Evolution du portfolio

Temps de lecture : 3 minutes

Ces derniers temps j'ai effectué un certain nombre d'ajustements dans mon portefeuille. Je n'ai pas pour habitude d'être un investisseur très actif, néanmoins je dois bien constater que certains de mes titres que j'ai depuis 7 ans se sont très fortement valorisés. De manière plus générale on peut même dire que le marché est actuellement très haut, avec un ratio PE de 25 sur le S&P 500 (30 pour le Schiller PE ratio) et un ratio marché/GNP de 135%. La seule chose qui soutient actuellement les actions c'est le très faible taux servi sur les obligations. Sans cela on aurait déjà eu un krach.

Ce n’est pas que j’ai changé de stratégie, mais les conditions du marché ne me plaisent plus depuis de nombreux mois. Les ratios prix/bénéfices de beaucoup de mes payeurs de dividendes croissants frisaient les 30, tandis que les rendements courants étaient en chute libre. Même si le rendement sur coût d’achat était toujours très bon (autour des 4% en moyenne), et qu’il continuait à monter, je ne me sentais plus à l’aise avec de tels niveaux de valorisation. On n’est plus dans de l’investissement là, mais dans de la pure spéculation.

Vu que je n'aime pas jouer avec le feu, mais que d'un autre côté il n'y pas d'alternatives avec les obligations, j'ai donc décidé d'arbitrer au sein même des actions. Je me suis débarrassé des titres des secteurs sensibles aux variations du marché, ainsi que des titres qui s'étaient nettement valorisés et qui sont très suivis par la masse des investisseurs et spéculateurs. Dans le lot il y a certaines pépites, mais elles étaient vraiment devenues trop chères. J’ai tout de même un petit pincement au cœur car je perds plusieurs « aristocrates », dont des piliers comme MCD, KO, ADP ou encore WMT. Je leur dis au-revoir, mais pas adieu, car je ne manquerai pas d’y retourner à la prochaine occasion.

LIRE  Pourquoi j'aime les dividendes croissants

Je n’essaie pas de faire du market-timing, je pense d’ailleurs que ces titres risquent encore d’augmenter pendant encore pas mal de temps. Mais je préfère en ce moment me focaliser sur des actions moins à la mode et moins exposées. Elles bénéficieront tout aussi bien du marché haussier, mais elles seront surtout moins saccagées lorsque le marché se retournera.

Me voilà donc désormais paré de titres boudés du marché, répartis sur plusieurs pays hétéroclites, parfois encore quelques grosses capitalisations, mais de plus en plus de petites sociétés. Au niveau géographique le poids passe clairement de l’ouest (USA) vers l’est (Europe et Japon). On trouve d’ailleurs au pays du soleil levant une quantité assez phénoménale de jolies sociétés pas sorties de la dernière pluie et qui sont complètement bradées depuis la longue phase de déflation et de marché baissier qui ont suivi les années ’90.

Du point de vue des secteurs, je reste toujours bien positionné sur les biens de consommation périssables, en particulier la bouffe, et je mets les pieds désormais un peu également dans le secteur financier, un des grands absents de mon portefeuille jusqu’ici. La raison est simple : les fondamentaux se sont nettement améliorés depuis la crise de la dette et des subprimes et certains titres sont malgré tout encore négligés par le marché.

Cela fait pas mal de mouvements, mais c'est à relativiser sur la durée de détentions des titres.  Pour l'instant j'ai effectué plus de ventes que d'achats, il me reste donc beaucoup de cash pour continuer à dégainer en fonction des aubaines.

LIRE  Performance 2016

Je présenterai prochainement le nouveau portefeuille, lorsque tous les ajustements seront terminés. A l'avenir je détaillerai aussi plus précisément les achats/vente de chaque position. A paraître également une longue série d'articles sur la manière de diversifier son portefeuille pour se prémunir des risques de marché.

Depuis la fin des services payants de dividendes.ch j'essaie de vous fournir des conseils intelligents et raisonnables en matière d'investissement et ce à titre gratuit. Je reviens ainsi aux origines du site pour ceux qui s'en souviennent. Mon objectif est de continuer à le faire pour aider mes lecteurs car il y a tellement d'arnaques sur le net que ça en fait peur pour ceux qui n'auraient pas accès aux bonnes informations.

Vous pouvez si vous le souhaitez me sponsoriser via le lien 'dons' qui figure sur le site. Merci.

_____________________
Qu'est-ce qui fait qu'on devient riche et financièrement indépendant ?
Recevez ma newsletter gratuite.
_____________________

11 réflexions sur “Evolution du portfolio”

  1. Je trouve cet article vraiment d’excellente qualité et j’admire particulièrement ta transparence.

    Plus encore que les faibles taux obligataires, je dirais que c’est surtout la politique monétaire ultra-accommodante des banques centrales qui porte le marché des actions à bout de bras (même si bien entendu les deux sont fortement liés).

    Pour ma part, je dois avouer que ces dernières semaines j’ai également réduit quelques positions assez spéculatives et à faibles dividendes. En contrepartie, afin de mieux naviguer en cas de tempête boursière, j’ai acheté quelques titres plus stables et dotés de dividendes plus juteux (mais pas ou peu croissants), p.ex. Investis, Intershop, Mobilezone et APG. J’en ai encore d’autres dans le viseur, p.ex. CFT, Goldbach ou Helvetia dont les valorisations commencent à me mettre l’eau à la bouche…

  2. blank

    Bonjour Jérôme,

    Dans le cadre d’un krach à venir ou autre, elles seraient les conséquences financières si vous aviez gardé votre portefeuille avec les dividendes aristocrates telles que MCD, KO, ADP ? Merci pour la réponse

    1. blank

      Bonjour Jean,
      Il est bien clair que des dividendes croissants, même s’ils sont actuellement chers, sont toujours une bien meilleure approche que d’avoir des titres lambdas, qui ne paient pas de dividendes, ou paient des dividendes irréguliers. Les dividendes ont un fort effet protecteur lors des marchés baissiers, et c’est encore plus flagrant s’ils continuent à être augmentés alors que tout le monde est en train de paniquer. Les payeurs de dividendes baissent moins que les autres et surtout ils remontent beaucoup plus rapidement, grâce aux chasseurs de revenus. Ceci étant dit si on peut trouver d’autres payeurs de dividendes croissants, pour moins cher (du point de vue des fondamentaux), alors on peut s’en tirer encore beaucoup mieux. Pourquoi avoir dans mon portefeuille des sociétés avec des PE de 30, même si c’est des blue chips aristocrates à vocation défensive, alors que je peux acheter des petites sociétés qui paient des dividendes croissants à moins de 10x les bénéfices… ?

      Complément d’info : https://www.dividendes.ch/2012/08/les-atouts-des-payeurs-de-dividendes/

  3. blank

    Rebonjour Jérôme,

    Merci pour ta réponse. Si le PER est actuellement est de 30, mais que tes actions tu les a achetées il y a plusieurs années (à un PER plus faible), en quoi cela t’impacte t’il ?

    1. blank

      Pour deux raisons.
      La première c’est que plus le titre est cher, plus dur est la chute lorsque le marché se retourne. Même si on est d’accord ce sera toujours moins pire qu’avec un titre qui ne paie pas de dividendes croissants. Je peux très bien m’accommoder en général dans une otique buy&hold d’une société de qualité que j’ai achetée à un PER entre 10 et 15 et dont le cours s’est fortement apprécié parce que a) les bénéfices ont progressé et b) le marché valorise plus le titre (hausse du PER). On gagne sur trois tableaux : le dividende progresse, le cours progresse grâce aux bénéfices, mais aussi parce que le PER monte. Cela ne me pose pas problème, tant que ça reste dans le domaine du raisonnable… A partir d’un PER de 20 je commence à me poser des questions, 25 il faut que la croissance de la société soit sacrément soutenue et surtout qu’elle continue à être fortement soutenue (ce qui est rare sur de longues périodes). Et à 30… comment dire… On voit bien que ce n’est plus vraiment raisonnable. Je rappelle que le PER historique moyen est aux alentours de 15 !
      La deuxième raison c’est que si on peut trouver une société 2 ou 3x moins chère avec des fondamentaux aussi bons, ou même meilleurs, alors il n’y a pas de quoi se priver… On arbitre entre ses propres titres et le reste du marché : peut-on trouver mieux dehors ?
      – si non, alors tant mieux on est juste : on garde ce que l’on a, voire on renforce un peu les positions dans lesquelles on a le plus confiance, pour autant qu’elles soient encore à un prix correct.
      – si oui, alors notre portefeuille n’est plus tout à fait adéquat : on allège les titres qui ont atteint les sphères spéculatives, on garde les bons élèves et on achète les titres boudés par le marché

  4. blank

    Merci je comprends ton raisonnement maintenant, il faut essayer de garder un certain équilibre avec chacun des titres achetés. Autre chose, à quelles de sociétés fais-tu allusion, qui seraient moins chères actuellement et qui respecteraient les fondamentaux ?

    1. blank

      Je vais prochainement afficher mon nouveau portefeuille définitif. Il me reste encore quelques achats et ventes à réaliser.
      Il me semble que tu es québécois. Je trouve par exemple que chez vous certaines banques sont bon marché et affichent de très bons fondamentaux. Je pense par exemple à TD.
      Dans les anciens titres que je possédais il y a des titres suisses comme Bell par exemple. Il y a mêmes certains titres que j’ai conservés, malgré un PER assez élevé, mais qui sont sauvés par d’autres critères (ventes, valeur comptable, cash, etc.), je pense par exemple à VFC (aristocrate US) ou Emmi (en Suisse).
      Sinon comme je l’ai déjà mentionné il y a une quantité énorme de beaux titres au Japon, pas chers du tout. Bon tu me diras faudrait juste pas que l’autre cinglé décide d’appuyer sur le bouton, vu qu’ils sont pas très loin… Mais dans ce cas y a pas que le Japon qui risque de souffrir.

  5. blank

    Pas Québécois mais j’y ai habité un bon moment 😉 Ok j’espère pouvoir te lire rapidement, il me tarde de me lancer dans les dividendes.

  6. blank

    Discussion intéressante sur cette éternelle question de savoir quand la valorisation est encore raisonnable et à partir de quand on est dans la fameuse phase de « l’exubérance irrationnelle ».

    Comme l’a dit Jérôme, je trouve aussi le marché actuellement trop cher de façon générale, mais j’arrive encore à trouver quelques titres pas grossièrement surévalués.

    Et la petite correction « politique » de ces derniers jours crée déjà quelques opportunités.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *