Depuis mes précédents posts de ce journal, J'ai été passablement occupé car en pleine formation. J'ai donc eu très peu de temps pour gérer ce site et surveiller la bourse. Vu la folie actuelle du marché, il valait mieux de toute façon rester tranquille, sur des actifs peu risqués et prendre un peu de recul. Il n'y avait donc pas grand chose à dire ou à faire concernant le thème des investissements.
La formation que je suis en ce moment devait être le tremplin final m'amenant à ma future vie d'indépendance financière. Le but était de poser les bases de ma prochaine occupation accessoire, celle qui devait remplacer mon activité lucrative actuelle. Néanmoins, je dois dire que j'ai très vite déchanté, à peine les cours commencés. Un des côtés positifs des nombreuses années de galère que j'ai traversées dans le monde professionnel, c'est qu'on sent relativement vite quand quelque chose est en train de prendre la mauvaise direction. A nouveau rivé sur les bancs d'école, écoutant attentivement les préceptes de nos enseignants, j'ai très vite perçu de plus en plus une espèce d'odeur nauséabonde aux contours qui m'étaient bien connus : celle de la Rat-Race. Plus les cours allaient de l'avant, plus je revoyais les vieux schémas familiers se mettre en place : consommer => travailler => consommer, etc...
Je pensais à tort que transformer une de mes passions en une activité accessoire allait changer la donne. Pourtant, j'aurais dû m'en rappeler, le monde occidental se nourrit de la Rat Race. Elle est partout, même dans ce qui nous tient à cœur. J'ai donc choisi d'arrêter les frais pendant qu'il était encore temps. A ce stade, j'ai juste perdu un peu de temps et d'argent. Si je m'étais obstiné j'en aurais perdu plus encore, mais surtout j'aurais eu le sentiment de vendre mon âme au diable, en laissant entrer le Rat sur mon propre territoire. Le côtoyer au travail c'est une chose, le laisser rentrer chez soi est une autre.
Je vais donc devoir revoir ma copie. Cela ne change fort heureusement pas grand chose à mes plans. Je pense toujours pouvoir devenir financièrement indépendant à brève échéance. C'est une affaire de mois. Par contre ce concept d'activité "accessoire", me permettait à la fois de diversifier mes rentrées financières, d'occuper une partie de mon nouveau temps à disposition, de maintenir un réseau social important et de préserver une image valorisante auprès du public. Même si le monde d'aujourd'hui semble être devenu bien plus tolérant par rapport à beaucoup de thèmes sociétaux, s'afficher comme jeune rentier n'est encore pas donné à tout le monde. Le valeur du travail est encore en effet très fortement ancrée dans nos sociétés, particulièrement en Suisse. Sans compter que pour la plupart des gens un quadra qui ne travaille plus à forcément fait quelque chose d'illégal, gagné au loto ou touché un très juteux héritage.
Bref. Va quand même falloir que je règle cette question d'une manière ou d'une autre. La possibilité la plus simple serait de réduire encore plus mon taux d'activité. Evidemment c'est aussi celle qui me motive le moins puisque je n'ai plus aucun intérêt pour mon job, même à un petit pourcentage. Mais peut-être est-ce une étape nécessaire avant de passer à autre chose...
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Si elle n’est pas la plus excitante, la plus originale, ni même la plus authentique en termes de fidélité à une certaine vision du jeune rentier, l’activité à temps partielle s’est souvent imposée, lors de mes nombreuses réflexions, comme la solution la plus pragmatique et la plus simple (facilement justifiable aux yeux des autres, permettant de profiter des avantages du salariat, etc.).
Bien que j’ai adopté cette solution depuis longtemps déjà, il n’est pas rare que je doute que ce soit un parcours satisfaisant. Je me laisse souvent séduire par l’idée d’une reconversion, d’une activité accessoire… en ayant le sentiment qu’il s’agit, à chaque fois, d’embrasser de plus belle la Rat Race.
Je vous remercie donc pour votre message qui n’est, certes, pas très optimiste, mais qui a le mérite d’être honnête et critique en ce que vous ne faites pas miroiter, comme tant d’autres, la perspective libératrice d’une activité indépendante ou accessoire. Aussi, je trouve admirable d’être, non seulement capable d’en prendre conscience, mais surtout de renoncer à s’engager dans cette voie lors que celle-ci ne semble pas idéale.
Jérôme, tu me vois déçu pour toi. Le projet a été pensé, pesé, muri, et pourtant, tu n’as pas pu pleinement le réaliser. Et en même temps je loue chez toi ton honnêteté, mais aussi, et surtout, ta lucidité pour prendre la BONNE décision. Je fais le lien et me rappelle d’une citation qui disait qqch comme: « Acheter des actions, tout le monde sait le faire. Vendre, seule une part infime des personnes savent le faire, ceux qui réussissent. » Tu as su « couper ta position éducative » et c’est tout a ton honneur! L’étape suivante sera meilleure, car plus expérimentée, et te rapprochera d’avantage de ton projet!
Merci AGU. J’aime bien cette idée de couper la position éducative 😉
Prochaine étape couper le travail 😉
Merci Intermezzo pour votre message. J’ai aussi déjà adopté le temps partiel et ce n’est pas satisfaisant effectivement. Pour l’instant, à court terme, je ne vois pas d’autre solution que de réduire encore plus l’horaire, faute de mieux.
Bonjour Jérôme,
J’ignore quel type d’activité accessoire vous envisagiez, mais il doit être possible, lorsque l’on s’est affranchi de la pression financière (la nécessité d’obtenir un revenu par une activité professionnelle quelle qu’elle soit, pour assurer le train de vie -plus ou moins élevé- que l’on s’est fixé), d’avoir une activité dans laquelle on a pas de pression: si on a envie, on travaille; dans le cas contraire, on prend du temps pour autre chose. Certes, si l’on a des clients, ceux-ci attendent une prestation dans un délai raisonnable, et il faut donc les servir, avec le risque de ne plus être totalement maître de son agenda. Mais il doit être envisageable d’avoir une activité permettant de maîtriser son temps, en fonction de ses aspirations du moment (exemple -parmi d’autres- à la mode, pour le meilleur et pour le pire: créer une formation -sans pression de temps- et la vendre de manière automatique; le travail est la création, pas à la vente, et il n’y a pas de pression à la création, car on peut prendre le temps et adopter le rythme que l’on veut; contre-exemple: le coaching, où il faut être présent pour le client et le suivre).
Hello Laurent. Oui il y a assurément de nombreuses pistes, mais au final j’en reviens toujours à mes fondements : ce blog et mes investissements. Y a peut-être quelque chose à creuser là autour également.
Décidément, la quête du bonheur est un cheminement difficile et qui change sans cesse alors que nous évoluons. Ce qui nous rend heureux à 20 ans est très différent de ce à quoi on aspire à 40 ou 60 ans.
Une chose que je pratique déjà depuis plusieurs années: noter des activités dans un carnet au fur et à mesure que de nouvelles idées d’occupations possibles me viennent à l’esprit pour la période après-boulot.
Je ne les mettrai certainement pas toutes en pratique, mais ça me donnera un vivier dans lequel puiser des idées le moment venu. À chacun ses intérêts, mais voici à titre d’exemples quelques projets qui sont dans mon carnet: m’occuper de mes petits-enfants, avoir un jardin potager, fonder un club d’investisseurs, revoir tous les épisodes de Columbo, écrire un livre, suivre à l’uni des cours de finance en tant qu’auditeur, avoir un poulailler, jouer au ping-pong, faire un élevage de chats de race, participer à des assemblées générales d’actionnaires, pêcher, suivre des cours de cuisine, tenir compagnie à des personnes âgées et les promener, etc.
L’essentiel est d’avoir des projets et des rêves. Comme tu le vois, je vise plutôt 100 petites activités qu’une seule grande. La plupart ne visent pas non plus à gagner de l’argent mais avant tout à mener à bien des activités qui me plaisent. Je n’exclus pas non plus un petit job ponctuel qui me permettrait d’avoir plus de contacts sociaux et arrondir les fins de mois.
mdr frérot, je vois qu’on a certains projets communs 😉
oui je fais aussi cela pour mes loisirs, d’ailleurs de ce côté je n’ai aucun souci, j’ai l’embarras du choix et c’est justement ce qui me motive depuis toujours à baisser mon temps de travail
c’est plus ce petit job ponctuel qui permet aussi d’entretenir le réseau social que je cherchais à travers ce dernier projet, mais je vais trouver une autre solution
Bonjour Jérôme,
Je souhaite avoir ton point de vue quand CE jour arrivera. Je parle bien sûr du jour où tu arreteras de travailler. Comme j’ai compris tes revenus seront principalement composés de dividendes et de revenus immobilier. Même si tu gardes une petite activité accessoire avec un revenu de 1000 ou 2000 chf par mois, comment penses-tu pouvoir passer entre les gouttes des vampires à dents longues (je parle du fisc) ? Même avec le status « sans activité lucrative » ou avec une activité accessoire, tes revenus immobilier et/ou dividendes ne seront plus taxer comme maintenant car il semble que le fisc va considérer ceci comme des revenus professionnels. Les critères qui s’appliquent (nombre de transactions, etc…) qui font que cela est simplement ajouter à ton revenu actuellement ne seront plus valides. En résumé, ma question est : comment es-tu sûr que le fisc ne va pas te passer en professionnel pour l’immobilier ou pour les dividendes même si tu as un status sans activité lucrative ou une petite activité accessoire ?
C’est une question qui a déjà été abordée à quelques reprises ici. En vérité je ne m’attends pas à passer entre les gouttes, j’ai déjà pris ce risque en compte.
Pour l’immobilier je suis déjà taxé sur les revenus locatifs et je ne fais pas de la vente, donc pas de problème. Pour les dividendes c’est idem, je suis déjà taxé.
Par contre, si réalise beaucoup de ventes de titres, le fisc risque de me considérer comme négociant en valeurs mobilières professionnel, car les gains en capitaux pourraient parfois excéder le 50% de mes revenus bruts. Je devrais donc dans ce cas être taxé aussi sur mes plus-values. Cela reste au conditionnel car chaque administration cantonale a une certaine latitude d’interprétation et ma situation elle-même n’est pas forcément noire ou blanche. Et puis les PV ne représentent dans tous les cas qu’une petite partie de l’équation. Quoi qu’il en soit, même si je devais être taxé en tant que pro, j’ai compté cette ligne dans mon budget. Rappelons que le travail est lui aussi taxé, même d’avantage que le capital…
Je crois, sans en avoir la certitude, que le fisc pourrait te passer comme professionnel dans l’immobilier même si tu ne fais pas de vente (les critères en tant que salarié n’étant plus applicables). Cela voudrait dire payer l’AVS, etc… dessus. (source : une fiduciaire de Lausanne)
J’ai aussi déjà pris en compte les assurances sociales. Si je dois les payer sur l’immo, pas de problème, je ne serai plus taxé comme personne sans activité lucrative ce qui au final m’arrange même (c’était d’ailleurs aussi un des arguments pour maintenir une petite activité accessoire).
Bonjour,
Suisse, France, Belgique, autre pays… Je lis vos posts régulièrement et suis votre progression vers votre libération de cette contrainte de rat race d’avoir à gagner sa vie en travaillant durement :
Je me demande, dans vos réflexions sur votre place future dans le monde, ce qui vous empêche d’assumer aux yeux du monde quelle que soit sa perception, ce que vous avez réussi à accomplir ainsi que votre libération. Ce qui vous empêche de vous libérer aussi de cette prison là du regard emprisonnant et aliénant de l’autre sur vous :
La rat race est une prison que j’abhorre, mais, personnellement, je déteste tout autant vivre et choisir en fonction du regard de l’autre.
Quels sont les vrais risques après tout de poser et d’imposer ce que vous avez réussi à réaliser, de disposer librement de votre temps ? Sachant fort bien qu’une activité d’investisseur, même au niveau où vous êtes parvenu, nécessite du temps de recherche, etc et peut occuper une large part du temps (j’y suis moi-même, mais bien moins avancé que vous)…
Vous avez très bien bossé pour sortir d’une prison, cette réussite là qui vous tend les bras est fabuleuse et exemplaire, et je me garderai de vouloir donner un conseil sans toutefois m’empêcher de parler pour dire : ne tombez pas dans cette autre prison, aussi violente et aliénante que la première, qu’est le regard de l’autre.
Bien à vous
Terry
Vous avez 100% raison. Je dois dire que si ça ne tenait qu’au regard des autres mon choix serait déjà fait. Mais une activité accessoire aurait permis en plus de conserver l’aspect social du travail. Elle aurait amené en plus une certaine diversification dans les revenus. Bref, c’était le moyen de passer en douceur de la vie d’actif traditionnel à celle de rentier. On ne change pas aussi facilement plus de 20 années de Rat Race. C’est une forme d’addiction nocive imposée. Je vais devoir trouver un autre moyen pour me sevrer, car l’autre moyen envisagé n’aurait fait que prolonger encore la dépendance.
Disons que Social + Travail ne font plus vraiment bon ménage maintenant avec le virus.
Franchement, heureusement que je suis en télétravail à 100% parce que quand je regarde la liste des contraintes pour ceux qui doivent retourner à nos bureaux, je me dis que je n’ai pas du tout hâte d’y retourner!
Ceux qui s’ennuyaient de l’ambiance de travail pendant le confinement doivent être plutôt déçus en ce moment, même dans les bureaux!
Quoique, tu semblais en avoir marre toi du télétravail par rapport au bureau… est-ce toujours le cas?
J’ai repris le travail en présentiel de longue date déjà. Le télétravail n’a pas duré très long pour moi.
A la mode Covid effectivement l’expérience était très peu concluante : enfants sur le dos, conjointe présente, téléphones, courriels et visioconférences à n’en plus finir, sans compter l’éducation des gamins qu’il faut assurer en même temps. C’était le calvaire. Je ne doute pas par contre que si l’on est seul à la maison c’est un plaisir.
« We both (Charlie Munger and Warren Buffett) insist on a lot of time being available almost every day to just sit and think. That is very uncommon in American business. We read and think »
— Charlie Munger
Excellent!
J’avais lu en long en large et en travers votre JDB n68 avant de vous écrire et avais bien noté cette phrase clé qui m’avait arrêté et fait réfléchir :
« J’ai déjà tourné cette question plusieurs fois dans ma tête. Annoncer devenir rentier aussi jeune ça soulève beaucoup de questions, de jalousies et de méfiance. « Il va se planter, il a dû arnaquer des gens, c’est un radin qui vit près de ses sous, il a gagné au loto, il a dû hériter d’un pactole, etc. ». Dans le monde de la Rat Race, personne ne peut en effet imaginer qu’on est susceptible de devenir rentier en vivant normalement, juste en suivant une méthode d’investissement intelligente, patiemment, durant de nombreuses années. L’autre possibilité c’est de se déclarer comme « investisseur ». Là aussi, c’est la porte ouvertes aux critiques et jalousies. Si tu investis, tu es forcément un rapace égoïste, qui en plus va se planter comme tous les autres.
Bref, la vérité est parfois difficile à entendre pour certains. »
Je ne manquais pas de me dire tout de même que, pour ma part, parvenu à l’état d’indépendance financière si j’ai la réussite d’y parvenir, mon choix serait d’investir et de me développer dans ce domaine à temps plein, tant l’activité et l’apprentissage de cette discipline est plurielle, infinie dans ses possibilités, travaillable en réseau (j’ai commencé à établir un petit réseau avec des personnes compétentes, très expérimentées (parfois de 15 ans à plus de 20 ans), promptes à partager via les réseaux sociaux. Possibilité de se déplacer pour les AG, visites d’entreprises familiales, rencontres de réseaux, clubs d’investissement, travail sur soi en développement personnel pour mieux se connaître encore et prendre en compte ses biaix cognitifs, etc, etc, etc…
Ce qui n’empêche pas de travailler à temps choisi et de débloquer le temps voulu pour toute les activités possibles et imaginables.
Pour ma part, je n’ai jamais été trop assujetti au regard social ni à ses contraintes : ce qui m’a valu de ne jamais faire carrière d’ailleurs tant j’ai critiqué les organisations et les pratiques sujettes à caution, dans les boîtes dans lesquelles j’ai bossé (un peu comme le Maverick qui 30 ans plus tard est encore capitaine au lieu d’être Amiral), et tant j’ai renoncé aussi à des relations sur le plan personnel. Je ne dis pas que c’est le meilleur choix, car cela vaut également une immense solitude, mais in fine je peux me regarder dans la glace tous les matins. C’est un choix personnel : je préfère affronter la jalousie, les jugements critiques haine etc de faire un choix difficile au »risque de réussir », y compris dans ma famille qui ne capte que très peu ce que je fais.
bon, tout ça vous le savez Jérôme, c’est en fait juste un partage.
Sur le fond vous avez raison, et effectivement je ne le sais que trop bien. Mais c’est bien que vous le partagiez, l’entendre de la voix d’autrui est toujours utile. De toute façon cette étape je vais devoir la faire. Le dernier pas est souvent le plus dur. C’est pour cela qu’une étape intermédiaire aurait été utile, en tout cas d’un point de vue psychologique. Va falloir que je médite un peu là-dessus…
Parfois lorsque je me demande ce que j’aurais envie de faire plus tard dans la vie, je me demande ce que je ferais avec beaucoup d’argent en poche.
Dans la plupart des cas, que j’aie un euro ou 100 millions à la banque, mes projets restent les mêmes…
Pareil pour moi, et c’est bon signe.
Cela veut dire que 1) tu peux devenir financièrement indépendant; 2) tu peux surtout le rester.