Jouer au casino ou investir en bourse ?

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Dans le langage courant, on utilise souvent l'expression "Jouer en bourse", un peu comme si on s'adonnait à un jeu de hasard. D'ailleurs, pour beaucoup de personnes, investir dans des actions, c'est comme jouer au casino. S'il est vrai, qu'à court terme, les marchés s'apparentent à une marche au hasard, il a été prouvé qu'investir sur des actions à long terme est le meilleur moyen de faire fortune. 

Mais alors, pourquoi le casino attire-t-il autant certains d'entre nous et pourquoi la bourse au contraire fait elle aussi peur à la plupart des gens ?

Les gérants de jeux d'argent savent très bien exploiter deux de nos faiblesses : l'appât du gain, en particulier de très grosses sommes, et l'addiction engendrée par le gain de plus petites sommes de manière plus régulière. La plupart des divertissements proposés jouent en effet sur ces deux tableaux : potentiel de très gros gains d'un côté et petites récompenses régulières de l'autre. Ces deux phénomènes permettent de nous faire oublier facilement toutes les pertes consenties pour accéder à ses gains.

A contrario, la bourse ne permet pas de réaliser de très gros gains sur le court terme. Elle nous donne aussi souvent l'impression d'y perdre de l'argent, ce qui est en partie vrai comme allons le voir plus loin.

Le problème, c'est que le cerveau n'arrive pas à interpréter correctement les gains et pertes réalisés sur le court terme. Ceci est d'autant plus vrai si le niveau des gains/pertes et leur fréquence sont importants.

Un gros gain peut faire oublier une quantité importante de petites pertes. A contrario, des petits gains réguliers peuvent faire oublier une plus grosse perte. Sur le plus long terme, des stratégies qui nous paraissent gagnantes peuvent s'avérer catastrophiques. C'est le cas des jeux de hasard. À l'inverse, une approche comme la bourse qui semble assez fréquemment perdante sur le court terme, s'avère en fait rentable sur le plus long terme.

Pour illustrer ce phénomène, voici une comparaison des statistiques gains journaliers réalisés durant ces 30 dernières années sur le marché américain (S&P 500) et des gains réalisables avec le plus célèbre jeu de casino : la roulette. Pour cette dernière, j'ai considéré une stratégie panachée, consistant à miser de différentes manières (en plein, à cheval, en transversale, en carré, en sixain, rouges, noirs, pairs, impairs, manques, passes, douzaines et leurs intersections, colonnes et leurs intersections).

La répartition des gains diffère sensiblement entre les jeux de hasard et la bourse.

Première différence, la pire perte n'est "que" de -11% en daily sur le S&P. Cela peut paraître certes beaucoup, et cela fait indéniablement mal le jour en question. Mais ceci arrive très rarement heureusement. À l'inverse, la perte totale de la mise avec la roulette est malheureusement très fréquente. Dès qu'on perd, on perd tout. Il n'y a pas de demi-mesure.

La roulette s'en sort bien mieux évidemment du point de vue du meilleur gain possible, avec 3500%. Pour cela, il faudra trouver le bon numéro ("en plein"). C'est le pactole. Cela fait oublier les désillusions passées et titille notre appât des gains futurs. Mais il n'y a que 2.7% de chance de tomber dessus... Le meilleur gain journalier sur le S&P semble bien dérisoire à côté, avec 15%. Là aussi il est très rare que le marché monte autant en un jour et ce n'est pas avec ça que la bourse se distingue en bien de la roulette.

C'est plus intéressant si on s'attarde sur le gain moyen quotidien réalisé avec le marché américain. Avec 0.04% il n'y a pas de quoi chanter la sérénade, vous me direz. Toutefois, ça nous assure sur le long terme d'un gain annuel moyen d'une dizaine de pourcents par an, ce qui correspond à la performance historique nominale des marchés boursiers.

À la roulette, en revanche, c'est déjà moins drôle. Malgré les gains potentiellement importants, la répétition des pertes totales citées précédemment, engendrent une perte moyenne de -2%. Autrement dit, sur le long terme, avec la répétition des mises, on est certain de perdre de l'argent avec la roulette.

Séparer les gains des pertes permet de comprendre ce qui fait toute la différence entre la bourse et les jeux de hasard. On remarque en effet que sur le marché américain, les gains moyens des journées qui finissent dans le vert se montent à 0.78%, tandis que ceux des journées se terminant dans le rouge se montent à -0.82%. Ceci explique pourquoi on a souvent l'impression, à court terme, de perdre de l'argent avec les marchés boursiers. C'est tout le contraire de la roulette, qui offre, lorsque la mise est remportée, un gain moyen de 800% (moyenne des stratégies), ce qui est bien plus que les 100% perdus lorsque la mise n'est pas gagnée.

La bourse finit toutefois par gagner le match, grâce au nombre de journées positives. Avec 54%, soit à peine plus de la moitié, ce n'est certes pas folichon. Ceci peut même ajouter un peu de confusion sur le court terme, en renforçant la sensation d'échec déjà évoquée ci-dessus. Mais ces petits points de pourcentage supérieurs en positions gagnantes permettent aux marchés boursiers non seulement d'effacer les pertes précédentes, mais aussi, sur le long terme, de réaliser de jolis gains.

C'est tout l'inverse de la roulette qui n'offre que 11% de mises gagnantes (moyenne des stratégies). Certes, en misant sur des approches "plus sûres", il est possible de faire monter ce taux à 48.6%, mais cela au prix de gains plus faibles. Il n'est d'ailleurs jamais possible d'obtenir 50% de mises gagnantes, à cause du ZERO, qui n'est ni considéré, ni comme pair, ni comme impair, ni rouge, ni noir, ni manque, ni passe. Vous avez dit ZERO ?

Dès lors, méfions-nous de l'appât des gros gains réalisables au casino et/ou de l'addiction crée par la fréquence de plus petits gains. N'oublions de prendre en compte les pertes totales de mises qui se succèdent à un rythme effréné. Ne faisons pas non plus la fine bouche, face aux gains modestes, mais assez réguliers offerts sur les marchés boursiers. Ceux-ci créent un véritable effet boule de neige, qui permettent de s'enrichir de manière sûre à travers le temps.

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