Très souvent, le surplus d'argent des sociétés est mieux dans la poche des actionnaires que dans les caisses des entreprises car ces dernières n'en font pas forcément bon usage. Ceci se traduit par une meilleure performance des titres payeurs de dividendes, en particulier lorsqu'ils sont augmentés sur une base régulière, selon les études de Ned Davis.
Mais l'avantage des dividendes ne s'arrête pas là. Qu'une entreprise performe bien en bourse est certes une bonne chose, mais tout cela est inutile si de l'autre côté l'investisseur ne sait pas gérer ses émotions. Il panique à la moindre chute du cours ou alors il est tout excité après quelques dizaines de pourcentage de hausse.
Nous sommes totalement conditionnés par les prix des actions. Allez sur n'importe quel site financier, c'est le premier élément qui est affiché, en principe dans une police de caractère de grande taille et en gras. Les variations sont indiquées en couleur, rouge quand ça baisse, sous entendu danger, et vert quand ça monte, sous-entendu allez-y, comme dans le code de la route! Il ne faut pas sous-estimer le message conscient ou non que ces stimulis envoient à notre cerveau. Ajoutez encore là-dessus un gros graphique, lui aussi soumis aux mêmes codes de couleur, et il n'en faut pas plus pour devenir totalement obsédé par les cours.
Pourtant tout ceci n'a rien de réel, en tout cas à court terme. La théorie des marchés efficients nous enseigne que les variations des prix de titres suivent une marche au hasard. Je ne suis pas tout à fait en ligne avec cette théorie quand il s'agit d'envisager un investissement sur le long terme, mais à plus brève échéance je partage par contre totalement cet avis. Comme disait Graham "A court terme le marché est une machine à voter, à long terme c'est une machine à peser". Il n'y a guère d'affirmation plus juste en matière d'investissement.
Ceci signifie que se focaliser sur le prix ne sert non seulement à rien, mais surtout cela peut devenir contre-productif, voire dangereux. Les couleurs utilisées pour donner les variations de prix exacerbent nos sentiments de panique ou de cupidité. Nous sommes poussés à vendre lorsque le marché baisse et à acheter lorsqu'il monte. Un comportement de ce type s'apparente à une stratégie dite de momentum. Cela fonctionne sur un horizon à court terme, entre 6 et 12 mois, mais à plus long terme cette approche est très risquée.
Le seul moyen de s'affranchir de cette hégémonie du prix des actions, c'est de se focaliser sur les fondamentaux. Après tout, si le cours baisse mais que le bilan et les revenus de l'entreprise sont toujours sains, il n'y a aucune raison de vendre, bien au contraire! A l'inverse, si le cours monte et que rien n'a changé au sein de l'entreprise, il n'y a pas non plus de quoi s'exciter. Parfois certes, cela signifie que le marché anticipe de bonnes ou mauvaises nouvelles, mais dans ce registre nous sommes encore et toujours dans une optique à court terme, plutôt spéculative, comme avec la stratégie de momentum. Comme disait Warren Buffett, il faut se concentrer sur les chiffres annuels et regarder les tendances sur le long terme.
Tout ceci est bien évidemment plus facile à dire qu'à faire. Quand le marché se pète la gueule, il y a du rouge partout et on en parle même au journal télévisé, de sorte que même Monsieur et Madame Tout le Monde est au courant. Et c'est exactement pareil quand il bat records sur records. Il faudrait vivre en ermite et totalement déconnecté pour pouvoir faire abstraction de l'excitation ambiante.
Comment dès lors rester de marbre? Les fondamentaux des entreprises, leurs bénéfices, le cash flow et les actifs sont bien beaux à lire sur les rapports financiers, mais ils ne sont pas aussi facilement accessibles que le cours des actions et surtout ils sont nettement moins concrets... En tout cas en apparence.
C'est là que nos amis les dividendes viennent nous sauver. Les dividendes sont comme un échantillon des fondamentaux des sociétés. Ils nous rappellent de manière très concrète que l'entreprise continue (ou non) à faire des bénéfices, malgré tout ce qui peut se passer sur le marché. Mieux, s'ils progressent, c'est même le signe que les perspectives futures de l'entreprise sont favorables.
Les dividendes sont encore plus concrets que le cours des actions. Ce sont des espèces sonnantes et trébuchantes qui tombent régulièrement dans votre portefeuille, quoi qu'il se passe autour de vous. Ça, votre cerveau l'enregistre très bien. Il n'y a rien de tel pour vous éviter de paniquer et de jouer au con.
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Très belle ode aux dividendes et (une fois de plus) grande lucidité de ta part!
J’aime avant tout les dividendes parce que:
1. Ils me permettent de recevoir régulièrement un revenu sur mes placements sans avoir pour cela à me séparer de mes titres (la métaphore de la poule qui continue de me donner des œufs si je ne la mange pas).
2. Ils sont beaucoup plus stables, réguliers, prévisibles que l’évolution des cours de la bourse ou des bénéfices des entreprises.
3. Ils augmentent en moyenne plus rapidement que l’inflation ou que mon salaire.
Merci frérot.
Oui beaucoup plus vite et plus régulièrement que le salaire, avec nettement moins d’efforts!!!
Bonjour Jérôme
Très bel article d’actualité auquel j’adhère totalement. Cela me rappelle la parabole selon laquelle un promeneur qui se ballade avec son chien tenu en laisse qui zig zag mais qui le suit en final peut être comparé au cours (le chien) et le promeneur (valeur intrinsèque de la société).
Warren Buffet dit et le démontre depuis plus de 50 ans que le cours en final (à quelques mois ou années près il est vrai…) suit toujours la valeur comptable ou intrinsèque de la valeur.
Cela est très rassurant dans les moments troublés et permet de se concentrer surtout sur le fait d’avoir et s’accrocher aux bonnes sociétés. Le savoir faire et la difficulté reste bien la sélection de l’action aux bon fondamentaux.
Cette affirmation et le parcours de BRK me permet d’avoir un peu de sérénité dans un monde incertain et très volatile et d’oublier un peu les fluctuations permanentes.
amicalemet
Antonio
Merci Antonio.
Très belle image que ce chien qui zigzague!
L’important, et c’est le plus dur, c’est de garder le cap, malgré vents et marées!