Je vais vous confier un secret. Je dirais même que c'est le secret le mieux gardé en Bourse.
Le voici:
Les investisseurs qui sont capable d'acquérir des titres qui offrent un bon rendement en dividende tout en étant engagés dans un programme de rachat d'actions judicieux, sont pratiquement assurés de surpasser le marché par une marge considérable.
Autrement dit, votre avenir financier pourrait résider dans les sociétés qui offrent à la fois un bon dividende et un bon programme de rachats d'actions lorsqu'elles jugent que leur titre en Bourse est sous valorisé.
De plus en plus de compagnies choisissent de récompenser leurs actionnaires en procédant au rachat d'une part de leurs actions sur le marché boursier. En procédant ainsi, elles permettent aux actions restantes de prendre de la valeur sur le marché, car il y a un plus grand bénéfice par action qui est déclaré, et les actionnaires paient moins d'impôt que s'ils recevaient des dividendes seulement.
Cependant, quelques mises en garde s'imposent. Les dirigeants d'entreprises sont sans contredits les mieux positionnés pour évaluer si leur cours en Bourse est évalué correctement. Or, les programmes de rachats d'actions sont comme des transactions d'initiés opérées à grande échelle. La grande différence réside dans le fait que contrairement aux transactions d'initiés, qui sont effectuées par chaque administrateur de la société, de façon individuelle, les rachats d'actions sont décidés en groupe par le conseil d'administration de l'entreprise.
Il est parfois difficile d'interpréter un programme de rachats d'actions. Il faut quelquefois s'attendre à des nouvelles mensongères ou à des intentions douteuses de la part des dirigeants.
Quelques fois, une société annonce en grande pompe, un programme de rachat d'actions, prétextant que son titre en Bourse est sous-évalué, puis change d'idée en cours de route. Il arrive même qu'à l'occasion, l'annonce d'un programme de rachat d'actions ne serve qu'en fait, qu'à donner des actions aux employés pour améliorer leurs conditions de travail.
La seule et unique méthode pour vérifier que les rachats d'actions sont fait à bon usage, consiste à examiner les rapports financiers de la société afin de vérifier que le nombre d'actions en circulation diminue vraiment, d'un exercice à l'autre.
Depuis quelques années, un nouveau ratio financier est de plus en plus utilisé pour vérifier et comptabiliser la part des bénéfice qu'une société reverse à ses actionnaires. Il s'agit du «Shareholder yield» que l'on pourrait traduire par «Rendement à l'actionnaire».
Le Shareholder yield correspond au résultat de l'addition du rendement en dividende avec le pourcentage de ses actions qu'une société a racheté sur le marché boursier durant les 12 derniers mois. Ainsi, une entreprise qui vous verse 2% de rendement en dividende et qui a racheté 5% de ses actions en circulation sur la dernière année, vous donne un rendement à l'actionnaire de 7%. Voilà, selon moi, un ratio qui permet d'isoler les entreprises pour qui l'enrichissement des actionnaires est primordial.
Ainsi, sur la période de 1984-2004, l'investisseur qui aurait acheté les 10 titres du S&P 500 qui avaient le meilleur Shareholder yield, et qui aurait renouvelé ce panier de 10 titres une fois l'an pour respecter ce critère de sélection, aurait obtenu un rendement annualisé de 22.6% comparativement à 11.7% pour le S&P 500, soit une plus value de 10.9%. Un résultat qui le placerait aux cotés des grands de l'investissement de ce monde.
Maintenant, vous comprenez pourquoi un tel filon reste dans le secret ou presque...
Martin Raymond, pour le blog investir-a-la-bourse.com
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Merci Martin pour cet article interessant ,
Quel est le meilleur screener pour lister les entreprises qui procedent
à ces rachats d actions dans l intéret de l’actionnaire individuel ,,,,, ??
Bonjour Guyem,
Le ratio shareholder yield n’est pas très diffusé sur les sites financiers sur le web. Pour ma part, je le calcule personnellement por chacun des titres auxquels je m’intéresse.
Martin
Très théorique tout ca…
Contrairement aux dividendes qui finissent dans les poches de l’actionnaire, le rachat d’actions n’est qu’un rendement théorique. Les grands gagnants des rachats d’actions sont les dirigeants qui ont un bonus sur l’EPS (earnings per share), car la diminution du nombre d’actions en circulation permet d’augmenter le revenu par action….encore faut-il que les actions soit détruites et pas seulement gardées en trésorerie au bilan…pour la rémunération du management par exemple.
De plus, une entreprise peut très bien émettre des actions quelque temps après le rachat. Ca arrive parfois.
Cher Birdienumnum,
Voilà pourquoi j’en parle dans l’article. En effet, il faut toujours rester aux aguets car pour certains dirigeants, les rachats d’actions sont des attrape-nigauds qui ne servent, en bout de compte, que leurs intérêts personnels.
Il faut toujours s’assurer que les actions rachetées sont annulées et que le nombre d’actions en circulation diminue vraiment d’un exercice à l’autre. Dans le cas contraire, tout ça n’est qu’un mirage inefficace.
Il n’y a rien de théorique là-dedans Birdienumnum.
En tant que copropriétaire de l’entreprise, ce que vous êtes de fait en tant qu’actionnaire, vous détenez une participation (en % du capital).
Avec moins d’actions sur le marché, votre participation augmente.
Pour imager, si vous divisez une tarte en 16 ou 8 vous vous apercevrez bien vite que la part de tarte ne prendra pas tout à fait la même place dans
votre assiette.
A l’avenir vous aurez une plus grosse proportion des bénéfices, ce qui est toujours appréciable, et il en coûtera moins cher à l’entreprise pour verser un dividende…normal il y a moins d’actions en circulation.
De plus, le rachat d’actions est neutre fiscalement, ce qui est plutôt intéressant dans une perspective à long terme.
Je préfère largement qu’une entreprise rachète ses actions plutôt qu’elle se lance des programmes dispendieux et hasardeux de diversification, d’acquisition surpayées ou autres drôleries du même genre.
Le seul bémol, bien entendu, est de savoir à quel niveau de valorisation l’entreprise rachète des actions. L’histoire est semée d’exemple de rachat destructeur de valeur pour les actionnaires.
Un autre avantage majeur est que cela donne de la souplesse à l’entreprise dans l’allocation de capital. Autant il sera toujours mal vu par Mr le Marché qu’une entreprise baisse ou coupe son dividende, autant cela ne posera aucun problème pour un programme de rachats d’actions.
Les entreprises qui usent des deux dispositifs peuvent ainsi jongler à l’envie en fonction des circonstances du moment.
Je vous laisse apprécier le résultat de ce backtest sur la question, les résultats se passent de commentaires.
Je vous encourage vivement à lire « The Outsiders », vous changerez sans doute d’avis. Ce livre est un must-read.
Il dresse notamment le portrait de manager d’exception tel Henry Singleton qui racheta 90% des actions de Teledyne. Les actionnaires qui lui ont fait confiance peuvent lui faire une statue dans leur jardin.
Idem avec JohnMalone & TCI/Liberty , Bill Stiritz & , Bill Anders & Purina.
Ceci dit, il faut bien entendu être vigilant sur les deux points que vous soulevez : annulation réelle des actions et objectif du programme de rachats.
Au fait, merci Martin pour l’article ;).
Bonjour !
quand le rachat d’actions a lieu parce que la société ne ses plus quoi faire des ses sur abondantes liquidités, c’est bon signe !
Si c’est juste pour plaire aux actionnaires, attention…
Martin,
Article vraiment très intéressant et qui a du bon sens. Je vais commencer à évaluer quelques sociétés en suivant votre shareholder yield.
Que pensez-vous de PM (Philip Morris) qui a un programme de rachat d’actions très élevé et qui a un dividende élevé.
Bonne soirée, RA50
Malheureusement RA50, Philip Morris ne fait pas partie de mon univers de titres en suivi. Le secteur dans le quel œuvre la compagnie (le tabac) est, à mon humble avis, un secteur en déclin, quoique l’arrivée de la cigarette électronique va peut-être aider mais pour l’instant sont impact sur les ventes de la société est beaucoup trop minime pour être utilisé comme catalyseur à une prise de position dans l’entreprise.
Une continuité solide de la croissance sur plusieurs années doit être envisagée pour permettre à la société de continuer à verser un bon dividende et procéder au rachat d’actions sur le marché. Pour moi, vu ma connaissance limitée du secteur d’affaires je préfère rester sur les lignes de côté.
Martin
Salut Martin
merci pour cet article intéressant. Je ne suis pas tout à fait d’accord concernant la cigarette, elle vit une période de crise, comme la malbouffe, mais je pense qu’elle saura rebondir. N’oublions pas que c’est un secteur qui dégage des marges importantes et qui donc permet de payer de juteux dividendes. Les gens, surtout quand les choses vont mal, ont une fâcheuse tendance à se rabattre sur le tabac, l’alcool et la bouffe. L’être humain est ainsi fait, et ce n’est pas toutes les campagnes de sensibilisation qui y changeront quelque chose. Je ne dis pas que c’est bien, c’est même malheureux quelque part, mais c’est comme ça. Et puis bon, on ne peut pas non plus toujours être parfait… un peu de vice c’est bien aussi.
Salut Jérôme! Je ne sais pour vous autres en Europe mais ici au Canada, les adeptes de la cigarettes sont nettement en décroissance.
Contrairement à toi, je pense que les campagnes anti-tabac font leur œuvre réduisant à travers les années le nombre de fumeurs, mais plusieurs entreprises ont réussis dans l’histoire à générer de la croissance dans un marché en décroissance.
Donc, ce n’est pas peine perdue.
Martin
l’Europe c’est un peu un pays en voie de développement, pour faire référence au commentaire de Michel 😉
@Jerome : je ne pense pas que la cigarette vivent une crise. Il y a plein de pays en voie de développement qui réclament la cigarette 🙂 !
Sinon, 7% c’est un rendement, mais pourquoi ne pas préférer prendre 20% de PV, soit des années de dividendes ?
A mon avis, il y a quand même beaucoup de secteurs autres que les cigarettiers qui devraient s’inquiéter pour leur avenir.
La population mondiale croît et les impératifs de santé ne sont pas au même niveau en occident (Amérique du Nord + Europe) et dans les payes émergents.
Lors d’un voyage en Chine j’ai été sidéré du nombre de gens qui fumaient.
Très bon point Étienne, en ce qui a trait aux pays émergents et aux nombres de fumeurs qui s’y trouve, ça mérite une réflexion plus approfondie de ma part.
Merci!
Martin
Pourquoi vouloir absolument un secteur en croissance, et « hype »?
Le tabac, c’est tabou, nombre d’investisseurs ne veulent pas toucher aux cigarettiers, pour d’evidentes raisons morales….tant mieux! Pas de valorisations bullesques !
Un secteur en décroissance…pas sûr, mais après tout:tant mieux si c’est le cas!
En effet:quel est le risque de voir arriver un nouvel entrant dans un secteur à croissance faible, voire negative, dans lequel reigne un oligopole de quelques énormes sociétés archi-rentables?le business est juste parfait:on vend la peau du cul ce qui coûte une misère à produire,on peut se passer de recherche et développement,de publicité,le client est « lié » au produit, et aucun nouveau concurrent pour remettre tout ça en cause! Et si le secteur venait à vraiment souffrir…on verrait sans doute une consolidation du secteur!
c’est clair !
et ça paie de généreux dividendes
voir mon portefeuille « Drinking & Smoking Dividends » dans la partie membres
http://www.dividendes.ch/smoking-drinking-dividends/
Entièrement d’accord Yoshi !
De nombreuses entreprises exercent dans des secteurs normalement peu « réputés » comme étant attractifs pour leur dividende.
Par exemple Genuine Parts (un équipementier auto) ou Nucor (sidérurgie).
En France, Touax (transport de marchandises) verse un dividende depuis 1906.
De nombreuses banques régionales US ou en France (caisses régionales du crédit agricole) constituent également de très bons candidats.
Oui, j’aime bien Touax, fort positionnement sur une activité « ennuyeuse », une direction aux interets alignés sur ceux des actionnaires, et pour cause ils sont associés-gérants, avec une responsabilité illimitée (société en commandite, comme Rubis…), donc on peut dire qu’ils risquent leur chemise à chaque prise de decision!
Seuls bémols:c’est une micro cap assez volatile, et les dividendes sont assez fluctuants…
Pour revenir au shareholder yield, le « vrai rendement locatif » d’une société n’est pas celui qu’elle redistribue sous forme de dividendes, mais bien celui qu’elle gagne!un peu comme un parc immobilier locatif qui serait detenu via une forme societaire (SCI…), peu importe que le proprietaire utilise l’argent des loyers versés pour acheter de nouveaux biens, pour rembourser une partie de la dette, ou se le reverser sous forme de dividendes, ce qui compte….c’est bien qu’un maximum de biens soient loués, et que les locataires paient leur loyer en temps et en heure!
Bonjour,
Quand on regarde l’évolution de la courbe historique des prix de Touax, le prix baisse depuis 2011 alors que toutes les actions montent !
Il y a mieux comme actions de rendement.
Michel,
Touax n’a été citée que pour illustrer la pérennité du dividende, rien d’autre.
Le dividende a l’avantage d’être un moyen « visible » de rétribuer l’actionnaire.
Une entreprise à differents moyens d’utiliser son cash à bon escient, dont trois sont des « dividendes »:
▪le dividende, bien sûr
▪le désendettement
▪le rachat d’action(si il est effectué lorsque l’el’entreprise décote…)
Le resultat de chaqu’une de ces solutions est identique pour l’actionnaire, mais pour un objectif de rente le dividende sera préféré, sans compter que désendettement et rachats d’actions ne peuvent/doivent être faits régulièrement.