C’est la théorie des marchés efficients qui a propulsé les ETFs. Paradoxalement cette théorie risque bien de créer une des plus grosses anomalies du marché. En effet, puisque les investisseurs professionnels et privés ont décidé de se contenter de la « moyenne », ils gonflent artificiellement l’indice, peu importe ce qui s’y trouve. On verra ainsi des titres de sociétés aux fondamentaux en déroute être sous perfusion artificielle de la gestion indicielle. Dans le même temps des small-caps en pleine forme seront boudées par le marché parce qu’elles ne figurent pas dans les indices les plus suivis.
On a le même problème avec les pays et régions, et entre les secteurs économiques. Les ETFs sur-représentent des franges entières de l’économie au détriment des autres. On rétorquera qu’ils respectent la répartition réelle (les actions les plus suivies sont celles des grosses entreprises américaines et des autres pays développés), bien que je pense qu’il y ait tout de même un biais important en faveur de ces dernières. Mais de toute façon, même si dans le meilleur des cas l’équilibre était vraiment respecté, cela ne changerait en rien le problème de la mise sous perfusion de titres en pleine déconfiture et du manque d’intérêt pour ceux qui ne sont pas suivis par les plus gros ETFs.
Comme disait Warren Buffet, les investisseurs dans la valeur ont tout intérêt à ce que la théorie des marchés efficients fasse de très nombreux adeptes car cela crée encore plus d’anomalies du marché. Ceci n’est pas sans rappeler une autre hypothèse de la théorie des marchés efficients qui a été balayée par les faits. L’accès à l’information devait en effet permettre aux investisseurs de fixer de la manière la plus rationnelle possible le prix des actions. Or, on se rend compte qu’au contraire la masse d’informations disponibles grâce à Internet fait sur-réagir le marché, à la hausse comme à la baisse. Typiquement la bulle Internet s’est auto-entretenue grâce à une quantité de rumeurs et de fausses informations répandues sur les forums boursiers. On sait comment ça s’est terminé…
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