Journal d’un futur rentier (14)

Cette publication est la partie 13 de 86 dans la série Journal d'un futur rentier.

Journal

On vit une Ă©poque formidable. Le prolĂ©tariat en est venu au point de ne mĂªme plus vouloir du pain. Tout ce qu'il veut, c'est du travail. On ne cherche plus le but, mais le moyen. Les grands patrons ont rĂ©ussi leur coup. Les gens aiment se faire exploiter Ă  un point tel qu'ils en viennent Ă  supplier leurs tortionnaires de les mettre au bagne. On frise le masochisme. Les gars sont tellement contents de travailler, que mĂªme quand ils sont virĂ©s, ils seraient encore censĂ©s lĂ©cher le cul de leur boss.

Cela fait 15 ans que je suis sur le marchĂ© du travail et 15 ans que j'entends la mĂªme rengaine : c'est la crise. Durant cette pĂ©riode mes patrons (et aussi ceux de ma femme), ont toujours trouvĂ© de bonnes excuses pour ne pas augmenter nos salaires. Une annĂ©e le bĂ©nĂ©fice n'Ă©tait pas bon. L'autre le chiffre d'affaires. L'autre la concurrence bouffait trop de parts marchĂ©s. L'autre le franc suisse Ă©tait trop fort. Ils arrivaient toujours Ă  trouver un point nĂ©gatif pour justifier une stagnation des salaires, voire mĂªme une baisse des prestations sociales.

Pourtant, dans l'intervalle, eux ne se gĂªnaient pas pour bien s'arroser au passage. En guise d'illustration, durant cette pĂ©riode soit disant de crise, le Swiss Performance Index (qui totalise le rendement des prix et des dividendes des entreprises suisses cotĂ©es en bourse) a progressĂ© de 90% ! Euh... combien d'entre vous ont Ă©tĂ© augmentĂ©s ne serait-ce que d'un tiers de cette performance durant ce laps de temps ? Combien de vous ont Ă©tĂ© augmentĂ©s tout court ?!?

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SPI

De qui se moque-t-on ? Le problème c'est qu'en bouffant de la sorte le pouvoir d'achat de la classe moyenne, le grand patronat rend de fait toute reprise économique éphémère. Seule une répartition équitable des richesses permet de soutenir de façon durable la consommation intérieure. Tant que la grande masse devra consommer en devant se serrer la ceinture, on vivra toujours sur le fil du rasoir. C'est le serpent qui se mord la queue : crise économique -> baisse du pouvoir d'achat -> crise économique...

La bonne nouvelle c'est qu'avec le vieillissement de la population, il n'y aura bientôt plus assez de main d'oeuvre. Et là le pouvoir risque bien de changer de main. Mais d'ici qu'on y arrive j'espère bien avoir déjà pris ma retraite !

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1 rĂ©flexion sur “Journal d’un futur rentier (14)”

  1. « La bonne nouvelle c’est qu’avec le vieillissement de la population, il n’y aura bientĂ´t plus assez de main d’oeuvre.  » Excellente remarque, c’est d’ailleurs dĂ©jĂ  ce que j’observe au Japon, pays qui du reste n’a jamais mis la hausse des profits comme un objectif (le Nikkei aujourd’hui est 3 fois plus faible qu’en 1989). Les sociĂ©tĂ©s nippones sont en manque de main-d’oeuvre dans de très nombreux domaines. L’objectif de sociĂ©tĂ©s privĂ©es est de perdurer en laissant une marge pour l’entrepreneur et de suivre les Ă©volutions des besoins de ses clients. Les sociĂ©tĂ©s occidentales ont pour objectif la croissance des profits chaque annĂ©e Ă  un rythme dĂ©corrĂ©lĂ© de la rĂ©alitĂ© (ma boĂ®te du DJ30 est une championne dans cette course) !!

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