Inutile de vous présenter en détail Roche, géant bâlois de la pharma, comptant pas loin de 100'000 collaborateurs à travers le monde. Elle est active depuis 1896 et figure parmi les leaders de son secteur d'activité. Elle est numéro un mondial dans les médicaments contre le cancer et la virologie.
Valorisation & dividende
Comme toutes les grosses capitalisations actuellement, Roche se négocie à un cours très élevé par rapport à ses fondamentaux :
- 21.6 fois les bénéfices récurrents courants
- 28.4 fois les bénéfices récurrents moyens
- 24.4 fois (!) les actifs tangibles
- 8.9 fois la valeur comptable
- 4.7 fois les ventes
- 16.6 fois le free cash flow courant
- 22.18 fois le free cash flow moyen
Notons encore que la valeur d'entreprise représente 17.2 fois le FCF courant et 23 fois le FCF moyen. L'EBIT ne se monte qu'à 5.8% de l'EV et l'EBITDA à 5.9%.
Le dividende est assez correct par les temps qui courent, avec un rendement de 2.6%. Celui-ci est de plus assez bien couvert par les résultats, puisqu'il représente :
- 57% du bénéfice courant
- 75% du bénéfice moyen
- 44% du free cash flow courant
- 59% du free cash flow moyen
Le dividende progresse lentement mais sûrement chaque année, à un rythme annuel de 2.1% (cinq dernières années).
Bilan & résultat
Tout comme le dividende, la valeur des actifs, les réserves de cash et le bénéfice du géant bâlois progressent sur le long terme ce qui prouve la solidité de son modèle d'affaires. Les liquidités sont correctes, avec un current ratio de 1.3 (en baisse) et un quick ratio de 1.04. La mage brute est assez impressionnante, avec 71% (en hausse). Elle se traduit de manière tout aussi remarquable sur la marge nette, avec 22% et encore mieux au niveau de la marge de free cash flow, avec 28%. De même, la rentabilité est excellente, avec un ROA de 16% (en hausse), un CFROA encore supérieur, à 27% et un ROE de carrément 41%. On peut dire que du côté des rhénans on ne fait pas les choses à moitié.
La dette à long terme représente tout de même 16% des actifs, mais ce ratio est en baisse assez marquée par rapport à l'exercice précédent. La dette totale ne représente par ailleurs que 0.57 fois les fonds propres. Grâce aux free cash flow important généré par Roche, elle pourrait être remboursée en seulement un an et demi. Notons encore que le remboursement de la dette a représenté ces cinq dernières années un retour positif pour l'actionnaire de 1.7%. Par contre, il y a une très légère augmentation du nombre d'actions en circulation, représentant un rendement négatif pour les propriétaires de -0.09%. Il faut bien trouver quelque chose à redire.
Conclusion
Entre le dividende, le remboursement de la dette et l'émission d'actions, le rendement total moyen pour l'actionnaire s'est monté à 4.1% sur ces cinq dernières années, ce qui est fort appréciable. L'entreprise bâloise utilise presque la totalité de son free cash flow (90.8%) pour y parvenir. C'est donc très généreux, mais pour continuer à faire aussi bien à l'avenir il faudra assurer un FCF toujours aussi élevé.
Roche maîtrise assez bien ses frais généraux. Son goodwill est en hausse. La dette est sous contrôle. Les marges sont très élevées, notamment celle de FCF, grâce à de faibles dépenses en capital. Ça sent bon la franchise et la vache à lait... ou plutôt à liquidités !
La volatilité est assez basse, avec 13.8% et le beta équivaut pratiquement au marché, avec 1.02.
Le score de Piotroski est élevé, ce qui n'est guère surprenant, avec sept points sur neuf. Cela confirme la solidité du géant pharmaceutique. Le score d'Altman, avec 5.66, place Roche dans la zone verte, soit celle où il est peu probable qu'elle fasse faillite, mais ceci on le savait déjà.
Tout ceci est bien beau. Presque trop. Est-ce que toutes ces qualités valent la peine qu'on débourse près de 25 fois la valeur matérielle de l'entreprise ? Certes, la valeur immatérielle d'une pharma est importante, mais même en tenant compte on arrive à près de 9 fois la totalité de sa valeur comptable.
Roche est indéniablement une entreprise de très haute qualité, mais à l'heure actuelle, elle est vraiment trop chère. Ou alors quelque chose m'échappe. Sans doute les spéculateurs qui y investissent anticipent l'explosion des ventes de Valium suite au prochain krach boursier...
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Excellente entreprise en effet, mais beaucoup trop chère notamment par rapport à la croissance plutôt lente. Les pharmas sont particulièrement recherchées actuellement en raison de leur profil défensif, ce qui explique les valorisations excessives.
Idem pour Novartis ainsi que pour les plus petites sociétés similaires telles que Vifor Pharma, Siegfried, Galenica ou encore Lonza.
Lonza est un autre météorite que j’ai conseillé à un vieux pote de vendre. Tout est brûlant en ce moment.
Au fait, c’est la fête à Trump aujourd’hui. Je me demande ce qu’il branle…
Quelle fête? C’est la journée mondiale des simplets?
Exact! President’s Day !
Merci pour cette analyse de Roche. Je partage vos conclusions pour cette entreprises et les autres acteurs du secteur.
Dans un autre domaine, que pensez-vous de Schindler (actions nominatives ou bons de participation cotés à la bourse suisse). Les cours ont récemment baissé sur fond de résultats 2019 inférieurs aux attentes et de coronavirus. Mais cette société me semble de qualité et intéressante -par les temps qui courent- pour un investissements à long terme. Ce qui me plaît, c’est que le business de cette société n’est pas seulement de vendre des ascenseurs et autres escaliers roulants, mais aussi et surtout d’entretenir ce matériel sensible, ce qui procure un revenu régulier.
C’est une société que je suivais de près à l’époque. Elle est également d’une très grande qualité et comme tu le soulignes elle peut s’appuyer sur ce côté « clientèle captive » fort appréciable, qui lui assure des revenus réguliers. Elle a ainsi beaucoup de qualités propres aux franchises (notamment des frais généraux bien maîtrisés, un goodwill en hausse, une faible dette et des dépenses en capital basses également, ce qui est assez étonnant pour une entreprise de ce type). Il y a un bon retour à l’actionnaire sous forme de dividende et de remboursement de la dette (4.4% par an au total). Ceci étant dit, je la trouve chère également. Pas autant que Roche, mais trop chère quand même.
J’avais analysé Schindler en 2018 et j’en reste toujours à la même conclusion: entreprise absolument top mais j’essaierai de ne pas payer plus de 200 balles.
https://www.dividendes.ch/2018/04/analyse-de-schindler-schnswx/
Salut à tous,
Comme déjà commenté l’action Roche Holding AG est une valeur de fonds de portefeuille qui doit être acheté sur un fort repli dans une stratégie « Buy and hold ».
Il en est de même pour Nestlé et Novartis représentent les deux tiers de l’indice SMI qui sont des valeurs défensives et rentrent dans la catégorie des dividendes aristocrates.
C’est pourquoi dans un marché chahuté ces valeurs sont recherchées pour stabiliser les portefeuilles, d’où la forte demande actuelle.
Bonne journée à tous
bonjour, dans le genre action de papy a fort dividende que pensez-vous de Shell ? https://www.google.com/search?q=AMS:RDSA&tbm=fin#scso=_3uhcXsXPJommaKrQo-AL1:0
Elle s’est faite proprement défoncer par le coronavirus, c’est une petroliere avec un dividende qui bouge pas depuis des années et qui est donc avec un prix de l’action très bas à 8 ou 9%
Et la demande en petrole ne va pas disparaitre d’ici demain… même si les chinois vont mettre du temps a tout relancer je ne doute pas que le prix du brent et donc de shell va remonter dans un avenir assez proche
ça pue le dividend trap !
Le dividende dépasse le FCF courant/moyen et il est également tout proche de la rupture par rapport aux bénéfices courants / moyens. Avec le passage de Corona, le dividende risque donc bien de souffrir…
L’action est chère malgré ce que laisse apparaître le rendement en dividendes (par rapport aux bénéfices courants et surtout moyens, idem par rapport au FCF, et c’est pire si on regarde par rapport à la valeur d’entreprise).
Et puis pour terminer, c’est un couteau qui tombe ! Laissons donc l’orage passer et on verra après…
quand tu dis le prix par rapport a la valeur d’entreprise tu parles de la valeur comptable ? dans le cas de shell tu le calcules comment ce ratio ?
et pour le ratio prix/cash flow par action j’obtiens environ 4 : (prix de l’action (20€) / FCF par action (5)
pour moi c’est une bonne valeur pour ce ration non ?
Ah oui, j’ai pris le titre à NY ce qui change la donne effectivement, autant pour moi. Ces titres cotés sur deux marchés différents avec des cours qui ne correspondent pas et des monnaies qui différent de ceux des résultats consolidés c’est une vraie saloperie !
Alors oui c’est mieux effectivement, ça change le problème de la valorisation, mais pas celui du dividende qui est menacé et du cours en chute libre.
ha oui je parlais de la cotation euronext amsterdam
pour le dividende effectivement il y a ce risque vu la chute du cours, mais je connais bien cette action car je suis dessus depuis une dizaine d’années et le dividende n’a jamais baissé (plutôt augmenté même) malgré 2 chutes du cours ressemblant à celle qui arrive en ce moment (en 2007 et 2016)
bon après le passé ne présume pas de l’avenir bien sur 🙂 mais je trouve que ce genre de momentum est assez rare pour pour le noter ^^
La chute du cours ne m’inquiète pas pour le dividende. Pour ce dernier, c’est plutôt le fait que le bénéfice ou le fcf sont presque intégralement utilisés pour le payer. Je ne sais pas comment était la situation en 2007. Peut être qu il y avait plus de marge. Peut être aussi qu’ils ont émis des actions ou contracté de la dette pour payer des dividendes… C’est stupide mais ça arrive…
Bref. Si la chute du cours me pose problème ce n’est pas pour ça mais justement parce que le momentum est pourri. Comme tu le dis, c’est rare. Parfois ça remonte très fort pour un moment comme en 1987 ou 2018 (je parle du marché dans son ensemble). Mais parfois c’est le début d’une beaucoup plus grosse baisse comme en 2000 et 2008. Si le marché n’était pas aussi haut je serais moins regardant, mais là par contre ça incite à la prudence.
eh bien voilà…