Lorillard Tobacco Company a été fondée en 1760 déjà par Pierre Abraham Lorillard. C'est dire si l'entreprise en a déjà vu passer des vertes et des pas mures... C’est également la troisième Industrie du tabac aux USA pour le marché de la cigarette sous les marques Newport, Maverick, Old Gold, Kent, True, Satin, et Max. En 2008, Lorillard Tobacco a conclu un accord de séparation avec sa société mère Loews, et est devenue une société indépendante cotée en bourse. Lorillard fait partie de ma stratégie Smoking & Drinking Dividends, qui cherche à obtenir des revenus intéressants, tout en se protégeant contre le risque de monnaie et de marché.
Newport, la cigarette au menthol de Lorillard, représente 94% de son chiffre d'affaires, 92% de ses volumes, 34% de part de marché de toutes les ventes de cigarettes mentholées aux États-Unis, ainsi que 10% de part de marché pour l'ensemble de l'industrie du tabac US. La société basée à Greensboro est gérée par le PDG Martin Orlowsky, qui travaille à Lorillard depuis 20 ans.
En avril 2012, Lorillard achète la société de cigarettes électroniques ecigs Blu, pour 135 millions de dollars, marquant la première incursion par l'industrie du tabac dans ce marché. La société affichait environ 30 millions de dollars de recettes en 2010, avec des produits vendus dans plus de 13'000 points de vente, y compris Walgreen (NYSE:WAG).
Lorillard participe à une industrie économiquement indépendante, dont les rendements à long terme ne sont pas fondés sur les conditions économiques générales des Etats-Unis. L'industrie de la cigarette est protégée par une large réglementation, des économies d'échelle et, non des moindres, par la fidélité des consommateurs aux marques. Cette dernière permet aux fabricants de tabac d'augmenter leurs prix plus rapidement que les volumes baissent. Un paquet de cigarettes coûte ainsi 25 cents à produire tandis qu'il peut être vendu pour 20 fois ce montant!
27-28% des cigarettes consommées aux USA appartiennent à la catégorie menthol. Lorillard continue d'augmenter ses parts de marché grâce au menthol, qui bénéficie d'une évolution des volumes moins néfastes que le reste du groupe de tabac, avec des meilleures marges et une clientèle plus fidèle. Selon Merrill Lynch, 1'000 cigarettes Newport génèrent un profit de plus de 36 dollars, contre 28 $ chez Altria / Philip Morris USA.
Malgré ces fondamentaux intéressants, et le niveau élevé actuel du marché, Lorillard se négocie toujours à un cours attractif, ce qui est confirmé par un PE de 13.24 et un rendement courant de 5.2%. Le rendement moyen sur le plus long terme est néanmoins légèrement plus élevé, avec 5.71%. Le dividende progresse sur un rythme annuel moyen de 15.04%, même s'il faut relever que la dernière augmentation, en date du 27 février 2013, est plus modeste, avec 6.45%. Durant les cinq prochaines années, le dividende devrait progresser de manière moins soutenue, avec 7.75% de moyenne annuelle estimée, ce qui reste tout de même intéressant. Malgré le rendement généreux, Lorillard ne dilapide pas son bénéfice, puisque seul les 2/3 sont utilisés pour le paiement du dividende.
Petite ombre au tableau, LO, comme beaucoup d'autres entreprises du secteur, affiche une volatilité assez élevée, avec 27.61%. Néanmoins, et également comme ses concurrents, cette nervosité des cours n'est que peu liée à celle du marché, ce qui est attesté par un bêta de 0.38.
Le point qui est peut-être le plus remarquable chez Lorillard, c'est sa capacité à se protéger des variations du dollar, alors même que l'entreprise n'opère qu'aux Etats-Unis, c'est à dire qu'elle administre, fabrique et vend uniquement dans ce pays. Tout investisseur non US devrait en effet prendre garde lorsqu'il achète des titres américains, à cause de la faiblesse structurelle du billet vert. Justement, Lorillard a tendance à prendre de la valeur en CHF lorsque le dollar s'affaiblit, ce qui est attesté par un $risk de -0.43.
Un bon rendement, une bonne croissance du dividende, un ratio de distribution malgré tout prudent, un titre un peu trop volatil, mais peu lié aux variations conjoncturelles et une bonne protection face au risque de marché. Lorillard a indéniablement énormément de qualités, ce qui se traduit par un rating de 4 étoiles.
Tout n'est certes pas rose comme vous le savez déjà dans l'industrie du tabac, à cause des risques qu'elle fait courir à la santé publique. Lorillard n'échappe pas à cette règle puis que la société a perdu un procès en 2010, avec 151 millions de dollars à débourser, et une image de marque passablement écornée. Cela pourrait retenir passablement d'investisseurs à juste titre. Je pense néanmoins que si l'on veut investir strictement de manière éthique, alors autant ne pas investir du tout car la très grande majorité des entreprises cotées en bourse naviguent en permanence de part et d'autre de la frontière de la légalité et de la responsabilité sociale.
Pour toutes ces raisons j'ai décidé d'acheter Lorillard le 19 août dernier.
Sources : Wikipedia, Wikinvest, Yahoo Finance, Swissquote, dividendes.ch
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Bonjour Jérôme,
Lorillard est une entreprise attractive, comme tu l’as souligné, du fait de son leadership dans le secteur des cigarettes mentholée.
J’aimerai aussi porter l’attention des fidèles lecteurs sur les points suivants :
– l’endettement est très important, les fonds propres de l’entreprise sont négatifs. Il y a donc une obligation du maintient d’un résultat net aussi élevé qu’aujourd’hui pour que l’entreprise continue à distribuer du cash à ses actionnaires ;
– des rachats d’action à un rythme effréné, Lorillard rachète en permanence des actions pour les annuler : en 5 ans plus de 28 % des actions ont été annulées, passant de 521 millions en 2008 à 375 millions au 2ème trimestre 2013. C’est une très bonne chose pour les actionnaires d’autant plus que le programme de rachat se poursuit encore jusqu’en 2014. On peut juste constater que la tendance de rachat ralentit depuis quelques trimestres ;
– l’interdiction de la vente de menthol proposé par la FDA fin juillet 2013, certes ça n’est pas passé mais imaginez l’impact sur Lorillard. Ce serait réellement une catastrophe. Malgré cette annonce, le cours de l’action n’a quasiment pas baissé (- 5 % par rapport au cours actuel). Je ne m’explique pas cette non réaction du marché. Peut-être que les actionnaires savent que les puissants lobby du tabac n’auraient jamais laissé passer ce genre de loi ;
– des primes d’atteinte d’objectifs très importants sont distribuées aux dirigeants. C’est plutôt bon signe pour la pérennité du succès de l’entreprise. Les dirigeants étant impliqués « financièrement » on peut espérer que ça les motivera d’autant plus !
– achat d’une filiale de cigarette électronique « blu e-cig ». C’est important que Lorillard se positionne sur ce marché en devenir. Cependant il semble que la qualité des produits soient plutôt dans la fourchette basse alors que le prix reste élevé. Le marketing est bien présent, regardez les spots TV avec Jenny McCarthy ! Cependant les résultats de la filiale représentent seulement quelques millions de dollars, autant dire quasi rien à l’échelle de la boîte. Sujet à suivre !
Pour toutes raisons, j’ai également franchi l’étape et suit passé à l’achat il y a peu dans les 42 $ le titre. Je suis plutôt orienté sur une sous valorisation du titre que sur un rendement avec augmentation continue des dividendes. Qu’en pensez-vous ?
Merci pour cet excellent feedback PapaOurs. Concernant l’interdiction pure et simple des cigarettes au menthol aux Etats-Unis, le pays du laisser-faire économique, je n’y crois pas. Tout au plus y aura-t-il un peu plus de réglementation et de taxes, ce qui peut renforcer la position monopolistique des leaders de marché, empêchant la concurrence nouvelle d’émerger. Tant qu’à y être, si les USA décident de supprimer les cigarettes mentholées, alors ils peuvent aussi interdire le Happy Meal de Mc Donald, qui s’attaque à un public encore plus jeune, avec des conséquences toutes aussi funestes sur la santé.
Pour aller dans le sens de PapaOurs, je me méfie également d’une réglementation interdisant la vente des cigarettes menthol. A titre d’exemple plus proche de chez nous, l’UE envisage d’interdire les cigarettes « slim » ainsi que les cigarettes menthol. Dans un autre domaine mais pour reprendre ton exemple, la Californie a déjà interdit les jouets dans les menus « Happy Meal ». En revanche, on peut imaginer qu’en cas d’interdiction de la molécule provoquant la sensation mentholée utilisée actuellement, le département R&D aura vite fait d’en trouver une autre.
Ceci étant, la situation financière de LO est très appréciable. Seul ombre au tableau pour un investisseur DG : l’historique de dividendes est très (trop) court à mon goût, la société ne payant des dividendes que depuis 2008.
Dans le business de la cigarette, j’ai préféré pour le moment investir dans PM et MO. Il n’est toutefois pas exclu que j’initie une ligne sur LO, mais pas dans l’immédiat : j’attends un historique de dividendes un peu plus fourni.
C’est vrai que l’historique est faible et c’est pour cela que Lorillard ne figure pas dans les Global Dividend Growers. J’utilise LO plutôt pour me couvrir contre le risque de marché et de monnaie. Ceci étant dit, malgré la jeunesse de la cotation boursière, l’historique de la société est monstrueux. Et ce n’est pas un sursaut de vague moralisatrice américaine (une de plus) qui va lui faire peur.