Journal d’un futur rentier (12)

Cette publication est la partie 12 de 86 dans la série Journal d'un futur rentier.

JournalOn vit dans un monde de cinglés. Les personnes qui ont le goût d'entreprendre et de créer, celles qui assument et sont responsables de leurs actes, n'ont plus leur place dans le monde professionnel. On leur préfère les paons, ceux qui ne font rien, si ce n'est beaucoup de bruit. Pire, on les brime en contrôlant leur travail, en limitant leur autonomie, en évaluant leur performance selon des critères plus que discutables et en leur ôtant tous les moyens financiers et humains nécessaires à réaliser leurs objectifs.

On ne porte plus attention aux rĂ©alisations, mais aux erreurs. Celui qui a travaillĂ© comme un malade est moins bien Ă©valuĂ© que celui qui n'a rien fait parce que ce dernier n'a pas commis d'erreur, par la force des choses. Les personnes les mieux rĂ©tribuĂ©es dans les entreprises sont celles qui contrĂ´lent et jugent le travail des autres, pas ceux qui le font. Celles qui Ă©valuent les atteintes d'objectifs de leurs employĂ©s sont les mĂªmes qui privent ces  derniers de moyens pour les atteindre.

Il faut sans cesse se justifier, expliquer les mĂªmes choses, aller dans un sens, puis revenir en arrière en fonction des idĂ©es loufoques des dirigeants. Un jour c'est blanc, l'autre jour c'est noir. On vous critique sur des Ă©lĂ©ments dont non seulement vous Ăªtes conscient mais surtout pour lesquels vous demandez en vain et depuis longtemps des moyens pour les amĂ©liorer. Pire, on vous prive mĂªme de ressources.

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Il faudrait toujours faire plus, avec moins, sans jamais recevoir d'augmentation. On n'est plus très loin du stade oĂ¹ il faudra accepter des baisses de salaire, tandis que les actionnaires reçoivent chaque annĂ©e une augmentation de 10% sur leurs dividendes. Les journĂ©es sont longues, les pauses sont courtes, voire inexistantes. Les heures supplĂ©mentaires s'accumulent et ne sont que rarement payĂ©es. Quant Ă  les rĂ©cupĂ©rer en congĂ© c'est inutile d'y penser... il est dĂ©jĂ  presque impossible de prendre ses vacances.

Les vacances justement, parlons-en. On les paie de sa personne avant, pendant et après. Avant, parce qu'il faut tout terminer coĂ»te que coĂ»te dans les dĂ©lais impartis. Pendant, parce qu'on vous a tant conditionnĂ© pendant les neuf mois qui prĂ©cèdent que vous Ăªtes incapable de penser Ă  d'autre chose que votre taf et que vous flippez dĂ©jĂ  rien qu'Ă  l'idĂ©e de recommencer. Pendant toujours, parce que votre employeur vous a gracieusement offert un smartphone pour vous empĂªcher de couper totalement les ponts. Après enfin, parce que lorsque vous reprenez le travail, votre boĂ®te e-mail explose littĂ©ralement tandis que votre tĂ©lĂ©phone ne cesse de sonner.

Et pendant que vous suez corps et Ă¢me, les cigales se prĂ©lassent et sont couvertes de lauriers. Cela suffit. Je n'accepte plus que la plus-value que je rĂ©alise dans mon job soit bouffĂ©e par ces parasites, collègues, supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques et actionnaires. Je refuse de prĂ©tĂ©riter tous les jours un peu plus ma vie privĂ©e pour des gens qui n'en valent pas la peine, juste pour que ceux-ci vivent mieux Ă  ma place.

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L'indépendance financière commence par l'indépendance tout court. Plutôt que de travailler pour des nuisibles, je travaillerai soit avec de véritables entrepreneurs, soit seul. Mais je ne travaillerai plus jamais pour quelqu'un. Il est temps que le mérite revienne à ceux qui font vivre le système, pas ceux qui le détruisent.

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6 rĂ©flexions sur “Journal d’un futur rentier (12)”

  1. Bonjour JĂ©rĂ´me,

    Il est vrai que certaines entreprises fonctionnent comme tu le dĂ©cris dans ton article. J’ai Ă©galement vĂ©cu ça lors de mes prĂ©cĂ©dents postes et j’ai constatĂ© aussi que l’on a tendance Ă  broyer du noir en gĂ©nĂ©ralisant cette situation.
    Lorsque par la suite, j’ai trouvĂ© un vrai bon boulot, avec des vrais managers qui savent reconnaĂ®tre les personnes compĂ©tentes, qui ne misent pas tout sur le « copinage », j’ai Ă©tĂ© rassurĂ© : il existe encore des belles entreprises oĂ¹ il fait bon travailler. Par contre, il est parfois difficile de les trouver đŸ™‚

    Cordialement,
    Phil

  2. Jerome,

    attention l’herbe est moins verte de l’autre cote de la barriere car il y a beaucoup plus de fumier(s) de son propre cote! đŸ˜‰

    Plus serieusement, j’ai des annees d’experience de multinationales derriere moi et j’ai constate que lorsqu’on ne voit plus que les disfonctionnements, le copinage, les beaux parleurs, les injustices professionnelles, le mobbing, etc (qui existent deja depuis le debut, meme quand on est content de son travail ou que l’on est la superstar du departement ou de la boite), il est temps de changer de cremerie.

    Sur un autre plan, la remuneration du capital est beaucoup plus elevee que celle du travail (malheureusement). C’est pour cela que je m’affaire depuis plus de 10 ans a transformer mon epargne salariale en capital. « If you can’t beat them, join them! »
    Personnellement, je suis un actionnaire « heureux » de Swissre, Nestle, Roche, etc….et je me soucie que tres peu de la corporate governance que ces boites ont a l’egard de leurs employes….peu de personnes iront pleurer sur mon sort quand je ferai partie d’une charette dans quelques annees….les actionnaires, eux, applaudiront…..ce n’est pas du cynisme, c’est juste la realite.

    En attendant, j’essaie de faire grossir mes dividendes. Si tout va bien, ces dividendes me feront acheter un costume de poulet dans quelques annees…. »Au revoir Monsieur President!!!!! »…..J’ai encore quelques annees pour repeter mon role đŸ™‚

    1. Salut Birdie, comme d’habitue nous sommes bien d’accords. Tu as raison, il est temps de changer crèmerie et c’est pour ça que je joins mes actes Ă  mes paroles. Tu as raison aussi, le capital est mieux rĂ©munĂ©rĂ© que le travail, avec moins d’efforts. Comme toi je me soucie peu de la gouvernance des boĂ®tes dont je suis actionnaire. J’ai bien assez Ă  faire avec celle qui m’emploie đŸ˜‰ Il est normal que ce que l’on trime d’un cĂ´tĂ©, en tant que salariĂ©, on le rĂ©cupère de l’autre cĂ´tĂ© en tant qu’actionnaire. On peut voir cela comme du cynisme, mais pour moi c’est juste du pragmatisme.

  3. Bonjour JĂ©rome,
    Je suis d’accord avec Phil ça dĂ©pend vraiment des boites. Certaines peignent quotidiennement le tableau noir que tu dĂ©cris d’autres sont vraiment plus acceuillantes aux dires de ceux qui y travaillent. Dans ton cas si tu vois ça tous les jours depuis un bon moment… c’est clair qu’il faut dire ciao aux boulets.

    Je te rejoins sur l’intĂ©rĂªt de vendre sa valeur ajoutĂ©e pour son propre compte, ou pour le compte d’un groupe qui en vaut la peine. Les entrepreneurs de mon entourage qui ont rĂ©ussi m’ont souvent dit qu’au final c’est quand mĂªme le kiff de monter une boite et de vivre cette aventure seul. Par consĂ©quent, crois-tu vraiment que changer de boite et rester salariĂ© rĂ©soudra le problème d’indĂ©pendance Ă  long terme pour toi? (ici je parle d’indĂ©pendance professionelle).

    (me questionnant sur le mĂªme sujet tout autre point de vue de gens sensĂ©s m’intĂ©resse :).
    Bonne journée!
    A+

    1. Cela dĂ©pend de mon futur patron. On peut Ăªtre salariĂ© et bĂ©nĂ©ficier d’une très large indĂ©pendance. Ces places sont rares et j’espère que ce sera le cas pour moi. Dans le cas contraire, ce ne sera qu’un petit dĂ©tour de plus sur la longue voie vers l’indĂ©pendance financière … đŸ˜‰

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