Dernière mise-à-jour : 21 novembre 2024
PROGRESSIVITÉ DE L’IMPÔT ET TAUX D’IMPOSITION MARGINAL
Dans le système fiscal suisse, l’impôt est dit progressif. On parle de la progressivité de l’impôt sur les revenus. Dans les grandes lignes, cela signifie que le taux d’imposition n’est pas le même pour les revenus élevés que pour les revenus modérés. Exprimé encore plus simplement, un salaire de 100’000 fr n’est pas imposé deux fois plus qu’un salaire de 50’000 fr, mais beaucoup plus.
Qu’est-ce que cela signifie? Monsieur Dupont paie effectivement 23.24% d’impôts sur son salaire de 100’000 fr. Par contre (et c’est là que réside toute la perversité du système fiscal), il paiera bien plus que 23.24% d’impôts sur tout revenu supplémentaire: on parle du taux d'imposition marginal.
Dans notre exemple, le taux d'imposition marginal de Monsieur Dupont est de 36.04%. Cela signifie que tout revenu supplémentaire immédiat à son salaire de 100’000 fr sera imposé à cet autre taux dit marginal.
Ainsi, une augmentation de 100 fr. de son revenu sera taxée non plus 23.24 mais 36.04 fr. Si Monsieur Dupont touche 10’000 fr. de dividendes ordinaires par année, il paiera sur ce revenu passif 3’604 fr et non 2’324 d’impôts supplémentaires! Son revenu net n’aura pas augmenté de 10’000 fr. Il n’aura pas non plus augmenté de 7’676 fr. (10’000 - 2’324), mais seulement de 6’396 fr (10’000 - 3’604).
En voyant ces chiffres, Monsieur Dupont risque bien de se jeter en bas... du pont!
Calculons ce que cela signifie en termes de dividende: Pour Monsieur Dupont, il est équivalent (fiscalement parlant) de toucher une distribution prélevée sur les réserves issues d’apports de capital de 2.56% (36.04% de moins que 4%) qu’un dividende ordinaire de 4%!
Relisez la phrase précédente jusqu’à ce qu’elle fasse partie de votre ADN!!!
La situation est similaire du point de vue de la croissance du dividende: Pour Monsieur Dupont, une augmentation annuelle de 4.5% (36.04% de moins que 7%) d’un dividende exonéré d’impôts est fiscalement identique à une croissance de 7% d’un dividende ordinaire.
CONCLUSION
J’ai taquiné la muse des autorités fiscales, que dis-je, calligraphié ce pamphlet sur les impôts, dans le but de vous sensibiliser à l’importance de l’aspect fiscal lors du choix de vos investissements.
Bien entendu, la fiscalité ne doit pas être le seul critère ou même l’élément déterminant lorsqu’on analyse une action.
Ne me comprenez pas mal: Un dividende ordinaire versé par une entreprise de grande qualité reste de loin préférable à un dividende non imposé distribué par une société pourrie. En effet, l’entreprise de piètre qualité risque à chaque instant de diminuer ou suspendre son dividende, et son cours de chuter.
Par contre, en présence d’entreprises de qualités égales, l’imposition du dividende peut être un critère décisif pour décider dans laquelle investir. Avec les dividendes non imposés, les choses deviennent aussi simples et enfantines que dans la tête de Donald Trump: rendement brut = rendement net.
Toutes choses étant égales par ailleurs, un dividende de 4% exonéré d’impôts est préférable à un dividende ordinaire de 4%. L’exemple chiffré de Monsieur Dupont montre même qu’une distribution exemptée d’impôts inférieure à 3% est plus rémunératrice qu’un dividende imposable de 4%!
La charge fiscale ronge vos nerfs et votre performance boursière. Il est dans votre intérêt d’en minimiser l’impact autant que possible. Diminuer ses impôts permet d’augmenter ses revenus passifs et donc d’atteindre plus rapidement son rêve d’indépendance financière.
Je finirai cet article en lançant un pavé dans la mare (dans le but de créer le débat, l’auto-réflexion et peut-être même une remise en question de ses propres certitudes): Ayant observé ces dernières années la part importante de mes dividendes qui ne servaient qu’à huiler la machine fiscale, j’en suis venu à penser aujourd’hui qu’un investisseur suisse privé désireux de vivre un jour de ses dividendes devrait viser à constituer sur le long terme un portefeuille dont environ un quart à un tiers des titres sont composés de sociétés procédant à des distributions non imposées.
ÉPILOGUE
Jean a envie de manger une bonne glace. Il commande trois parfums: Nestlé, Roche et Novartis. A peine sorti du magasin, il remarque avec tristesse qu’une boule est tombée par terre. Il n’a même pas eu le temps de donner un premier coup de langue, et pourtant il ne lui reste déjà plus que deux boules. Jean est contrarié, il en oublie de profiter du beau temps et, étrangement, sa glace a comme un goût amer. Cette histoire lui fout les boules...
Jacques entre dans le même magasin, mais choisit d’autres arômes: SFPI, Galenica et VAT. Il part se ressourcer dans la nature, profite du soleil qui lui réchauffe le cœur et écoute le chant des oiseaux. Il savoure sa glace longuement et chacune des trois boules est délicieuse. A vrai dire, elles ont comme un parfum de liberté.
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Merci dividinde pour cette série d’articles enrichissante. C’est vrai que l’impact fiscal est un critère à prendre en compte.
En ce qui me concerne j’en tiens compte surtout pour les revenus issus du travail, car ce dernier est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus taxé que le capital.
J’en parle en long et en travers sur plusieurs articles de mon site ainsi que dans mon e-book. Entre les impôts, les assurances sociales et les frais d’acquisition du revenu, le revenu qui nous reste est misérable !
Le taux marginal dont tu parles très justement ici a en effet pervers que la plupart des gens ignorent, surtout quand il vient s’ajouter à toutes les autres retenues sociales. C’est particulièrement le cas lorsqu’on est dans la classe moyenne.
Ces personnes ont souvent l’impression de travailler de plus en plus, d’avoir de plus en plus de responsabilités, et qu’il ne leur reste rien de plus au final.
C’est normal. Une augmentation de 400.- qui serait donnée suite à une promotion ne donne au final que 200.- de revenu supplémentaire, avec infiniment plus de soucis.
La bonne nouvelle c’est que ça marche aussi dans l’autre sens. Baisser son taux d’activité de 20% ne signifie pas une perte de 20%, mais plutôt de 10%.
Donc passé un certain stade, on n’a aucun intérêt à travailler plus (quantitativement et qualitativement parlant).
Il est donc important de pouvoir économiser, non seulement pour investir, mais aussi pour parvenir à vivre avec moins de revenu et donc être moins taxé.
Comme le capital est nettement moins taxé que le travail, ce qu’on parvient à placer, compense la perte des revenus issus du travail de manière beaucoup plus efficiente.
Pour moi c’est ça qui est important avant tout : plus de revenus issus du capital et moins du travail. C’est là qu’on peut gagner surtout d’un point de vue fiscal.
Pour ce qui est du choix des actions, c’est plus discutable à mon avis. Beaucoup de gens sont obsédés par le critère fiscal lors d’un investissement et malheureusement cela se fait parfois au détriment du choix judicieux des sociétés dans lesquelles ils investissent.
Pour moi, le critère fiscal est certes à prendre en compte, mais il restera toujours secondaire. Le plus important en effet est la sélection de titres de qualité, pas trop chers et qui paient des dividendes croissants.
Avec de tels placements on arrivera toujours assez rapidement à rattraper le « retard » dû aux impôts. C’est un peu comme le lièvre et la tortue. En effet, grâce aux dividendes croissants, le rendement progresse chaque année. Le rendement courant perd son importance au profit du rendement sur coût d’achat. Par exemple, un rendement de 2.5% qui grimpe de 10% par an vaudra plus de 5% dans 8 ans et plus de 10% dans 15 ans. De quoi faire oublier très facilement la contrainte fiscale.
Dès un horizon de placement de 7-10 ans les dividendes croissants performent mieux que des rendements plus élevés, c’est d’ailleurs le temps de conservation minimum nécessaire lorsqu’on investit en actions. Rechercher à maximiser le rendement (brut ou net) n’est donc pas la meilleure solution. Il est préférable de choisir des titres de qualité, pas trop chers et dont le dividende progresse sur le long terme.
Certes il est possible de trouver des rendements élevés nets, de qualité et pas trop chers (faible ratio de distribution), mais ils sont rares. En se focalisant en premier lieu sur le rendement net, que ce soit pour des critères fiscaux, ou tout simplement par attrait des gros dividendes, on se prive d’un choix énorme. Les titres qui proposent des distributions en capital sont d’ailleurs malheureusement peu nombreux.
J’ai d’ailleurs même des doutes quant à la pérennité et la poursuite de la croissance des dividendes non imposés (sous forme de remboursement de capital).
Je suis d’avis que les dividendes traditionnels ont plus de prévisibilité et de constance. L’avenir nous le dira.
Encore merci pour cette série!
Tu as bien raison, l’aspect fiscal est encore bien plus important pour les revenus du travail que ceux du capital. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’il faut négliger la façon dont nos dividendes sont taxés.
Le message principal de cette série d’articles était de ne pas écarter d’office des titres de qualité à la Zug Estates ou BVZ sous prétexte que le rendement de leur dividende est trop bas. C’est surtout intéressant de constater que l’écart entre un dividende de 2% non taxé et un dividende ordinaire de 3% s’amenuise quand on inclut l’impact fiscal dans l’équation.
Le meilleur des deux mondes c’est évidemment de trouver des titres à la Swiss Life qui allient dividende élevé, non imposé et en plus croissant, le tout avec une action pas trop chère. Malheureusement, ce genre d’actions est une denrée rare.
En résumé on parvient à la même conclusion par des chemins différents: se focaliser sur le rendement induit en erreur car on oublie de facto des critères autres encore plus importants, comme la croissance du dividende, le ratio de distribution, les fondamentaux de la société… Et la fiscalité
Merci pour cette série d’articles très intéressante!
J’ai malgré tout une question : comment est-ce que tu identifies ces actions à dividendes exonérés d’impôts?
Merci David! J’ai présenté une liste dans les commentaires de la partie 2/3. Elle n’est ni exhaustive ni parfaitement actuelle, mais c’est une bonne base pour commencer tes recherches.
Super, merci bien
En tant qu’investisseur habitant en Suisse, si j’achète des actions étrangères à dividendes, suis-je soumis à la double imposition?
Y a-t-il des pays où je n’ai aucun impôt à payer (dividendes ou plus-values) si je possède et vends des actions?
Merci pour vos précisions 😉
Pas de double imposition. En gros, pour le faire simple et de manière générale tu auras une retenue de 15% à la source du pays de l’action et de 15% en CH (par impôt anticipé suisse à annoncer et récupérer lors de la taxation).
En CH tu ne paies jamais d’impôt sur les plus-values (à moins d’être professionnel), peu importe d’où vient l’action.
Sur la bourse londonienne il n’y a aucune retenue sur les dividendes (mais il faudra tout de même annoncer le revenu lors de la taxation – échange automatique d’infos oblige).
Plus d’infos :
https://www.dividendes.ch/forum-2/topic/fiscalite-dividendes/
Merci Jérôme! C’est vrai qu’il y a déjà beaucoup de réponses dans les forums, je vais y aller plus souvent!
Merci Jerome
Est ce que les dividendes script, a savoir on recoit des actions au lieu de cash, sont consideres comme des rendements mobiliere ?
En Suisse, non. En France, évidemment, c’est taxé (mais la société qui le verse peut inscrire un montant moindre que la valeur des actions).