Journal d’un futur rentier (70)

Cette publication est la partie 69 de 86 dans la série Journal d'un futur rentier.

Quand je vois les files de gens qui s'agglutinent devant les stands de distribution de nourriture, j'ai honte de faire partie de ce monde. Pays riches ou pas, nous sommes incapables d'assurer aux individus des jobs suffisamment solides et rĂ©munĂ©rateurs pour qu'ils puissent vivre de manière dĂ©cente sans devoir faire la manche dès que l'Ă©conomie est Ă  l'arrĂªt.

Je me sens Ă©galement coupable de m'apitoyer sur mon sort depuis des annĂ©es juste parce que "j'ai trop de travail" et pas assez le temps de vivre. En ce moment beaucoup de gens prĂ©fĂ©reraient Ăªtre stressĂ©s par leur job plutĂ´t que son absence. Cela me fait penser Ă  un caprice d'enfant gĂ¢tĂ©. J'ai l'impression de voir mes gosses pleurnicher parce qu'on leur a servi un yogourt de la Migros plutĂ´t qu'un Emmi.

Pourtant, Ă  bien y rĂ©flĂ©chir, ce sont paradoxalement les mĂªmes mĂ©canismes qui sont en jeu derrière le fait que certains n'arrivent plus Ă  joindre les deux bouts tandis que d'autres sont submergĂ©s par le travail. Depuis près d'un quart de siècle que je suis actif, le niveau de stress de mon activitĂ© n'a cessĂ© de croĂ®tre, particulièrement durant les phases de dĂ©clin Ă©conomique. Plus il y a de chĂ´meurs, plus le job se reporte sur les autres et plus on peut leur en demander avec la menace implicite d'un licenciement. Quand la phase de croissance revient, les restructurations font que jamais on ne revient au mĂªme point qu'avant la crise. Le niveau de tension est devenu structurellement plus Ă©levĂ©. Il ne reste alors plus qu'Ă  attendre le prochain choc pour serrer encore un peu plus la vis.

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Les actionnaires en veulent toujours plus, les patrons aussi et les consommateurs également. Sans compter les workaholics qui se délectent de ce cycle infernal. La Rat Race explique donc ce monde paradoxal, dans lequel une partie de la population est pressée comme des citrons tandis que les autres n'arrivent plus à joindre les deux bouts, en dépendant de la générosité (philanthropique ou fiscale) des premiers. Le comble c'est qu'elle arrive encore à nous faire culpabiliser...

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4 rĂ©flexions sur “Journal d’un futur rentier (70)”

  1. C’est choquant en effet mais peut-Ăªtre pas complètement surprenant… c’est la culture de la maximisation du profit a tout prix et tout niveaux avec une exploitation de l’outil (inclus les personnes) productif.

    En ce qui concerne les investisseurs vivement des critères sérieux de qualification des entreprises par rapport à leurs contributions sociales et environnementales.

    De façon plus gĂ©nĂ©rale ça pose vraiment la question de nos valeurs. Je me demande si les employeurs de ces personnes les paient pour ces jours non travaillĂ©s. Est-ce ce que les femmes de mĂ©nage vont Ăªtre payĂ©es? (c’est fait Ă  100% dans mon cas et je l’aurais aussi fait si elle n’était pas rĂ©sidente lĂ©gale)
    C’est un concept malheureusement naĂ¯f de penser que si chacun faisait un geste ça irait mieux pour tous alors un grand merci Ă  ceux qui font plus!
    Une réflexion à ce sujet n’est jamais temps perdu.

  2. Après avoir tirĂ© les travailleurs de la « classe ouvrière » vers la « classe moyenne » pendant les 30 glorieuses, il est maintenant presque impossilble, sans qualifications, d’accĂ©der Ă  la classe moyenne.
    J’ai dans mon entourage, plusieurs jeunes non qualifiĂ©s qui sont obligĂ©s d’aligner 2 boulots pour Ă  peine surnager. Ils font partie de la « classe sous-qualifiĂ©e en Ă©tat de prĂ©caritĂ© permanente ».
    Et cette crise ne va pas les aider …

  3. Exploitation humaine…
    En parlant de maximisation du profit sans regard aux conséquences humaines et environnementales le documentaire de la rts hier soir est édifiant.

    https://pages.rts.ch/docs/11208590-cargos-la-face-cachee-du-fret.html

    Je ne suis pas aveugle. Si vous avez un patrimoine de plus $93k vous faites partie des 10% les plus riches de la planète (selon Crédit Suisse) et donc, à priori, faites fonctionner cette machine. Chacun en tire ses propres conclusions.

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