Comment faire le jour où il ne sera plus possible de retirer son 2e pilier sous forme de capital?

Temps de lecture : 3 minutes

Nos chers politiciens, bienveillants mais aussi futés que des protozoaires, pensent (un peu trop) à nos vieux jours.

C’est pourquoi, d’ici quelques années, nous serons probablement tous contraints de percevoir notre avoir de prévoyance obligatoire sous forme de rente.

Que peut-on faire pour pallier à ce drame programmé?

Une alternative est celle prônée par Jérôme: utiliser son 2e pilier pour acheter son propre logement. Le problème, c’est que tout le monde n’aspire pas forcément à devenir propriétaire... De plus, il est possible de retirer l’entièreté de son avoir de caisse de pension seulement jusqu’à 50 ans.

D’autres possibilités s’offrent à nous:
- se mettre à son compte
- partir définitivement à l’étranger.

Mais là aussi, tout le monde n’est pas fait pour devenir indépendant ou quitter la Suisse.

À force de retourner le problème dans tous les sens, j’ai fini par dénicher une autre faille du système qui peut être exploitée: le compte de libre passage.

C’est quoi le libre passage?

Un compte de libre passage est un compte sur lequel est versé le capital de prévoyance que vous avez accumulé en cas d’interruption provisoire (ou définitive) de l’activité lucrative.

Si vous quittez votre caisse de pension sans adhérer à une autre, la couverture de prévoyance doit absolument être maintenue en versant l'avoir de prévoyance à une institution de libre passage (il s’agit d’une obligation légale).

Les situations typiques sont le chômage, un séjour de longue durée à l’étranger, la reprise d’une formation, une pause bébé, etc.

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Le compte de libre passage est exonéré d’impôts jusqu’au retrait. Lors du versement, le capital est imposé à un taux réduit (comme pour le retrait en capital de sa caisse de pension ou d’un compte de 3e pilier).

Procédure

Voilà en gros comment on peut s’y prendre pour retirer son 2e pilier (le jour où cela ne sera plus autorisé) via le libre passage:

Vous quittez votre travail peu avant l’âge légal de la retraite, par exemple à 58 ans (bien entendu sans en chercher de nouveau - votre serviteur n’est pas masochiste!).

Après avoir démissionné, vous transférez votre avoir de caisse de pension sur deux comptes de libre passage (c’est le maximum de comptes autorisés par la loi).

Attention: les deux comptes doivent être ouverts auprès de fondations ou de banques différentes, faute de quoi la procédure pourrait être considérée comme une soustraction fiscale!

Il est possible de retirer son avoir de libre passage au plus tôt 5 ans avant l'âge ordinaire de la retraite AVS, soit 60 ans pour les hommes et 59 pour les femmes.

Les possibilités de retrait préalable de l’avoir de libre passage sont les mêmes que pour le 2e pilier, à savoir:
- Accession à la propriété ou amortissement d’une hypothèque
- Départ définitif à l’étranger
- Devenir indépendant.

Ainsi, arrivé à 60 ans, vous retirez l’avoir de votre premier compte de libre passage et à 61 ans celui de votre deuxième compte.

Cette procédure s’appelle un retrait échelonné et permet d’économiser passablement d’impôts.

A partir de ce moment, vous pouvez disposer librement de votre avoir de prévoyance et l’investir vous-même dans des actions à dividendes croissants afin de vous créer votre propre rente.

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Exemple d’économie d’impôts en cas d’échelonnement du retrait:

Calculateur utilisé:

https://www.postfinance.ch/fr/particuliers/assistance/outils-calculateurs/impots-capital-deuxieme-pilier.html

- Montant du capital: 800’000 CHF
- Domicile fiscal: 1000 Lausanne
- État civil: marié
- Sans enfants (signifie: les enfants sont majeurs)
- Religion: réformé

Résultat sans échelonnement: Impôts (fédéraux et cantonaux) = 101'191 CHF.

Résultat avec échelonnement: Impôts (fédéraux et cantonaux) = 86'078 CHF.

Soit une économie d’impôts de plus de 15’000 CHF grâce à l’échelonnement.

Conclusion

Je ne recommande la solution proposée que pour parquer votre avoir de prévoyance durant quelques années, étant donné la faiblesse des taux d’intérêts offerts sur les comptes de libre passage (actuellement 0.2% au maximum).

C’est pourquoi je n’envisagerais cette procédure qu’à partir d’environ 55 ans.

Avant cet âge, je favoriserais les autres solutions, à savoir accéder à la propriété ou devenir indépendant.

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6 réflexions sur “Comment faire le jour où il ne sera plus possible de retirer son 2e pilier sous forme de capital?”

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    Ton article tombe à pic, suite à la proposition de la commission LPP d’abaisser le taux d’intérêt minimal LPP à 0.75%.
    Lien : https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-72032.html

    Tout ceci devient une vraie mascarade. Encore quelques temps comme ceci et ces comptes misérables forcés ne ramèneront plus rien, voire pire seront soumis à des taux négatifs.

    Cette LPP c’est un véritable vol organisé à grande échelle sur le dos des travailleurs et du patronat. Et personne ne dit rien, tout semble normal. Je ne comprends pas comment les gens peuvent se soumettre ainsi. Et là je ne parle même pas de l’AVS ou encore de la LAMal. Les assurance sociales en suisses n’ont qu’une seule vocation : enrichir les assureurs et/ou les gestionnaires !

    Bref, merci pour ton article. Je trouve que c’est une moins bonne alternative que l’immobilier qui te permet de le faire bien plus vite et t’apporte beaucoup plus de revenus. De plus, je ne l’utiliserais pas non plus dès 58 ans, car dès cet âge on peut demander une retraite LPP anticipée. Tant qu’à faire, si on a tenu jusque là, autant en profiter…. Au moins que ça serve à quelque chose cette grosse m… !!!!

    Par contre je trouve ton idée intéressante pour la tranche d’âge 50-57 ans qui n’est plus en âge d’utiliser la LPP pour acquérir (ou amortir) une propriété et qui n’est pas suffisamment proche pour toucher une LPP anticipée.

    Tous les moyens sont bons pour récupérer l’argent qu’on nous a scandaleusement volé !!!

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    Le but que recherche l’Etat, qui poursuit par là un intérêt public, est de s’assurer que les citoyens arrivent à l’âge de la retraite, moment où ils n’ont généralement plus de revenus provenant d’un salaire, aient suffisamment de moyen pour palier à leurs besoins et de ne pas dépendre d’aides publiques. En Suisse, l’Etat a mis en place un système reposant sur 3 piliers:

    – le 1er pilier est l’AVS, qui est une rente mensuelle versée par la caisse AVS dès l’âge de la retraite. Le montant de la rente dépend uniquement des années de cotisation (et non du montant des cotisations). La cotisation est proportionnelle au revenu. Les revenus plus élevés soutiennent ainsi les revenus moins élevés. L’AVS est principalement financée par un prélèvement sur les salaires (ou le revenu des indépendants). Dans ce système, les citoyens actifs financent les retraites plus ou moins en flux tendu. Le problème de l’AVS est qu’il s’agit à mon sens d’une sorte de « chaîne de Ponzi », qui ne peut fonctionner que tant qu’il y suffisamment de citoyens actifs, avec une assiette globale de revenu suffisante, pour financer les rentes. Or, en raison de l’espérance de vie qui s’allonge, d’une part, et d’une pyramide des âges défavorable, l’AVS doit être réformée au risque de faire faillite dans un futur plus ou moins proche. Et toute réforme fait bien sûr grincer des dents…

    – le 2ème pilier est la prévoyance professionnelle (LPP). La LPP est financée paritairement par l’employé et l’employeur (la part employé est déduite du salaire et la part employeur est ajoutée). L’employé peut racheter des années LPP (possible s’il n’a pas cotisé toute les années possibles, si son salaire a augmenté ou s’il y a un trou par exemple suite au partage de la prévoyance dans le cadre d’un divorce); le rachat d’année est un bon moyen (l’un des rares) pour faire des économies fiscales, puisque le montant du rachat est déduit de l’assiette du revenu imposable et n’entre plus dans l’assiette de l’impôt sur la fortune. L’avoir LPP appartient à l’employé, qui le récupère au moment de sa retraite, ou s’il part à l’étranger ou se déclare indépendant. Jusqu’à présent, le choix était donné entre une rente ou un capital. L’idée actuellement dans l’air est d’imposer la rente; le but est de mettre quelque peu les citoyens sous tutelle, pour les empêcher de faire n’importe quoi et de perdre le capital rapidement, réduisant à néant le 2ème pilier et obligeant l’Etat à subvenir à ses besoins par le l’aide publique. La préoccupation étatique en la matière n’est certainement pas dénuée de fondement; mais il est tout de même désagréable de se sentir mis sous tutelle. Par ailleurs, avec le temps, la rémunération du l’avoir LPP cotisé (et donc le montant du capital que l’on peut retirer ou le montant de rente que l’on peut percevoir) diminue. Je ne suis pas totalement certain de connaître la raison de cette diminution progressive, mais les caisses, fondations et assureurs qui gèrent les avoirs LPP se plaignent régulièrement de ne plus pouvoir dégager suffisamment de rendement pour assurer les taux de conversion.

    – le 3ème pilier est constitué des économies des citoyens, qui sont totalement libres en la matière. Ces économies peuvent prendre des formes diverses (immobilier, comptes bancaires, titres, or, police d’assurances, etc.). Le pilier lié dit « 3a » permet des déductions fiscales est peut être retiré dans les mêmes conditions que la LPP. La prévoyance libre n’est quant à elle soumise à aucune contrainte. Certains n’ont pas les moyens de constituer un 3ème pilier. Parmi ceux qui ont les moyens, certains sont prévoyant et s’en constituent un, et d’autres ne le sont pas et consomment ou flambent tous leurs revenus et leurs économies (cette dernière catégorie me laisse perplexe).

    En tous les cas, les gens vont avoir sans doute de plus en plus de peine à financier leur retraite et l’Etat va devoir prendre des mesures pour limiter la casse. Il y a fort à parier que les citoyens actifs seront mis à contribution de manière plus importante, par le biais de prélèvements ou d’impôts. La TVA sera aussi sans doute augmentée petit à petit. Et les fourmis seront au final peut-être perdantes par rapport aux cigales. Malheureusement, l’avenir n’est pas tout rose.

    La question qui se pose pour ceux qui sont en quête d’indépendance financière et qui font beaucoup d’efforts dans ce sens est: comment ne pas finir par être les dindons de la farce?

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      Merci Laurent pour ce long éclaircissement. Il y a quatre choses que tu soulèves et sur lesquelles j’aimerais rebondir :

      1) « palier à leurs besoins et ne pas dépendre de l’aide publique » :
      les intentions à l’origine du système des assurances sociales en Suisse étaient louables. Il s’agissait effectivement de s’assurer à ce que les gens qui n’avaient pas les moyens pour survivre après l’arrêt de leur activité professionnelle (pour cause de retraite ou d’invalidité), puissent survivre malgré tout (à savoir surtout au début se nourrir et se loger). Mais on a malheureusement conçu ce système comme un monstre administratif, voulant tout gérer, pour tout le monde (pas seulement les démunis). On aide pas les gens à devenir responsables si on s’occupe de tout pour eux. Cela marche pour de très jeunes enfants ou des personnes qui ont des déficiences physiques ou psychiques réelles. Aujourd’hui malheureusement l’Etat encourage à ce que Monsieur et Madame tout le monde se repose sur lui. Il ne faut donc pas s’étonner si cela ne fonctionne pas. Les assurances sociales ne devraient servir, comme toutes les assurances d’ailleurs, qu’en cas de réelle nécessité. Un risque qui est quasi certain d’arriver (comme la retraite), n’est pas un vrai risque! Si vous savez que vous allez partir en vacances dans un an, vous mettez de l’argent de côté, vous ne concluez pas une assurance pour cela. Pour la retraite c’est pareil. Et tant pis pour ceux qui ne le feraient pas, à eux d’assumer. Il y aura toujours un filet archi-minimal de véritable assurance pour ce genre de cas.

      2) rachat des années LPP :
      cela me fait penser aux enfants qu’on essaie de kidnapper en les attirant dans un bus avec des friandises… On vous promet des rabais fiscaux en échange… de l’argent que vous avez eu temps de peine à gagner et éventuellement à extraire préalablement de votre caisse LPP pourrie! Jamais je n’ai pris meilleure décision que lorsque j’ai pu sortir une bonne partie de ma caisse de pensions pour acheter ma résidence principale, que j’ai relouée par la suite. J’ai dessus un rendement de plus de 5%, sans compter la plus-value immobilière. Sans comparaison aucune avec les 0.75% de taux d’intérêt minimal LPP qui va arriver. Je vous laisse faire le calcul sur plus de 30 ans, avec intérêts composés, ce que ça peut représenter comme différence !!! Le gain fiscal est tellement risible à côté !!!

      3) raison de la baisse de la rémunération des avoirs LPP :
      tout simplement parce que c’est devenu ingérable, trop grand, avec trop d’acteurs et intermédiaires impliqués. Aussi parce que la LPP a perdu son but originel. En effet, contrairement à l’AVS qui est un système totalement solidaire, la LPP était plutôt de type prévoyance individuelle, c’est-à-dire que ce que vous épargnez, avec votre employeur, vous appartient. C’est toujours le cas, mais le problème c’est que les gains issus de votre argent ne vous sont que très partiellement rétribués. Le reste sert à payer les salaires des gestionnaires et les retraites des baby-boomers. C’est pour ça que ça ne fonctionne plus. Il faut laisser tomber cette farce et ne conserver que le minimum vital, c’est-à-dire l’AVS. Pour le reste, chacun se démerde !!!

      4) comment ne pas être les dindons de la farce :
      difficile effectivement… je pense qu’il n’y a que l’achat ou l’amortissement d’un bien immobilier, via son capital LPP, qui est efficace. Mais attention tout de même à ne pas acheter n’importe quoi…

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    Heureux d’avoir créé le débat avec mon article 🙂

    Je trouve comme Jérôme que la prévoyance professionnelle est devenue une immense farce, une bonne idée au départ mais qui a dégénéré en un immense gouffre à fric qui déresponsabilise les gens. Le tout étant voué à l’échec avec le vieillissement de la population et la chute des rendements.

    Si en plus de ça on veut nous empêcher un jour de retirer notre avoir durement épargné sous forme de capital, il est vraiment grand temps de contourner le système, que ce soit via l’accession à la propriété ou la solution que j’ai proposée.

    Révolution !!!

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    Je viens de découvrir ce blog! Je ne sais pas comment je suis passé à côté de ton blog alors que je lis déjà beaucoup de blogs sur le mouvement FIRE et les investissements.

    Utiliser le compte de libre passage pour retirer l’avoir et une très bonne idée. De toute facon, si on pense prendre sa retraite de facon très anticipée, on a pas vraiment le choix d’utiliser un compte de libre passage. Et du coup on ne devrait pas avoir de problèmes tant qu’on arrive à prendre sa retraite avant 58 ans.

    Félicitations pour le blog, c’est un boulot vraiment impressionant.

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      Salut le « pauvre suisse » 🙂
      Merci et bravo aussi pour ton nouveau blog.
      Je partage les même 4 particularités que tu cites dans ta page « à propos » :
      – situation de départ presque à zéro au début du chemin vers l’indépendance financière
      – perspective différente par rapport aux autres adeptes FIRE étant donné que nous sommes européens et surtout suisses
      – suivre le voyage, même si je n’ai commencé mon blog en 2010, soit dix ans seulement après mes débuts de ce long périple
      – transparence : je communique régulièrement les points de situations financiers et personnels de ce voyage

      Bref, bien du plaisir dans ta quête. Elle est longue, mais ça en vaut la peine.

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