L'action Michelin se négocie à la bourse de Paris sous la cote "ML". La "Compagnie Générale des Etablissements Michelin" est un fabricant de pneus français dont le siège social est à Clermont-Ferrand, en France. L'entreprise a été créée en 1889 déjà et compte la bagatelle de 127'000 employés.
Valorisation de l’action Michelin
La compagnie au "bibendum" fait partie des rares grosses boîtes qui se négocient encore à un tarif correct. Le cours de l'action Michelin se monte en effet à :
- 9.32 fois les bénéfices récurrents
- 10.31 fois les bénéfices récurrents moyens
- 1.23 fois la valeur comptable
- 1.91 fois les actifs tangibles
- 10.74 fois le free cash flow courant
- 14.94 fois le free cash flow moyen
La valeur d'entreprise se monte à 16.34 fois le FCF, ce qui est également correct. Néanmoins elle grimpe à 22.59 par rapport au FCF moyen. L'EBIT équivaut à 10.83% de la VE et l'EBITDA à 11.2%. Là aussi c'est tout à fait abordable.
Dividende
Le dividende de l'action Michelin n'est certes pas extraordinaire, avec 2.19%. Ceci s'explique par le fait qu'il vient d'être réduit, ce qui n'est jamais bon signe. Il faut toutefois relever que cette baisse n'est pas liée aux résultats de 2019 mais sert plutôt à limiter l'impact du virus chinois sur le résultat et le FCF de 2020. On constate d'ailleurs que par rapport aux chiffres des dernières années, le dividende versé aux actionnaires possédait une marge certaine de progression. En effet, il se montait à :
- 20.45% du bénéfice récurrent courant
- 22.45% du bénéfice récurrent moyen
- 23.71% du free cash flow courant
- 32.77% du free cash flow moyen
Même si d'ordinaire je fuis comme la peste les réductions de dividendes, je pense au contraire ici que celle-ci est justifiée. Elle montre que les dirigeants de Michelin prennent leurs responsabilités et pensent un peu plus loin que le bout de leur nez. Elle pose même les bases de futures augmentations.
Résultat & bilan
Au contraire du dividende, le bénéfice a suivi ces cinq dernières années une jolie montée régulière. Evidemment cette année risque de changer la donne. Les réserves de cash quant à elles ont joué au yo-yo depuis 2015. Michelin a donc depuis quelques temps de la peine à créer de la valeur pour ces actionnaires. Ceci se ressent sur le cours qui végète depuis 2015.
Les réserves de liquidés sont assez bonnes, avec un current ratio de 1.57 (en baisse), mais avec un quick ratio de 0.91. Cette différence s'explique par des stocks importants. Rien de trop inquiétant néanmoins pour une entreprise de ce calibre. La marge brute est correcte, avec 29.3% (en très légère baisse). La marge nette s'élève quant à elle à 7.26% et la marge de free cash flow à 6.3%. Le ROA est en très légère baisse, à 5.53%, tandis que le CFROA est à 10.48% et le ROE à 13.24%.
Dette
Le taux d'endettement à long terme est en légère hausse, à 18.15%. Michelin aurait besoin de près de dix ans pour amortir l'intégralité de sa dette en ayant recours à son free cash flow. C'est bien trop long. L'endettement représente 0.75 fois les fonds propres. L'augmentation de la dette sur ces dernières années a représenté un rendement pour l'actionnaire de -3.07% par an. Voilà qui relativise encore le rendement en dividende, déjà réduit.
Rendement de l’action Michelin pour l’actionnaire
Heureusement le nombre d'actions en circulation a plutôt tendance à stagner, voire même à très légèrement baisser. Grâce à cela, mais surtout grâce au bon dividende payé avant la réduction, le rendement total pour l'actionnaire est tout juste positif sur ces cinq dernières années, à 0.62% par an. Voilà une autre explication de la faiblesse du cours du constructeur de pneus français. L'entreprise a les moyens de faire progresser son rendement total puisqu'il ne représente que 9.38% du FCF moyen. On imagine et espère que Michelin aura à cœur, dès la crise sanitaire passée, d'amortir sa dette et de faire repartir à la hausse ses distributions.
Une franchise, jusqu’à un certain point
On ne s'improvise pas du jour au lendemain dans l'industrie du pneu. Le marché mondial est archi-dominé par Bridgestone (1er), Michelin (2e), Goodyear (3e) et Continental (4e). Ces quatre entreprises se partagent plus des 2/3 du gâteau. Michelin a donc une position dominante, mais la concurrence est rude parmi ce quatuor. Ceci explique pourquoi la rentabilité et la profitabilité sont correctes, mais pas extraordinaires. Les frais généraux de Michelin sont également assez bien maîtrisés, à 49.5%. Le goodwill est en hausse.
Par contre, comme nous l'avons vu, la dette de l'entreprise commence à prendre de l'ampleur. Les dépenses en capital sont elles aussi importantes, avec 111% du bénéfice moyen. Le secteur d'activité lui-même n'est pas de tout repos. Certes le pneu est un consommable, comme une cartouche d'encre. On doit les renouveler périodiquement. Mais l'industrie automobile est par nature fortement cyclique et elle impacte qu'on le veuille ou non le marché du pneu. Ainsi, le beta de Michelin est de 1.14 et sa volatilité de 41.53%. On n'est donc assez loin de l'idée d'action "père de famille" qu'on peut acheter et oublier dans un coin.
Risques de l’action Michelin
On a vu que la compagnie avait quelques soucis de liquidités. Le Z-Score (Altman), avec 2.14, place Michelin en zone grise : pas de risque imminent de faillite, mais pas non plus de sécurité absolue. Le F-Score (Piotroski) est de la même veine, avec 5. La solidité financière de Michelin est donc tout juste moyenne et le potentiel de croissance du cours limité.
Conclusion
Michelin est détenu à 84% par des institutionnels. On citera quelques noms connus, comme Vanguard, BNP Paribas, Blackrock et Amundi. Il y a donc déjà énormément de monde qui gravite autour de l'entreprise. C'est une concurrence pas forcément heureuse pour les petits actionnaires comme nous. Un bon point par contre, c'est que l'action est actuellement correctement valorisée. C'est déjà suffisamment rare en ce moment pour le signaler, surtout pour une entreprise de cette taille. Attention, je dis bien correctement valorisée, pas qu'elle est bon marché.
Bref, une action à conserver si on en possède déjà ou à surveiller éventuellement pour un futur achat.
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J’ai de nouveaux pneus Michelin. Très satisfait de mon achat.
Cependant avec la pandémie, je ne pense pas que le marché du pneu risque de croître dans un futur rapproché. Moins d’avions et de voitures usent leurs pneus.
Mais non regarde les autoroutes sont pleines, tout le monde flippe de prendre le train 😉
Si les voitures neuves se vendent moins, Michelin fournira moins de pneus aux fabricants pour les équipements en première monte. Mais les autos en circulation continuent à rouler et à user leurs pneus, qu’il faut remplacer. A ma connaissance la marge est faible sur les premières montes, et plus importantes sur les montes ultérieurs (les constructeurs, qui achètent de grands volumes, font pression sur les prix pour la première monte).
Je ne pense pas que l’industrie du pneu soit véritablement cyclique.
Évidemment moins cyclique que le secteur automobile. Mais le pneu est forcement un peu influencé par ce qui se passe au niveau des voitures. Le bêta nous montre que Michelin est légèrement plus nerveuse que le reste du marché. Certes, ce n’est pas monstrueux non plus…
Et merci Jérôme pour l’analyse!
Avec plaisir
Conclusion: je constate que le « virus Chinois » n’a pas solutioné la connerie « Suisse »!
Peux-tu élaborer? Je ne suis pas familier avec la « connerie Suisse ».
Apple « vaut » maintenant $2T$! Tout ce qui monte redescend?
Pas tout, mais ça arrive.
Pense à General Electric, la plus grosse capitalisation au début des années 2000. Un peu l’équivalent d’Apple aujourd’hui.
Je suis surtout estomaqué de voir – une fois de plus – la classe de Warren Buffet! C’est de loin la plus grosse position de Berkshire et il a fait, si je ne me trompe pas, un gain d’environ 100% en 2 ans avec Apple…
Pas mal pour un homme de son âge et dont chaque mois un nouveau « journaliste » se moque en disant qu’il est dépassé et appartient à une autre époque.
Effectivement! C’est d’autant plus vrai et surprenant qu’Apple sort de sa stratégie historique.
Oui, c’est comme toi avec le bitcoin :-). 🙂
Merci pour la comparaison. Oui, bien m’en a pris pour l’instant.