Identifier des actions suisses de qualité et les valoriser (1/6)

Cette publication est la partie 1 de 6 dans la série Identifier des actions suisses de qualité et les valoriser.

DISCLAIMER…

Disclaimer de dividinde: Bonne lecture!

Disclaimer de n'importe quelle grosse banque:

Si vous devenez riche sur un malentendu malgré tous nos frais cachés, ce sera grâce à nous et c'est pourquoi nous nous permettrons de piquer 20% supplémentaires  comme participation aux gains. Si vous perdez tout votre argent, c'est la faute à pas de chance. La performance passée sert juste à vous montrer comment notre stratégie aurait fonctionné si on avait pu prédire l'avenir (backtesting) et si on n'avait pas fait les cons avec votre pognon. Grâce à notre processus de sélection active, on fait bien pire que n'importe quel ETF, mais il faut bien récolter plein de frais scandaleux et injustifiables si on veut que nos enfants puissent fréquenter une école privée pour devenir un jour comme nous. Si vous n'arrivez pas à lire ce disclaimer, c'est normal, on l'a écrit en miniature en bas de la page 174 en espérant que vous passiez à côté. Nous vous remercions de votre naïv... heu... de votre confiance.

INTRODUCTION

Il existe de nombreuses façons d'évaluer la valorisation correcte d’une action. Je vais vous présenter la mienne, sans avoir l'ambition de dire que c'est la meilleure méthode ou que c'est celle qu'il vous faut utiliser. J'espère néanmoins que vous pourrez en retirer quelques idées et peut-être appréhender les choses sous un nouvel angle.

Voici ce que je recherche en quelques mots: des entreprises de grande qualité qui s'échangent à un prix que j'estime raisonnable. Le dividende est un facteur important pour moi, mais ce n'est de loin pas le seul critère que je prends en considération.

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Une entreprise de qualité se caractérise notamment par le fait de parvenir à créer de la valeur de façon régulière et prévisible, et ce même en période de crises économiques. Un bilan solide permet de traverser les tempêtes boursières, tout comme un bateau solide a plus de chances de traverser une mer déchainée qu’un simple radeau en bois.

UN PROCESSUS PAR ÉLIMINATION

J'ai toujours adoré les romans policiers dans lesquels l'enquêteur procède par élimination: Lorsqu'il ne sait pas qui est l'auteur, il commence par éliminer de la liste des suspects tous ceux qui n'ont pas pu commettre ce crime. Celui qui avait une jambe cassée et n'était pas en état de se rendre sur le terrain escarpé où a été commis le crime. Celui qui n'était pas assez fort physiquement pour porter le corps. Celui qui avait pris un somnifère et dormait au moment des faits.

J'utilise également ce processus par élimination lorsque je veux sélectionner des actions: Je commence par éliminer de ma liste les entreprises qui ont une jambe cassée, celles ne sont pas assez fortes ou encore celles qui semblent sous l'emprise de puissants somnifères...

Pour commencer, j’élimine toutes les sociétés qui ne sont pas encore bénéficiares (p.ex. presque toutes les biotechnologiques).

Ensuite, celles qui travaillent dans des branches fortement cycliques (p.ex. Adecco) et/ou qui sont très gourmandes en capital et nécessitent d'importants investissements pour mener à bien leurs activités (p.ex. LafargeHolcim, Schmolz + Bickenbach).  Le terme allemand « kapitalintensiv » est à mon sens beaucoup plus parlant.

Je n'apprécie également pas trop les entreprises technologiques et informatiques "hot" qui peuvent être dépassées plus rapidement qu'on l'imagine par un concurrent et dont les produits peuvent devenir obsolètes (p.ex. AMS, Kudelski), même si je fais quelques exceptions dans ce secteur.

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Je fuis comme la peste les restructurations profondes et les chantiers sans fin (p.ex. Valora) ainsi que les sociétés qui sont éternellement sur le point de sortir un produit révolutionnaire (p.ex. Myriad). Ces entreprises me rappellent cette phrase que l’on entend souvent à propos de la ville de Bienne : « Bienne est la ville de l’avenir… et le restera toujours ».

Je me méfie également des entreprises qui passent leur temps à faire des (trop) grosses acquisitions et promettent des synergies irréalistes dans le seul but de justifier leur endettement croissant (p.ex. Dufry). A l’opposé, les sociétés qui font régulièrement de petits achats faciles à intégrer m’intéressent beaucoup (p.ex. Burkhalter, SGS).

Un endettement excessif peut rapidement mener à la faillite si la conjoncture se détériore (p.ex. Aryzta, Meyer Burger).

Les entreprises qui ont commis d’énormes magouilles financières sont éliminées à jamais (p.ex. Panalpina), même si depuis leurs dirigeants ont changé plusieurs fois. Qui a bu boira. Le risque de récidive est trop grand et je préfère aller voir ailleurs plutôt que de jouer avec le feu.

J’élimine les grosses banques, car leur bilan est complexe, incompréhensible et plein de mauvaises surprises cachées dans tous les recoins (scandales et procès à venir = argent qui sera jeté par la fenêtre = destruction de valeur boursière et suppression de dividendes).

LE SECTEUR CYCLIQUE PAR EXCELLENCE

Le secteur cyclique par excellence et qui doit être évité à tout prix est celui des compagnies aériennes. Heureusement, depuis que Swissair a fait faillite, il n’est plus possible d’investir dans ce secteur en Suisse ! Investir dans une compagnie aérienne, c’est jeter votre argent par le hublot !

LIRE  Le ratio de distribution (payout ratio)

Voici ce que Richard Branson, qui a tenté l’aventure, dit à propos des compagnies aériennes : « Devenir millionnaire, c'est facile. Commencez milliardaire puis achetez une compagnie aérienne ».

Si vous n’êtes toujours pas convaincus, comparez par exemple un chart à long terme d’Air France-KLM et de Nestlé :

Air France-KLM

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Nestlé

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PASSER À CÔTÉ DE MAGNIFIQUES OPPORTUNITÉS ?

Procéder par élimination, c’est-à-dire commencer par éliminer les perdants potentiels, est au moins aussi important si ce n’est plus que de choisir les gagnants !

La seconde vague d'élimination se fait chez moi à partir de critères chiffrés (quantitatifs) que je vous présenterai un peu plus tard.

Vous me direz certainement qu'en procédant de façon aussi radicale on va passer à côté de magnifiques occasions, ces actions dont le cours va être multiplié par dix en quelques années. Myriad ou Wisekey seront effectivement peut-être (sur un malentendu) bénéficiaires un jour et rendront leurs actionnaires extrêmement riches.

C'est parfaitement exact, mais honnêtement ça m'est complétement égal. Car cette approche QUALITATIVE permet avant tout de passer à côté de pertes abyssales.

C'est ce qui s'appelle INVESTIR par opposition à SPÉCULER.

C’est aussi ce qui permet d’atteindre son objectif d’indépendance financière en temps voulu...

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6 réflexions sur “Identifier des actions suisses de qualité et les valoriser (1/6)”

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    Merci dividinde pour ce très bon post. J’apprécie vraiment de te lire, ton approche ressemble à de très nombreux aspects à la mienne, on se sent donc un peu moins comme un extra-terrestre dans la sacro-sainte place financière helvétique.
    Voilà les quelques points qui m’ont tout particulièrement parlé :
    – « parvenir à créer de la valeur de façon régulière et prévisible, et ce même en période de crises économiques » : idem pour moi, je me focalise sur des sociétés « intemporelles », qui fonctionnent quoi qu’il se passe en dehors. J’apprécie en particulier le secteur des biens de consommation non durables (bouffe, boisson, tabac, cosmétiques…) et les produits pharmaceutiques.
    – « j’élimine toutes les sociétés qui ne sont pas encore bénéficiaires » : idem pour moi aussi, à éviter en particulier les startups, la plupart des IPOs, bref tout ce qui n’offre pas une visibilité et une prévisibilité suffisantes
    – « celles qui travaillent dans des branches fortement cycliques » : idem pour moi, trop de danger pour assurer la pérennité du dividende. Je pense notamment à l’automobile et bien entendu les compagnies aériennes.
    – « Je n’apprécie également pas trop les entreprises technologiques et informatiques » : idem pour moi. On a vu trop souvent par le passé des monstres « technologiques » qui paraissaient éternels s’écrouler en l’espace de quelques mois seulement, juste parce qu’ils avaient raté un virage technologique. Pensons à Eastman Kodak par exemple. Aujourd’hui Apple, Microsoft; et Google semblent indétrônables, mais qu’en sera-t-il dans 10 ou 20 ans ? Il y a beaucoup de chances pour qu’au moins un des trois n’existe plus. Il n’y a qu’une seule « techno » qui fasse réellement exception, IBM, car elle a su se réinventer totalement déjà 3x au cours de sa très longue existence.
    – « J’élimine les grosses banques, car leur bilan est complexe, incompréhensible et plein de mauvaises surprises cachées dans tous les recoins » : idem pour moi… trop de magouilles, trop de bonus, trop de complexité comme tu dis. La finance est une chose simple que les banquiers ont voulu rendre compliqué pour s’enrichir sur le dos de leurs clients. Je sors par contre du lot les petites banques de proximité qui offrent encore de vrais services bancaires utiles à la société.
    – « Le secteur cyclique par excellence et qui doit être évité à tout prix est celui des compagnies aériennes. Heureusement, depuis que Swissair a fait faillite, il n’est plus possible d’investir dans ce secteur en Suisse !  » : à 100% d’accord et je parle en connaissance de cause puisque Swissair a été mon seul placement en faillite depuis 17 ans. Mais, même si j’ai perdu un peu d’argent à l’époque, je dirais que ça m’a surtout donné une très bonne leçon ! Merci Swissair d’avoir changé ma façon d’investir 🙂

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    Laurent Martin

    Merci pour cet article. Comme vous êtes basé en Suisse et que votre stratégie fait la part belle aux dividendes, je me demande si vous prenez en compte l’aspect fiscal. En effet, en Suisse, les gains en capitaux (soit les plusvalues) sont exemptées d’impôt sur le revenu (mais entrent certes en compte pour l’impôt sur la fortune), au contraire des dividendes, qui sont imposés comme revenus (il y a d’abord de prélèvement automatique de 35% d’impôt anticipé, puis il faut déclarer les dividendes comme revenus, la restitution de l’impôt anticipé pouvant alors être demandé).

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      Je laisserai répondre à dividinde plus en détail puisque c’est lui qui a pondu le post et je sais qu’il est très à cheval sur l’aspect fiscal. Personnellement j’ai toujours pensé que l’aspect fiscal est un problème secondaire pour les dividendes. A force de trop se focaliser là dessus, on passe à côté de vrais pépites payeuses de revenus. Sur le long terme, pour peu qu’on choisisse des société de qualités avec des dividendes croissants, on couvre largement la contrainte fiscale. Raisonner uniquement sur l’impôt anticipé, c’est comme se concentrer seulement sur le rendement en dividende (en fin de compte c’est pareil puisqu’on recherche uniquement le rendement net le plus haut possible). Le plus important pourtant c’est que ce dividende soit bien couvert par le bénéfice et qu’il progresse sur le long terme. Tant que c’est le cas, on sera toujours gagnant, même en laissant une petite partie au fisc. Et puis n’oublions pas que la stratégie des dividendes croissants implique que le cours progresse lui aussi de manière proportionnelle aux revenus et que donc on bénéficie aussi de la plus-value en capital non taxée en Suisse.

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    Merci pour vos commentaires!

    @Jérôme: Très intéressant ton expérience avec Swissair, qui confirme ce que je me suis toujours dit: Il existe des façons moins onéreuses de s’envoyer en l’air…

    Blague à part, j’ai connu des expériences similaires, notamment lorsqu’en 1999 et 2000 j’avais acheté des sociétés bidons qui ne faisaient que brasser de l’air en surfant sur la vague internet pour vendre des actions qui ne valaient rien. Évidemment, ça a fini comme ça devait finir et ça m’a servi de leçon.

    Après l’éclatement de la bulle technologique, je suis passé à l’analyse technique et là aussi je me suis brulé les ailes, avant de finir par comprendre (enfin!) que pour réussir à la bourse il suffisait de faire simple en investissant sur le long terme dans des valeurs défensives traditionnelles qui produisent des biens tangibles qu’on utilise dans la vie de tous les jours.

    C’est finalement un peu comme avec le bonheur qu’on cherche toujours ailleurs alors qu’il est souvent juste sous notre nez…

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      Décidément notre parcours est très similaire. Je me suis aussi fourvoyé avec les technos dans les années 2000 et je me suis aussi mis à l’AT juste après.
      Aujourd’hui je me dis que tout ceci était un mal nécessaire, histoire d’ouvrir les yeux et trouver comme tu le dis si bien ce qui se trouve juste sous notre nez, et notamment dans notre frigo 😉

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    @Laurent Martin. J’accorde beaucoup d’importance aux aspects fiscaux, même si comme l’a dit Jérôme il ne faut pas se focaliser que sur ça, avec le risque de passer à côté de vraies perles. Il n’y a pas que le revenu passif qui compte mais aussi le rendement total!

    Dans tous les cas, à qualités égales, je préfère clairement investir avant tout (1) dans ma monnaie de référence ainsi que (2) dans des placements fiscalement avantageux. J’écrirai peut-être une fois un article plus détaillé sur ce sujet.

    La stratégie à adopter dépend aussi beaucoup de si tu es dans ta phase « accumulation de fortune » ou dans celle « vivre des fruits de ton arbre ». Tu peux aussi lire à ce sujet les échanges entre Jérôme et moi sous Tutorial / indépendance financière.

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