Dernière mise-à-jour : 6 janvier 2019
Est-il encore nécessaire de présenter ce géant de l'informatique, cette merveilleuse entreprise américaine pratiquement tombée dans l'oubli au milieu des années '90 et redressée par le retour de son co-créateur Steve Jobs. En 1996, une année avant le retour de son charismatique créateur, l'action cotait à l'équivalent de USD 0.58. Il y a peu, elle a grimpé jusqu'à USD 232. Celui qui aurait eu la bonne idée d'en acheter pour seulement USD 3'000 à l'époque et qui n'y aurait pas touché, avant de vendre la totalité l'été dernier serait millionnaire. Même le célèbre investisseur Warren Buffett a investi dans Apple pour sa société Berkshire Hathaway, alors que d'habitude il n'est pas du style à se jeter sur des entreprises du secteur technologique. Mais l'action AAPL vient de prendre une raclée. Elle a même perdu près de 40% de sa valeur depuis ses plus hauts. Est-ce donc le temps d'en acheter ?
Valorisation & dividende
Avec la baisse spectaculaire du cours, on pourrait s'attendre à ce qu'Apple soit une superbe opportunité. C'est vrai que le ratio prix/bénéfices récurrents, avec 11.13, est alléchant. Même si l'on regarde par rapport aux bénéfices récurrents moyens le ratio se monte à 13.70, ce qui est appréciable. Du point de vue du free cash flow, le titre s'échange aussi à un niveau tout à fait correct, avec un ratio de 10.60 par rapport au FCF courant et de 11.76 par rapport au FCF moyen.
Néanmoins, quand on examine la valorisation par rapport aux actifs, c'est déjà moins attractif, puisque le cours grimpe à 6.34 fois la valeur comptable. Par rapport aux ventes, on assiste au même phénomène, avec un ratio de 2.56. Notons également que l'EBIT et EBITDA représentent 9.74% de la valeur d'entreprise, ce qui tend à confirmer qu'Apple est tout au mieux correctement valorisée, mais en tout cas pas une aubaine, comme la chute brutale de ces derniers mois aurait pu nous le faire croire.
Le rendement en dividendes n'est pas énorme non plus, avec 1.90%, mais il s'explique par un ratio de distribution archi-conservateur, comme c'est souvent le cas dans le secteur techno. Le dividende représente en effet :
- 21.19% des bénéfices récurrents courants
- 26.08% des bénéfices récurrents moyens
- 20.17% du free cash flow courant
- 22.37% du free cash flow moyen
AAPL possède donc une marge certaine pour continuer à faire progresser son dividende dans le futur, comme elle l'a par ailleurs fait chaque année durant ces cinq dernières années, sur un rythme annuel moyen de 8.49%.
Bilan & résultat
Tout comme le dividende, les bénéfices, les réserves de cash et la valeur des actifs progressent sur le long terme, ce qui prouve s'il le fallait encore la solidité du modèle d'affaires d'Apple. L'entreprise parvient très clairement à créer de la valeur pour ses actionnaires sur le long terme, comme nous l'avons vu en introduction. Enfin, en tout cas elle l'a fait jusqu'à il y a peu. Le problème parfois avec ce genre de technos c'est qu'elles peuvent rater un virage technologique et chuter très brutalement. Il est très difficile de prévoir dans quel sens cela va tourner, tant les révolutions technologiques peuvent aller vite. Il suffit de se souvenir ce qui s'est passé avec Kodak quand les appareils photo numériques sont apparus ou avec Palm lors de l'émergence des smartphones.
Ceci étant dit, le géant américain est solide et à de quoi voir venir. Les réserves de liquidités sont correctes, avec un current ratio (en baisse) de 1.12 et un quick ratio de 1.09. La marge brute est bonne, avec 38.3% (en baisse), même si on aurait pu s'attendre à plus. Par contre, difficile de faire la fine bouche sur la marge nette de 22.98% et sur la marge de free cash flow de 24.14%. Même son de cloche au niveau de la rentabilité, avec un ROA de 16.69% (en nette hausse), un CFROA de 21.17% et un ROE de 56.97% !
Au niveau de l'endettement, Apple navigue aussi en eaux paisibles, puisque malgré un taux d'endettement à long terme par rapport aux actifs de 25.63% (en baisse), l'entreprise serait capable d'éponger la totalité de sa dette en seulement deux ans en ayant recours à l'intégralité de son free cash flow. La dette totale représente 1.07 fois les fonds propres, ce qui n'est pas idéal, mais pas inquiétant non plus.
Autre bon point pour Apple, son nombre d'actions en circulation qui baisse régulièrement depuis plusieurs années, ce qui est toujours agréable pour les actionnaires qui voient leur part du gâteau augmenter.
Conclusion
AAPL est assurément une très belle valeur. Les marges et la rentabilité sont excellentes, les frais généraux sont minimes, les besoins en dépenses d'équipement sont faibles et la dette maintenue sous contrôle. L'entreprise est très solide financièrement, ce qui est confirmé par un Z-Score (Altman) de 3.3 et un F-Score (Piotroski) de 7.
Au niveau de la valorisation, malgré la baisse importante du cours de ses derniers mois, Apple est actuellement juste correctement valorisée si l'on ne s'arrête pas au traditionnel PER ratio. Il n'y a donc pas de quoi s'affoler et se jeter dessus. D'autant que l'histoire nous a déjà démontré de nombreuses fois qu'il n'était jamais bon d'essayer d'attraper un couteau qui tombe. C'est d'autant plus vrai que le beta du titre est de 1.2, ce qui signifie qu'il n'aime pas trop les marchés baissiers, comme on le vit actuellement. J'attendrais donc encore un peu...
Dans quelques mois on aura peut-être un titre vraiment sous-valorisé, avec un cours qui se sera stabilisé et un marché qui ira mieux dans son ensemble. Le scénario idéal quoi, enfin, si on veut investir dans des titres technos.
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Très belle analyse d’Apple, société qui présente effectivement autant de qualités que de défauts et pas facile à analyser. Par contre je suis moins fine bouche que toi et je trouve la valorisation plutôt correcte, notamment justifiée par l’excellente rentabilité que tu as soulignée. Mon petit algorithme maison me crache une valorisation correcte aux environs de 125 USD, dont nous ne sommes plus très éloignés au cours actuel de 145 USD.
Hors sujet: Je pense également beaucoup de bien d’Eve Jobs, la fille de feu Steve Jobs, mais dans ce cas pour des raisons d’un tout autre ordre… 🙂
Je n’ai pas dit que je ne trouvais pas la valorisation correcte, bien au contraire. Mon estimation perso se situe d’ailleurs autour des 130 USD, donc je suis étonnamment moins pingre que toi sur ce coup là 🙂
Nom d’un chien, quel beau parti !!! A tous points de vue !
Excellente analyse fondamentale, merci
Avec plaisir Mike
Je rajouterai que la dette/EBITDA est de 1,32 et le coverage interest proche de 22. Pour le moment, Apple n’est pas en danger au niveau financier.
Ceci dit, elle évolue dans un secteur qui est nature disruptive. Depuis le décès malheureux de Steve Jobs, Apple peine à innover et elle est entrée dans une logique financière de Wall Street, ce qui peut-être compréhensible par rapport à sa montagne de cash.
Bonjour,
Dans un premier temps, je tiens à vous remercier pour le travail que vous réaliser sur ce blog et pour les différentes analyses que vous proposer.
Ce blog est une mine d’or surtout pour les novices comme moi.
Pourriez-vous m’expliquer la différence entre le titre SWX: AAPL et NASDAQ: AAPL ? Est-ce simplement le fait que je m’expose d’une part à la variation du prix de l’action cotée en dollars, et d’autre part à la parité CHF//USD ?!
Merci pour vos compliments. En fait à peu de choses près c’est kif-kif. L’une est cotée en dollars et l’autre en CHF. Mais ne croyez pas que vous échapperez au risque de change avec le titre coté à ZH car la valeur s’adapte quasi instantanément en fonction de la variation de cours du titre et de la paire USD/CHF. Des petits malins (en fait plutôt des algorithmes) s’amusent à rechercher à travers toute la planète des micro-décalages de valeur de ce type, ce qu’on appelle effectuer de l’arbitrage. N’espérez cependant pas en faire autant car vous ne serez jamais aussi rapide que les super-ordinateurs et ne bénéficierez jamais de frais de courtage assez bas. De plus certains de ces titres cotés en dehors de leur marché d’origine ne sont parfois que très peu liquides, ce qui fait que vous aurez de la peine à en acheter avec un ordre limite ou alors que vous le paierez trop cher avec un ordre au marché.
Au final, comme souvent, l’original est mieux que la copie.
Merci pour ces précisions.
Cordialement.