La Compagnie de Saint Gobain est une entreprise française présente dans 67 pays et active dans la production, la transformation et distribution de matériaux. L'entreprise est leader mondial ou européen dans plusieurs de ses secteurs d'activité, elle compte 179'000 employés et ses origines remontent déjà à 1665, avec la "Manufacture royale de glaces de miroir".
Valorisation et dividende
Par les temps qui courent, il est très difficile de trouver des entreprises, surtout des big caps, qui soient un tant soit peu abordables sur le marché. On ne va pas dire que Saint Gobain est actuellement une aubaine, néanmoins elle a le mérite de s'échanger à des ratios dans l'ensemble assez corrects, à savoir :
- 13.56 fois les bénéfices récurrents courants
- 24.57 fois les bénéfices récurrents moyens
- 1.15 fois les actifs
- 4.02 fois les actifs tangibles
- 0.52 fois les ventes
- 20.35 le free cash flow courant
- 31.47 fois le free cash flow moyen
Les années 2016 et en particulier 2017, très bonnes, expliquent la différence importante entre les chiffres courants et moyens. Le marché semble-t-il n'a pas souhaité intégrer cette donne, raison pour lequel le cours fait du stationnaire depuis plusieurs années. Nous verrons plus loin ce qui peut expliquer ce paradoxe. A noter en particulier la valorisation très intéressante du point de vue des ventes, ce qui est un très bon point étant donné la qualité de cet indicateur. Nous verrons là aussi plus loin toutefois ce qui explique ce ratio particulièrement attractif par rapport aux autres.
Notons encore que l'EBITDA se monte à 9.14% de la valeur d'entreprise, ce qui confirme que le prix assez intéressant de Saint Gobain.
Du point de vue du dividende ce n'est pas mal du tout non plus, avec un rendement de 3.37%, toujours bon à prendre en ces instants de folie spéculative. De plus, cette générosité reste encore suffisamment prudente pour assurer la pérennité des distributions dans le futur, puisque le dividende se monte à :
- 45.74% du bénéfice récurrent courant
- 82.87% du bénéfice récurrent moyen
- 68.61% du free cash flow courant
- 106.12% du free cash flow moyen
On remarque aussi ici le clivage important entre les chiffres moyens et courants. On n'est pas totalement à l'abri d'une petite baisse du dividende en cas de forte baisse du bénéfice et du FCF, mais le risque est tout de même assez mesuré.
Notons également, que les distributions, bien que généreuses, croissent sur un rythme de sénateur, avec seulement 0.95% par an ces cinq dernières années. Elles n'ont d'ailleurs pas évolué entre 2013 et 2015. On n'est donc clairement pas ici dans la catégorie des dividendes croissants, mais au moins le conseil d'administration gère son dividende de manière responsable afin d'assurer sa durabilité.
Bilan & résultat
Tandis que les bénéfices progressent sur le long terme et que les dividendes sont stables à très légèrement croissants, la valeur des actifs et les réserves de cash suivent par contre la tendance inverse. La Compagnie Saint Gobain arrive donc à créer de la richesse pour ses actionnaires, mais seulement sur quelques éléments qui déterminent cette valeur. Voilà qui peut expliquer pourquoi le cours fait du surplace depuis plusieurs années.
Les réserves de liquidités, malgré la baisse sur le long terme, demeurent encore correctes, avec un current ratio de 1.34 (en progression insignifiante par rapport à l'année précédente) et un quick ratio de 0.83 (des stocks importants expliquant la différence entre les deux indicateurs). A priori rien de trop inquiétant pour le géant français des matériaux, qui ne devrait pas avoir trop de peine à obtenir des liquidités pour honorer ses factures. On sait depuis 2008 que même les grosses sociétés ne sont pas à l'abri de la faillite, mais on va dire ici que le risque demeure tout de même convenable. Ceci est confirmé par un Z-Score (Altman) de 2.1, plaçant Saint Gobain dans la zone "grise", soit pas de gros risque de faillite, mais pas de sécurité absolue non plus.
Bien qu'en très légère baisse, la marge brute est assez correcte, à 25.5%. Par contre, elle ne se traduit que par une modeste marge de free cash flow de 2.56% et une marge nette de seulement 3.84%. Cette difficulté à transformer du chiffre d'affaires en bénéfices nous éclaire sur les différences constatées au niveau des valorisations, avec un ratio cours/ventes particulièrement attractif par rapport aux autres.
Du point de vue de la rentabilité, c'est un peu le même combat, avec un ROA de 3.65% (en hausse), un CFROA de 6.44% et un ROE de 8.48%. Pas extraordinaire donc, mais en voie d'amélioration.
Bien que le taux d'endettement à long terme par rapport aux actifs est en hausse, à 17.84%, la dette totale baisse régulièrement depuis plusieurs années. Cette dernière ne représente que 0.5 fois les fonds propres, mais nécessiterait tout de même plus de 13 ans pour être totalement amortie en utilisant le free cash flow à disposition. Ceci s'explique néanmoins plus par la difficulté que rencontre Saint Gobain à dégager des liquidités que par le montant de la dette en tant que tel. En effet, l'entreprise française doit investir de façon assez importante ses revenus dans des dépenses en besoin d'équipement.
Notons encore que depuis 2014 le nombre d'actions en circulation de Saint Gobain est en baisse constante, ce qui est évidemment une bonne nouvelle pour l'actionnaire, qui voit sa part de gâteau augmenter.
Conclusion
La Compagnie de Saint Gobain est une belle et grosse entreprise à la très longue histoire. On n'est certes pas en face d'un monstre de rentabilité, mais plutôt d'une entreprise plus que mûre, avec ses qualités, mais aussi ses défauts. Les dépenses en capital et les frais généraux sont assez importants, tandis que la marge nette est faible. Le bénéfice progresse sur le long terme, mais les réserves de liquidités fondent et la valeur des actifs avec. La dette est sous contrôle. Le titre est assez volatil, avec 17.10% de d'écart-type relatif, et à peine plus "risqué" que le marché avec un beta de 1.05.
Le meilleur point en ce moment chez Saint Gobain c'est que sa situation est en cours d'amélioration, ce qui se traduit par un F-Score (Piotroski) de sept (sur neuf). Cet indicateur nous révèle non seulement la force financière d'une entreprise, mais représente également un assez bon prédicteur de la performance future de son cours.
Avec sa valorisation assez correcte et son bon rendement en dividende, voilà qui pourra tenter un investisseur orienté revenus. En ce qui me concerne je reste en marge pour l'instant car j'ai quelques craintes sur le marché des actions de manière générale.
_____________________Qu'est-ce qui fait qu'on devient riche et financièrement indépendant ?
Recevez ma newsletter gratuite.
_____________________