La mise à jour du tableau récapitulatif de l'allocation mensuelle d'actifs est disponible ici.
J'ai initié cette allocation mensuelle il y a a deux ans, suite à mon article sur la diversification, dans le but d'inclure en portefeuille des catégories d'actifs susceptibles de relativement bien se comporter en cas de chute des marchés boursiers. Ceux-ci étaient en effet déjà en surchauffe à l'époque. Inutile de vous dire que ça ne s'est pas amélioré aujourd'hui.
Parmi les actifs utilisés, actions mises-à-part, les actifs réels sont ceux qui se sont le mieux comportés et c'est d'autant plus vrai ces six derniers mois, avec un gain de 11% pour l'immobilier et de 10% pour l'or. Pour ce dernier c'est surtout ce mois de juin qui a été incroyable, grâce notamment au revirement envisagé de politique monétaire de la Fed.
Le cash, autre actif utilisé dans le but de protéger le portefeuille, a par contre pesé sur la performance globale par rapport à celle du marché des actions. C'est surtout la proportion de cash qui a posé problème jusqu'ici, car elle s'est située durant de très longs mois autour des 30% en moyenne, grimpant même jusqu'à 50% un moment donné. Ces pourcentages élevés sont dus d'une part aux valorisations extrêmes de certains marchés des actions, USA et Suisse en tête, mais également au fait que les obligations suisses sont inaccessibles depuis bien longtemps, à cause des taux d'intérêts négatifs. Or, les obligations, particulièrement celles à longue maturité, constituent l'actif de choix n°1 pour couvrir ses actions, puisqu'elles sont inversement corrélées à ces dernières sur le long terme, tout en offrant malgré tout des rentabilités assez intéressantes.
Un moyen de contourner ce problème, c'est de passer par des obligations étrangères, par exemple américaines, qui paient des coupons plus intéressants. En ce moment, l'ETF TLT, qui contient uniquement des bons à long terme du trésor américain, octroie un revenu courant de 2.25% (2.49% à maturité). Le risque de change n'est pas un problème puisque lorsque les taux d'intérêt baissent, le dollar s'affaiblit, mais les obligations montent, et vice-versa. Depuis décembre 2003, TLT a par exemple gagné, coupons compris, 145% en CHF, alors que l'ETF CSBGC0, qui regroupe les obligations de la confédération avec une maturité de 7 à 15 ans, a gagné seulement 37%. 145% en un peu plus de 15 ans c'est un résultat très honorable pour un actif supposé d'abord couvrir des actions. Petit bonus en prime : TLT paie un coupon mensuel.
J'ai donc décidé d'ajouter une ligne à mon allocation d'actifs, celle des Bons du Trésor US à longue maturité, qui vient compléter celle des obligations helvétiques, pour l'instant toujours en position cash. Passons en revue à présent comme à l'accoutumée l'ensemble des actifs.
Au niveau des actions, on se rend compte que le suivi de tendances (moyennes mobiles) jouent au yo-yo depuis quelques mois, signe qu'une lutte est en cours entre bears et bulls. Pour l'instant ces derniers semblent encore vouloir gagner la partie, mais pour combien de temps encore ? C'est typiquement dans ce genre de situation qu'on peut s'interroger sur la pertinence de ces signaux de tendance, puisqu'ils déclenchent de faux signaux d'achat ou vente en fonction du passage du prix en dessus ou en dessous de la moyenne mobile. Néanmoins les travaux de Meb Faber ont prouvé que sur le long terme cette méthode permet d'obtenir une performance légèrement supérieure au marché, avec une volatilité moindre. Ceci confirme aussi mes backtests effectués sur les différents indices boursiers. J'ai constaté par ailleurs qu'en suivant cette approche, les transactions sont gagnantes près de 2/3 des cas. C'est bien, mais ça signifie qu'on doit aussi accepter de se tromper le tiers restant, si l'on veut obtenir une meilleure rentabilité sur la durée, avec une volatilité moindre.
En Suisse et aux USA, la situation demeure encore et toujours en situation de nette surchauffe, avec des tendances orientées fortement à la hausse, en particulier chez nous et des prix déconnectés des fondamentaux, en particulier chez Trump. Les politiques monétaires (taux négatifs en CH et récentes prises de position de la Fed aux USA), ainsi que le protectionnisme américain, couplé à une fiscalité avantageuse, permettent pour l'instant au marché des actions de continuer sur sa lancée, malgré des valorisations de plus en plus intenables. Ces deux régions sont encore et toujours à éviter.
L'Europe est par contre nettement plus intéressante, avec des prix tout à fait corrects et une tendance technique bien orientée. Je vais voir ces prochains jours si on peut y dénicher quelques opportunités. Au Royaume-Uni par contre, les valorisations sont similaires mais le momentum demeure négatif, malgré une légère amélioration. A éviter donc pour l'instant.
Au Canada les cours sont assez élevés, mais pas en situation de bulle. La tendance est positive et même en phase d'accélération. Il est difficile d'y trouver de bons coups à jouer, mais si on en trouve un, ça peut valoir la peine. La situation est similaire en Australie.
Au Japon, mon coup de cœur depuis plusieurs mois, les valorisations demeurent incroyablement attractives. Cependant la tendance, malgré une légère amélioration, reste en territoire négatif. Là aussi elle semble vouloir jouer au yo-yo, puisqu'elle était positive il n'y a pas si longtemps. Je garde un œil attentif et impatient sur ce marché car il y a vraiment des pépites qu'on peut ramasser à la pelle. J'en ai déjà un certain nombre, mais je préfère attendre que le marché soit bien stabilisé avant d'y investir de manière plus conséquente.
Au niveau des pays émergents, on a à faire comme au Japon avec des titres qui s'échangent à des cours très intéressants. Après être passé en tendance négative le mois dernier, ce marché regrimpe en territoire positif. Il joue donc également au yo-yo. Comme mentionné le mois dernier, j'ai néanmoins décidé à l'avenir de ne plus investir directement dans ces titres, du fait de leur volatilité exacerbée. Je conserve donc pour l'instant les titres que j'ai déjà acquis et dans le futur je passerai directement par l'ETF IEMS. Il s'agit de toute façon d'une position relativement faible du portefeuille que j'utilise à des fins de diversification.
Venons-en à présent aux actifs "réels". L'or, comme évoqué en début d'article, a grimpé en flèche ce dernier mois. Malgré une tendance qui s'accélère encore la valorisation de l'or demeure encore et toujours intéressante par rapport aux actions. On demeure donc investi. Pour l'immobilier, pas de changement, toujours investi aussi, avec une allocation cible qui grimpe très légèrement, à 16%, grâce à la faiblesse qui perdure sur les taux d'intérêts helvétiques.
Au niveau des obligations à long terme, comme mentionné plus haut, on reste cash sur les titres helvétiques à cause des taux négatifs. Par contre, une position cible de 12% est désormais fixée sur les bons du trésor américain à longue maturité. Cette pondération demeure relativement modeste pour l'instant vu que les taux US ne sont pas non plus extraordinaires. Elle sera amenée à évoluer à la hausse comme à la baisse en fonction des taux.
Concernant les stratégies alternatives, on demeure cash, dans l'attente d'une correction des indices américains. Il est possible à l'avenir qu'une position short soit initiée sur le S&P 500, si le momentum de l'indice devient négatif. Il y a un coup à jouer vu les valorisations énormes.
Enfin, au niveau du cash, on demeure bien évidemment investi en CHF pour les réserves immédiatement disponibles, par contre on passe sur l'USD pour les réserves à moyen terme, vu la baisse relativement importante du billet vert face au franc suisse sur ce dernier mois, ainsi que le différentiel de taux favorable au dollar.
Bel été à tous.
En savoir plus sur dividendes
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Tous les titres ne sont pas hors de prix. Lyondellbasell et Cummins sont deux actions américaines présentées dans le Finanz und Wirtschaft du 6 juillet et qui me semblent effectivement attractives.
Effectivement Lyondellbasell est une jolie valeur assez bon marché (juste un peu chère par rapport aux actifs).
Cummins un peu plus chère tout de même si la valeur comptable et le FCF.
Le marché commence à montrer des signes de nervosité et à surréagir aux news. Exemples: aujourd’hui Emmi a perdu 8% suite à une dégradation par UBS et Interroll a chuté de 19% après d’excellents résultats semestriels mais des entrées de commandes qui ont déçu.
Ce type de nervosité est souvent observé lorsqu’une tendance s’essouffle. Je me méfie de plus en plus de la hausse actuelle et suis bien content d’avoir encaissé dernièrement mes gains sur plusieurs positions. Je ne m’attends de loin pas à un second semestre aussi bon que le premier.
Prudence, prudence les amis…
C’est rigolo parce que depuis un mois, mon portefeuille, qui était complètement à l’ouest par rapport au marché lors du premier semestre, recommence à battre le SPI.
Cette surperformance s’explique grâce à la très bonne tenue de l’or, des obligations américaines longues, de l’immobilier suisse et de plusieurs de mes actions, notamment japonaises.
Effectivement, comme tu l’as signalé, lorsque le marché est tellement haut, et donc les attentes des investisseurs énormes par rapport aux sociétés, la moindre petite déception entraîne des corrections assez violentes.
Jérôme, si tu as le temps, je serais intéressé par ton avis sur IG Group Holdings Plc: vache à lait ou piège à cons? 🙂
Piège à cons, je n’irais pas jusque là. Vache à lait, non plus.
Je suis étonné en bien par passablement de paramètres de cette société, mais je ne suis pas acheteur car je pense que le titre est correctement valorisé, voire légèrement trop cher. D’autre part, les ratios de distribution sont hors limite (par rapport aux bénéfices et au FCF).
Autre point noir, le nombre d’actions en circulation qui augmente depuis plusieurs années.
Mais à part ça, c’est pas mal. Les liquidités sont abondantes (peut-être trop importantes ?), les marges et la rentabilité sont énormes, l’endettement est nul, le goodwill en progression… bref on trouve un peu les caractéristiques d’une franchise… un peu étonnant pour ce type d’entreprise. De ce strict point de vue, le qualificatif vache à lait serait effectivement justifié (ajouté au fait que le dividende est monstrueux).
Je pense qu’une des explications vient du fait que ce genre de société fleurit grâce aux taux d’intérêt nuls ou négatifs qui sévissent un peu partout. Les gens cherchent des alternatives aux placements bancaires et l’argent afflue chez eux. Il est probable que lorsque les taux monteront beaucoup d’investisseurs lambda reviendront vers les obligations et les comptes épargne, au grand bonheur des banques traditionnelles, et au détriment des brokers.
Mais ce n’est qu’une hypothèse…
Merci Jérôme pour ton appréciation. Et excellente remarque par rapport aux taux d’intérêt! Ce qui me froisse aussi passablement, ce sont ces deux chutes du cours d’environ 50% sur ces cinq dernières années…
oui effectivement, t’as regardé d’où ça provenait ? résultats inférieurs aux attentes ?
Non, j’ai pas creusé, la cause ne m’intéresse pas plus que ça, je regarde les charts surtout pour me faire une idée de la tendance à long terme et de la volatilité du titre. Malheureusement, chez la plupart des financières cette dernière est souvent assez élevée.
Je confirme (35%), par contre le beta est quasi nul.