre, je me marre đŸ™‚
C’est ce que j’appelle une ambiance Ă©lectrique… đŸ˜‰
J’aimerais me tromper mais ça ne m’Ă©tonnerait mĂªme pas qu’il y ait une nouvelle ruĂ©e dessus pour profiter de la baisse du titre….
Le pire, c’est qu’avec la hausse du bitcoin, Tesla va faire des « bĂ©nĂ©fices » attirant aveuglĂ©ment les investisseurs… Tesla n’est plus vraiment un constructeur automobile (l’a-t-elle Ă©tĂ© un jour d’ailleurs? ) mais une sociĂ©tĂ© technologique qui vend des voitures… Je me rĂ©jouis de voir les rĂ©sultats semestriels!
J’espère surtout que ça remettra le style quality et/ou value sur le devant de la scène au dĂ©triment du mantra growth. En tout cas je profite actuellement de ce dĂ©dain pour les valeurs pĂ©pères pour faire le plein de NestlĂ©, Galenica & co ainsi que de bonnes vieilles banques cantonales. đŸ™‚
Tôt ou tard ça va revenir. Et, contrairement au sexe, plus ça sera long, moins ce sera bon. En tout cas pour ceux qui spéculent sur la croissance illimitée.
Ces bonnes vieilles banques cantonales font quand mĂªme bien leur job, avec des dividendes intĂ©ressants aussi. Je m’Ă©tais posĂ© la question il y a quelques temps de faire un portefeuille sur ces banques justement, mais les banques et moi on se comprend mal… Peut-Ăªtre que JĂ©rĂ´me, Dividinde ou un autre nous ferait un article Ă ce sujet? Ça pourrait Ăªtre intĂ©ressant, qu’en dites-vous?
Je suis actionnaire de la BCVs depuis une vingtaine d’annĂ©es. La performance du titre et sa relative faible volatilitĂ© sont incroyables :
Sans compter que le rendement en dividende actuel est supérieur à 3%, ce qui est très rare par les temps qui courent.
Le spĂ©cialiste en banques cantonales c’est Dividinde. Il nous avait pondu des articles Ă ce sujet :
https://www.dividendes.ch/2019/03/revue-des-augmentations-de-dividendes-des-banques-cantonales-en-2019/
https://www.dividendes.ch/2018/12/analyse-de-la-banque-cantonale-de-lucerne-luknswx/
Peut-Ăªtre qu’il a l’envie de nous pondre un nouveau petit article sur ce sujet đŸ™‚ ?
Les banques cantonales représentent environ 10% de mon portefeuille et elles m’ont apporté pendant le crash du Covid exactement ce pourquoi je les paie: une grande stabilité ainsi que des dividendes sûrs et juteux.
Après il ne faut pas attendre de ces actions de grosses plus-values, leur intĂ©rĂªt principal rĂ©side dans leur caractère presque obligataire. Les dividendes sont souvent plutĂ´t stables que croissants.
Je suis bien trop préoccupé et déprimé actuellement (merci à mon boulot) pour pondre tout un article sur les banques cantonales, mais je peux rapidement faire le tour de chacune:
Glaris et Lucerne: mes deux préférées, grande qualité opérationnelle et sécurité, valorisation attrayante: buy!
Valiant: le plus gros dividende, le titre est très bon marché, mais l’action peine à offrir une performance positive: hold, ou alors seulement une petite position.
Genève: correct mais trend négatif, dividende poussif: je préfère ne pas y toucher pour l’instant.
Vaudoise: la meilleure des banques cantonales du point de vue de sa diversification et du rendement sur fonds propres; malheureusement le titre est éternellement cher: hold, attendre des cours moins élevés pour acheter.
BĂ¢le Campagne et Berne: dividendes intĂ©ressants mais manque d’impulsions, le cours vĂ©gète constamment: rester de cĂ´tĂ© ou alors n’acheter vraiment que pour le dividende.
BĂ¢le Ville: gros dividende mais mauvaise qualitĂ©: pas toucher.
Valais: bon dividende, banque de grande qualitĂ©, pas bon marchĂ© mais intĂ©ressant quand mĂªme, le cours semble en train d’acheter sa phase de consolidation: buy.
Grisons: bonne qualité mais titre trop cher et dividende plutôt faible: rester de côté.
Zoug: banque top mais titre vraiment trop cher.
Saint-Gall: bon dividende, qualité plutôt bonne, il y a un certain potentiel (mais aussi des risques!) avec ses aventures en Allemagne: je recommande à l’achat mais c’est plutôt culotté!
Thurgovie et Jura: Ă oublier.
Voilà en quelques mots, j’espère n’en avoir oublié aucune.
Merci frérot pour ce panorama rapide mais efficace !
NavrĂ© d’entendre au passage que tu es prĂ©occupĂ© et dĂ©primĂ© par ton job.
J’imagine que le virus chinois n’arrange pas les choses. En tout cas pour moi, autant j’en ai rien Ă cirer d’un point de vue sanitaire, autant il m’a pourri la vie au boulot (enfin ce qu’il en reste :-)).
Courage. Comme disent certains politiciens, la lumière est au bout du tunnel.
Sauf que pour nous le tunnel c’est la Rat Race et la lumière c’est l’indĂ©pendance financière.
Wouaou, merci beaucoup @Dividinde pour cette rapide revue de la littĂ©rature đŸ™‚ En effet, une petite part permet de donner de la stabilitĂ© Ă un portefeuille et par tout temps ce qui allège quelques peu l’esprit en pĂ©riode d’incertitudes.
Courage avec ton job et j’espère que l’indĂ©pendance financière s’approche aussi pour toi…
Merci JĂ©rĂ´me et AGU pour votre soutien. Au boulot c’est vraiment la m… actuellement. Rien Ă voir avec le Covid, mais une grosse restructuration avec beaucoup d’incertitudes et de changements pas franchement positifs… Je vais devoir changer en partie de tĂ¢ches contre ma volontĂ© et perdre quelques % de salaire par la mĂªme occasion (mĂªme si bien entendu les RH nous bassinent que le but de cette rĂ©organisation n’est pas de faire des Ă©conomies!!!).
Bref je suis en pleine rat race. Je suis dégoûté mais pas vraiment non plus tout-à -fait surpris, étant donné que ça fait bien longtemps que j’ai compris comment tout ça marchait.
L’indĂ©pendance financière se sera (d’après mes dernières projections) au plus tĂ´t dans 11-12 ans pour moi, donc je dois encore m’armer de patience et serrer les dents…
Les restructurations j’en ai connu une chiĂ©e et Ă chaque fois c’est la mĂªme rengaine. Il y a toujours des « bonnes » excuses : la concurrence, la numĂ©risation, le franc fort… Maintenant on a le COVID. Les consĂ©quences sont toujours pareilles : hausses des heures de travail et/ou de la charge de travail pour le mĂªme salaire, ou baisses de salaire, licenciements, dĂ©localisations, etc. C’est chaque fois le mĂªme bordel, les employĂ©s en pĂ¢tissent. Je n’ai jamais vu cependant une seule fois un membre d’une direction gĂ©nĂ©rale baisser son revenu. Bien au contraire, les augmentations de salaires et le paiement de bonus vont bon train chez eux tandis que les autres essuient les pots cassĂ©s. De la pure Rat Race. Pourtant Ă les entendre, avec toutes les « catastrophes » que l’Ă©conomie a subi ces dernières dĂ©cennies, on vivrait dans un monde rempli d’incertitudes et très risquĂ©. Pourtant, oĂ¹ sont passĂ©s les gains Ă©normes de productivitĂ© issus de la mondialisation, de la numĂ©risation, de la robotisation… si ce n’est dans leur poche ?
Bref, je ne sais pas si ça peut s’appliquer Ă ta situation, mais par le passĂ© j’ai profitĂ© de ces crises pour baisser mon taux d’activitĂ©. C’est un bon moyen pour un employeur en train de restructurer pour faire des Ă©conomies. Le revers de la mĂ©daille c’est que tu risques de faire le mĂªme travail sur un laps de temps bien plus court… donc attention au stress !
Diminuer mon taux d’activité, j’y pense déjà depuis un certain temps, bien avant cette histoire de restructuration. En fait c’est surtout une question d’impôts, car mon revenu est actuellement imposé au max: salaire à 100% + valeur locative de mon appart + dividendes!
Pour des raisons spécifiques à mon boulot (je préfère ne pas trop donner ici tous les détails), je vais rester à 100% encore entre 2 ans et 2 ans et demi. Ensuite j’envisage de passer à 80%, puis quelques années plus tard à 60 voire 50%.
Tu as raison que le temps partiel est souvent une arnaque, d’un autre cĂ´tĂ© il n’y a pas une très grande diffĂ©rence entre Ăªtre payĂ© Ă 100% mais travailler environ Ă 120%, et Ăªtre payĂ© Ă 80% mais devoir fournir environ 100%…
Si je me souviens bien de ce que tu as Ă©crit ces dernières annĂ©es, tu es quand mĂªme globalement beaucoup plus heureux (au travail et dans la vie) depuis que tu as rĂ©duit successivement ton taux d’activitĂ©?
Tout juste. C’est ce que je dis ici depuis pas mal de temps dĂ©jĂ . Mis-Ă -part le fait de pouvoir profiter rapidement de l’indĂ©pendance financière, bref profiter de la vie, la fiscalitĂ© c’est ce qui te pousse le plus Ă diminuer ton taux d’activitĂ© dès que les revenus passifs prennent la tangente. Avec le taux d’imposition progressif, ça monte Ă une vitesse incroyable, surtout quand on dĂ©passe les 100k de revenu net imposable.
Tout juste encore une fois. J’ai d’ailleurs souvent considĂ©rĂ© le 80% dans cette optique, une espèce de rempart de protection contre les journĂ©es / semaines interminables. Le 80% est d’ailleurs souvent une Ă©tape nĂ©cessaire avant de baisser plus.
Evidemment ! J’ai commencĂ© Ă (re)vivre normalement lorsque je suis revenu Ă un 100% normal (environ 40 h/sem.). C’Ă©tait dĂ©jĂ un Ă©norme plus par rapport Ă avant au niveau qualitĂ© de vie et liens avec ma famille. Le 80% ensuite a Ă©tĂ© une espèce de dĂ©clencheur oĂ¹ j’ai commencĂ© Ă sentir que je quittais la Rat Race, mĂªme si ma tĂªte Ă©tait encore trop au travail Ă mon goĂ»t par moments (justement par le fait qu’il faut malgrĂ© tout assumer souvent la charge d’un 100%). Le gros cap a Ă©tĂ© franchi en dessous de 25h/sem. (60%). LĂ les choses changent rĂ©ellement de perspective. Tu travailles moins de la moitiĂ© des jours de la semaine. Le lĂ¢cher-prise est total ou presque.