Beaucoup d'investisseurs se rabattent sur les titres qui versent des dividendes parce qu'ils offrent une sorte de sécurité contre les replis du marché. L'idée est intuitivement bonne et même en partie véridique. Le premier réflexe cependant, quand on cherche un tel placement, c'est de prendre celui qui offre le meilleur rendement. Le problème c'est que les actions ne sont pas des titres à revenu fixe comme les obligations. Choisir les actions avec le rendement comme seul critère, c'est s'exposer à une baisse ou à une cessation pure et simple du versement du dividende. Les difficultés financières des organisations font baisser leur cours, ce qui fait exploser leur rendement en dividende de l'année en cours. Cependant il y a de fortes chances que ces difficultés se répercutent sur le versement des prochains dividendes.
Les payeurs de dividendes ont également la réputation de battre le marché (nous verrons plus bas ce qu'il en est). Une des raisons invoquées est que le versement régulier des distributions oblige l'entreprise à maîtriser ses coûts et sans cesse s'améliorer. Ceci est d'autant plus vrai pour les sociétés qui augmentent leur dividende année après année. Les bénéfices générés doivent être suffisamment importants pour couvrir le plus largement possible le versement des dividendes, faute de quoi ces derniers stagneraient dans le meilleur des cas, baisseraient ou, dans le pire des cas, seraient supprimés. C'est ce qui s'est passé auprès de très nombreuses entreprises financières durant la crise des sub-primes.
Il est donc nécessaire de tenir compte, en plus du rendement, de la croissance des dividendes et du ratio de distribution (par rapport aux bénéfices). Le nombre d'années consécutives d'augmentation du dividende donne également une bonne idée de la faculté qu'a l'entreprise à générer suffisamment de cash en toute occasion.
En tenant compte de ces différents critères, plutôt que de se focaliser sur le rendement seul, de nouvelles perspectives s'ouvrent. Une entreprise qui offre un rendement moyen, mais qui compte un historique de croissance ininterrompu des distributions, mérite qu'on lui accorde plus d'attention. Un dividende de 3 $ peut devenir 7,80 $ en 10 ans, s'il croît de 10% par an. Un rendement croissant de 3% peut être donc plus intéressant qu'un rendement stable de 6%.
Quant au ratio de distribution, il reflète le pourcentage des bénéfices que la société consacre à son dividende. Un faible ratio de distribution signifie qu'il y a de la place pour une augmentation de dividende. Cela signifie aussi qu'une part importante du bénéfice de l'entreprise reste entre ses mains, ce qui lui permet de financer son expansion, rembourser sa dette ou racheter des titres. Au contraire, un ratio de distribution élevé accorde moins de place pour la croissance future des dividendes, et plus de risque qu'en cas de passage difficile, elle devra réduire, voire cesser, ses distributions.
Avec le départ à la retraite des baby-boomers, les stratégies d'investissement basées sur le revenu vont devenir de plus en plus importantes. Par ailleurs, le retour programmé de l'inflation, va détourner les investisseurs des titres à revenu fixe (et médiocre) tels que les obligations, vers des dividendes qui croissent avec le temps. Cette stratégie est la meilleure sur le long terme. Ned Davis nous montre ci-dessous la performance des différentes stratégies d'investissement depuis 1972, avec un net avantage pour les dividendes croissants, suivis par les dividendes fixes, puis beaucoup plus loin, par les titres qui ne paient pas de dividendes. On constate aussi que les "coupeurs" de dividendes subissent une perte sur cette période, d'où l'importance de sélectionner des sociétés avec des taux de distribution raisonnables et un historique des dividendes important.
Sources :
http://www.fool.com/investing/dividends-income/2011/03/25/the-most-promising-dividends-in-petroleum-refining.aspx
http://www.fool.com/investing/general/2010/10/18/3-reasons-dividend-stocks-are-a-must-own.aspx
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en complément : http://www.tweedybrowne.com/resources/library_docs/papers/highdiv_research.pdf
on se rend bien compte que ce sont les sociétés versant des rendements relativement élevés avec un pay out rate modéré…
Très intéressant ce lien. J’aime bien aussi la page 15, où l’on peut apprécier le caractère défensif des dividendes lors des marchés baissiers.